Les semaines passent trop vite.
Déjà un mois depuis mon dernier post, je n’ai rien vu passer !

Petit rewind sur Niagara donc.
Si vous passez dans le coin de Toronto, Niagara Falls est un passage obligé.

Cela a beau être hyper connu, touristique, mais la claque vous vous la prendrez de toute manière.

Le bon côté de la chose, c’est que même si vous y allez hors saison, ou si vous ne voulez pas prendre le ferry Maid of the Mist, vous pouvez tout à fait profiter des chutes. Toute la bordure de ces dernières est accessible librement, et vous pouvez ainsi les longer comme bon vous semble.

Les chutes sont belles, impressionnantes, mais elles le deviennent encore plus lorsque l’on se retrouve juste au-dessus d’elles. Là on se rend compte de toute la masse d’eau en mouvement, qui prend de la vitesse juste avant de chuter avec fracas. C’est assez hypnotisant, car on est au final vraiment proche des chutes. On peut vraiment apprécier le flot continu des courants, en amont du précipice fatal.

Ensuite pour les plus foufous, il ne faut pas hésiter à faire le Maid of the Mist.
Contre 20 ridicules dollars, vous pouvez monter à bord d’un des bateaux qui s’approchent au plus près des chutes.

Avant d’y monter, on vous offre une veste en plastique pour vous protéger des projections d’eau. Le truc encore super simple à enfiler, avec le vent qui complique vraiment les choses !

Un bateau arrive à quai.
Tous les chanceux descendent de bord, trempés jusqu’aux os, mais le sourire aux lèvres.
A notre tour !

On commence par passer devant les chutes américaines, une bonne petite mise en bouche, mais le meilleur reste à venir. Les « vrais » chutes sont côté canadien. Celles en arc de cercle, celles où mère nature a décidé de crée un monde à part, où l’élément liquide se déchaine.

On s’approche doucement et la magie commence. Le plan d’eau abrite un nombre vraiment important d’oiseaux, qui volent dans toutes les directions. En bande sonore vous avez donc le bruit des chutes et des oiseaux. Mais le top reste la vraie arrivée sur les chutes.

Car au départ, la vue est bouchée par une falaise aux pierres sombres. Mais doucement, le bateau dérive sur la droite, et la falaise disparait au fur et à mesure, comme un rideau au théâtre. La pièce peut commencer.

Vous êtes enfin en face des chutes, et cela m’a fait un peu la même impression qu’une scène du film Jurassic Park. Celle du début, où l’hélicoptère arrive sur l’île. Où ce dernier parait si ridicule fasse à l’immensité des montagnes, des forêts. Où l’on prend vraiment mesure de l’immensité des lieux.

Là c’était un peu la même chose. On a ce mur d’eau devant soi qui s’écroule avec fracas, et on est juste ébahi par la puissance de la chose. La scène et la place sont juste surréalistes.

Les projections d’eaux immenses qui vous tombent dessus, le vent qui n’arrange rien, le bruit énorme, et vous au milieu de tout cela. Le bateau avance doucement mais au final s’approche franchement près. Peut-être 150/200 mètres, juste à la limite de la grosse zone de remous où l’eau est à l’état de mousse.

Un fait amusant est que près des chutes il se trouve toujours un arc en ciel, dès la présence d’un rayon de soleil. Visible depuis les berges, et visible d’encore plus près durant la navigation !

Voici pour le côté rêve enchanteur de Niagara Falls. Passons maintenant au côté off du lieu, à savoir la ville en elle-même. Qui est plus un Disneyland du pauvre qu’autre chose !

Le contraste est assez saisissant. D’un côté vous avez une merveille de la nature, et à quelques mètres de là, un centre-ville foire du village, où l’esprit beauf se retrouve à chaque devanture de magasin.

Too much. Vraiment too much. Pas une once de finesse. On est là pour attirer les familles et les mecs qui s’affichent fièrement avec un t-shirt Johnny Hallyday. Avec l’écriture qui brille.

Débranchez vos cerveaux, sortez le porte-monnaie.
En bref, des mini golfs, des maisons hantées, des salles de jeux, un musé Guinness World Records, une grande roue…des cracheurs de feu et des dresseurs de tigres ! Bon là il se peut que j’exagère un peu.

C’est marrant à voir. C’est sympa pour délirer entre potes.
Mais comme Disneyland, pour moi cela sonne très vite creux et horriblement faux.

De plus avoir cela si proche des chutes, c’est quand même une belle aberration. Comme un furoncle sur le rebondi postérieur de Megan Fox.

Cela n’existe pas.
Ne dois pas exister.
Jamais.

Une longue semaine et demie plus tard, me voici à Montréal pour prendre mon bus direction Banff. Après un dernier coup de flip en s’arrêtant une station de métro trop tôt, en étant plus super sûr du nom de la station où je devais m’arrêter pour arriver au dépôt de bus. Une chance que je n’ai pas de smartphone, ça me priverait de tellement de montées d’adrénaline. Cette absence de technologie c’est un peu le wasabi qui vient relever le moindre de vos déplacement. Ca ne pardonne pas par moment, mais cela crée des souvenirs.

Et le truc bête dans le métro Montréalais, c’est que le ticket de base n’est valable que pour une direction (si vous faite un trajet nord/sud vous ne pouvez pas faire l’inverse avec le même ticket). Et si vous sortez du métro, vous ne pouvez pas rentrer dans la foulée. Donc moi j’aurais dû repayer un titre de transport vu que j’étais sorti du réseau. Repayer pour une station. C’est cela, oui…

Au niveau des barrières d’entrées, je me rends donc au guichet.
Je savais que j’étais en tort, donc je ne voyais qu’une solution. Utiliser la méthode papounet.

Cette méthode ancestrale que l’on se transmet de père en fils consiste à jouer l’ignorant. Sur un malentendu, on ne sait jamais ça peut marcher…Le mien avait pour habitude d’utiliser cette technique lors de contrôles routiers. Bon mon utilisation reste dans le domaine des transports. J’ai bon ?

Je joue donc au mec qui découvre les grandes villes, qui ne savait pas, que oui je ferais attention la prochaine fois, et que ci, et que ça, et que…et que ça marche. « Non mais ne vous inquiétez pas monsieur, je vais vous laisser rentrer, j’ai du cœur ». $3 de sauvés plus tard, me voici enfin au dépôt Greyhound.

Le trajet, bien que rallongé de quelques heures vu que je partais de Montréal et non de Toronto, m’a paru un peu moins long qu’à l’aller. D’une, comme toute chose, une fois que l’on l’a déjà faite, il est plus simple d’avoir des repères et de savoir que cela va se terminer un jour. De deux, je n’avais pas cette pression de devoir arriver en heure et en temps, au contraire de l’aller où je devais prendre un avion deux jours après mon arrivée pour New York.

J’ai pu faire le même constat qu’à l’aller. L’Ontario est très sympa à traverser, avec des grands lacs, des grandes forêts. A la différence de Manitoba et Saskatchewan, qui sont deux provinces vraiment pauvres (géographiquement parlant), avec des bleds délabrés. Les petits bleds de BC comme par exemple Keremeos sont tout aussi petits mais font quand même plus accueillants. Après évidemment je ne jette pas ces deux provinces à la poubelle, je parle juste des coins où le bus passait. Donc un faible pourcentage de leurs territoires.

Les jours et les nuits passent, on entre enfin en Alberta.
Mais pas encore dans « mon » Alberta.

L’horizon si plat des alentours de Calgary n’est vraiment pas des plus sexy.

Cette ville est entourée de plateaux qui rendent le paysage vraiment fade. C’est un peu la Belgique de l’Alberta. Alors après avoir connu Banff vous comprendrez que j’ai toujours eu un peu de mal à apprécier Calgary…

Mais bref, il est 6h du matin, c’est mon dernier changement.
Deux heures à attendre, et on repartira pour une dernière heure de trajet.

Niveau excitation du fait de retrouver Banff, c’était un peu quelconque pour être honnête.
Même si j’ai aimé le coin c’était un peu bizarre de revenir dans ces conditions.

Mais cela a très vite changé.

Notre bus part enfin de Calgary, direction l’ouest.
Et après une dizaine de minutes, les plats paysages qui nous entourent changent au niveau de la ligne d’horizon.

Au loin, les Rocheuses Canadiennes pointent le bout de leur nez, et occupent très vite tout l’horizon. Quand je dis tout, c’est tout. C’est assez impressionnant, or que l’on était encore loin de les atteindre.

Même si elles prennent tout l’horizon, elles apparaissent encore assez petites. Mais chaque kilomètre de plus, et ces rochers que l’on devine, deviennent des montagnes monumentales. Une barrière naturelle, où le bus et la route deviennent de plus en plus minuscules devant ces temples millénaires qui nous snobent. Non. Qui ne nous snobent même pas. Qui ne portent même pas attention à nous. Qui ne savent même pas que l’on existe. Ridicules petites comètes que nous sommes.

Donc vous l’aurez compris, à partir de là, mon excitation a monté d’un cran. Se dire que l’on a vécu au centre de ce spectacle, que l’on va vivre encore quelques temps dans une petite ville au beau milieu de ces Rocheuses, cela me faisais tourner la tête. De souvenirs, d’envies,…de bien-être tout simplement. Chaque kilomètre avalé me rapprochait de « mon » Alberta.

Premiers pas sur Banff depuis un mois, mon regard se tourne inévitablement sur les montagnes.
Le mont Rundle, le mont Cascade, Norquay, Sulphur…toute la fine équipe est toujours là, à son poste.

Soleil, température très chaude, l’arrivée était assez déstabilisante.

En fait tout l’était plus ou moins. Car il est étrange de reconnaitre un lieu, et d’observer en même temps tellement de changements.

La patinoire du centre-ville qui est devenue un simple espace vert pour pratiquer du sport.
Les cours d’eau et rivières qui sont maintenant totalement dégelés. Le soleil et la brise d’été qui change le parfum de la ville.

Plus tard, je profite du beau temps pour aller bouquiner sur le bord de la rivière Bow. Je croise marcheurs, cyclistes, des sorties en famille, pique-niques sur les pelouses adjacentes, parties de frisbee improvisés. Il y fait bon vivre dans ce petit coin de paradis.

J’en profite aussi pour recroiser les amis toujours présents.
Et comme c’est agréable de revoir des têtes connues, et de s’apercevoir qu’un mois n’a rien changé entre vous.

Je retrouve aussi mon hostel, le Banff International Hostel.
L’immense plaque de givre entre le lobby et les chambres a enfin fondu.

Trouver une chambre juste pour un mois relève un peu de l’impossible ici. C’est de plus toujours aussi exorbitant. Et quand bien même j’aurais trouvé quelque chose, avant de m’installer j’aurais dû payer rent + deposit, donc facile $1000 à sortir d’un coup. Une somme que j’étais loin d’avoir !

Donc pour du court terme, une auberge reste ce qu’il y a de plus simple.
J’ai tenu deux mois dans le passé, je pourrais donc en tenir un de plus.

Retrouver mes collègues chez Tim Hortons fut aussi une chose bien agréable. On peut toujours autant déconner avec les piliers de la team. Ainsi qu’avec les personnes de passages comme moi que j’avais connu avant que je parte. Mais ce qui me fait vraiment plaisir, c’est que même les tous nouveaux, qui commençaient le jour de mon retour, rentrent très vite dans le moule. Moi direct je les détends en blaguant avec eux, pour enlever un peu de leur stress. Ce qui m’avait aussi bien aidé durant mes premiers jours. Le boulot a beau être dur par moment, on peut toujours bien déconner, et cela rend les journées de boulots bien plus sympas.

Ainsi cela n’a beau ne pas être le boulot de mes rêves, c’est bien cet aspect qui va me manquer.
Je ne pense pas que tous les Tim Hortons soient dans le même mood.
J’envie donc tous ceux qui restent dans celui-ci !

Mais on en arrive au nœud du problème, à la question éternelle, le choix.

Rester dans une super team mais rester à servir des cafés ?
Rentrer en France et monter une super colloc sur Paris avec un pote, mais ne plus pouvoir voyager ?
Rester au Canada un an de plus, mais devoir rester avec le même employeur durant cette année, et donc ne pas bouger ?
Etre raisonnable, penser à sa carrière, et ne plus bouger de France ?
Ecouter ses envies, et continuer à parcourir le globe ?

La vie est flippante, car vous avez un total contrôle. Bien plus que dans n’importe quelle simulation de jeu vidéo. Vous devez faire des choix. Au quotidien, chaque minute, chaque mois, chaque année. Choisir de ne pas choisir, c’est encore faire un choix. Sartre le disait très bien : « nous sommes condamnés à être libre ».

Crossover de l’impossible, cela me fait penser à une interview de James Hetfield, chanteur/guitariste de Metallica. Je n’ai plus la phrase exacte, mais qui disait en substance : « je me droguais régulièrement durant une partie de ma vie. Pour être stone, pour fuir les problèmes, pour vivre l’aventure et l’excitation au quotidien. Mais un jour j’ai réalisé que la plus grande aventure, c’est de ne pas être drogué, et de devoir faire face à tous les problèmes et à tous les choix que la vie vous impose. Ne pas les éviter en se droguant. Ça c’est un vrai challenge, et une vraie source d’excitation ! ».

Je n’arrêterais donc pas de me questionner, de retourner le problème, de n’être jamais sûr, mais ceci est notre croix personnelle à tous. Je dois vivre avec. Et vivrais avec.

A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait tout pile un an que je suis arrivé au Canada.

Les derniers mois sont vraiment passés très vite. Des rencontres, des paysages uniques, une immersion dans une langue étrangère, des aventures, des prises de risques, etc…

Tout pvtiste sera je pense toujours un peu frustré, aurait toujours voulu avoir fait plus. Mais réaliser toutes ses envies en un an est chose impossible. Du moins pour les pvtistes globetrotter. Le parcours parfait n’existe pas. Et si l’on regarde tous honnêtement dans le rétro, on ne peut qu’être fier de tous ce que l’on a accompli. Fier d’avoir sauté le pas, d’avoir mis les pieds dans l’inconnu. De s’être rendu quelque part où personne ne vous attendez et où vous aviez tout à prouver.

Ce fut une année riche, que je ne regrette absolument pas. Il est si bon de vivre des aventures comme celles-là, où vous êtes livré à vous-même. Malgré les difficultés, vous sentez que vous touchez au vrai. Vous sentez que vous accomplissez quelque chose.

Avoir un CDI est à la fois une sécurité et un boulet au pied. Trop de confort vous bride de tellement de choses. De bonnes choses. Cela peut vous enfermer dans une bulle, une immense bulle collective, dans laquelle je ne me sentais pas à ma place. Partir c’est perdre en sécurité ce que l’on gagne en richesse intérieure.

Je vous fais bien entendu de la philosophie de comptoir. Je n’ai aucune prétention à ce sujet. Ni aucune arrogance sur le fait que partir vous ouvre l’esprit, que vous trouvez les clefs de tous vos problèmes et que vous gagnez une paix intérieure. C’est totalement faux. Comme explicité plus haut, vous aurez toujours autant de questions !

Mais ce qui est vrai par contre, c’est que si on ressent le besoin de voir autre chose, même une toute petite envie qu’on a du mal à s’avouer, le meilleur remède est de foncer. Ca ne résout pas tout mais on ressent très vite que c’était le bon choix. Si on a la tête ailleurs ça ne sert à rien de lutter contre…

Bon après tant de paroles dans le vent, je vais peut-être redescendre à quelque chose de plus trivial !
J’ai réservé mon billet d’avion retour, qui sera donc le 28 aout. Avant cela, je pars durant l’été aux US.

Je passe sur Vancouver le 18 juin, ensuite le 20 je prends le bus pour Seattle, puis Portland et enfin San Francisco, où je compte travailler quelques heures bénévolement dans un hostel pour ne pas payer mes nuits. Sachant que le plus cher en voyage, ce sont les trajets, il est bon de rester quelques semaines au même endroit.

Ensuite on verra !
Los Angeles, Las Vegas, le Grand Canyon, j’improviserais sur le moment.
Selon mes envies, mes rencontres et mes possibilités.

Car mon budget sera vraiment limité. Il aurait été encore plus sympa d’essayer de trouver quelqu’un sur Vancouver ou Seattle pour faire la côte US ensemble, voire d’acheter une voiture en commun. Mais je n’ai pas vraiment les moyens d’attendre la bonne rencontre. Payer plusieurs semaines un hostel n’est pas dans mes possibilités, je vais donc voyager autrement. Par moi-même et on verra ce qu’il se passe !

Ce trip aux US est comme une extension de mon PVT. Je ne ressens donc pas trop de vide à l’approche de la date fatidique du 14 juin qui marque la fin de mon visa. Vide que j’ai pu ressentir il y a plusieurs mois. Je m’attends à un violent contre choc le 28 aout. On verra bien !