Skier à Banff n’est pas une chose des plus simples.
Car cela est très onéreux !

Pour un ski pass saison il faut compter dans les $700. Pour un pass d’une journée ça tourne autour de $80. Il était donc hors de question que je claque $80 à chaque journée de ski !

Les boulots qui vous offrent des ski pass se comptent sur les doigts d’une main, et sont donc très recherchés. Le saint graal étant de trouver un taf directement dans une station de ski.

La plus courue est Sunshine Village (20 minutes en voiture).
A chaque nouveau poste disponible chez eux je les inondais d’emails. Sans vraiment de succès, jusqu’à début février.

Je m’étais donné jusqu’à fin janvier pour trouver un autre boulot, et évidemment j’ai reçu des propositions intéressantes après cette limite !

Fin janvier, car comme cela j’aurais pu commencer en février pour bosser jusqu’en mars. Cela m’aurait fait 2 mois pleins. Car si j’aurais signé quelque chose la première semaine de février, je n’aurais pu quitter mon job à Tim Hortons peut être qu’une semaine plus tard. Donc tout changer juste pour un mois et demie je trouvais cela un peu bête.

Mais la raison principale est que je me voyais mal mentir à mon futur employeur sur la durée que je comptais rester. Ils recherchent tous du monde jusqu’à la fin de la saison, en mai. Donc pour 2 mois pleins ça ne m’aurais pas trop gêné, pour un mois et demie, le temps que je prenne vraiment mes marques, on peut dire que j’aurais été « rentable » que durant un mois. Cela me dérangeait un peu d’un point de vue éthique. Trop bon trop con, peut-être.

On m’a donc proposé début février un boulot de cashier dans un petit snack à Sunshine Village.
Ce fut horriblement dur de refuser ! Car désolé d’insister, mais Sunshine ici c’est vraiment la Mecque des stations du coin. Ceux qui y bossent sont un peu perçus comme « les élus » ! C’est une sorte de gang de motards lorsqu’ils se baladent en groupe en ville, avec leurs grosses vestes d’hiver bleu à l’effigie de la station.

Ensuite le lendemain je reçois une proposition pour être serveur dans un hôtel à Lake Louise.
Bon là ce fut plus simple de refuser. A Lake Louise on est vraiment coupé du monde, avec rien à faire autour que du ski. Comme je l’ai déjà dit ici, le village de Lake Louise se résume à une épicerie, 2 cafés et un office de tourisme.

Je n’aurais pas eu de boulot, j’aurais sauté dessus, mais maintenant que je suis bien installé à Banff, dur d’aller s’enfermer à Lake Louise. Je refuse donc encore une fois poliment, avec regrets encore car être serveur m’aurait bien plu. C’est un des trucs que je n’ai pas encore fait !

J’ai donc pris mon temps pour tâter de la poudreuse, car j’attendais le bon plan.
Il est venu du site de petite annonce Kijiji.

En effet de temps à autre, on peut y trouver quelques annonces de personnes vendant leur ski pass. Mais c’est genre une offre par semaine, et il faut donc voir l’annonce dans les premiers si on veut avoir la chance de faire affaire.

J’ai laissé pas mal trainer, car il aurait été bête de payer pour un ski pass et de dégoter par la suite un boulot qui vous l’offre. Une fois que j’étais sûr de rester à Tim Hortons, j’ai mis quelques semaines à trouver une bonne offre. $350 pour un ski pass all week à Lake Louise, prix d’origine $700.

Il restait encore une contrainte, c’est que ces ski pass, ce sont des badges avec une photo d’identité dessus. Donc j’ai bien spécifié au vendeur qu’avant de lui donner l’argent, je voulais tester d’entrer une fois dans la station avec. Même si c’est assez courant comme « petite affaire » ici, et qu’avec bonnet et lunette il est évidemment compliqué de juger de la personne, je ne voulais tout de même pas risquer de foutre $350 en l’air.

Mais je n’ai eu aucun souci pour rentrer ! Avec le recul c’est surement dû au fait que ce soit Lake Louise et non Sunshine. A cette dernière, on contrôle votre pass une seule fois, à l’entrée, et après vous avez un accès sans restriction à toute la station. Les types à l’accueil font donc un réel contrôle.

A Lake Louise, ce sont des employés qui bip votre pass avec un appareil à chaque remonté mécanique. Alors évidemment vu le flot de personnes qui passent, il est impossible pour eux de vérifier si chaque skieur est bien le titulaire du pass. Ils se contentent de biper à la chaine. Tant mieux pour moi !

Deuxième étape avant de skier, je n’avais pas envie non plus de louer mon matériel à chaque journée de ski. J’ai donc chiné dans les magasins d’occasion. J’ai pu y trouver des chaussures de ski en assez bon état pour $35. Ensuite j’ai longtemps hésité entre 3 pairs de ski. Une à $80, l’autre à $100 et la dernière à $150. Difficile pour moi de juger du bon état de chaque pair. S’il y a une telle différence de prix c’est qu’il doit bien avoir une raison, je me décide de jouer la sécurité et de prendre celle à $150. Il y en avait aussi à $200/250 mais là faut quand même pas déconner pour de l’occasion !

Dernière étape, régler la fixation de mes skis. Le magasin d’occasion n’y connait rien dans ce domaine, je me rends donc dans un magasin spécialisé. Je joue là encore la sécurité. Je me suis renseigné sur des sites internet qui expliquent comment le faire sois même, mais ça reste toujours un peu aléatoire comme démarche…

Vu que je n’avais pas vraiment envie de risquer une blessure, direction les professionnels. Le gérant me dit pas de soucis, pour $20 il peut me faire cela. Après examen de mes skis, la facture passe à $50. Les fixations ne seraient pas adaptées pour mes chaussures, ils doivent les modifier. Bon ba pas vraiment le choix ! J’aurais fait une moins bonne affaire avec les skis qu’avec mes chaussures. On va dire que j’ai fait acte d’éco-citoyenneté, en réutilisant du matériel existant au lieu d’en acheter du neuf…

Pour mon premier jour de ski, je donne rendez-vous à 11h au vendeur. Durant le trajet de bus qui m’amène à Lake Louise, je me rends compte que j’ai tout apporté (ski, chaussures, eau, crème solaire, …), mais que j’ai oublié mes lunettes achetées une misère d’occasion. Pas de lunette, pas de ski. La frustration était grande.

Arrivé sur place, et une fois la transaction finie, je ne peux clairement pas repartir comme cela la fleur au fusil. Depuis novembre dernier où je voyais des gens sortir avec leurs skis sur Vancouver, je rongeais mon frein. Depuis mon arrivé sur Banff, idem, la tentation était omniprésente mais j’ai résisté.

Mais là la tentation était beaucoup trop grande ! J’avais en face de moi une vue de ouf, avec une station de ski à quelques pas, où j’avais une utilisation illimitée. Et je devrais me priver de cela juste pour une connerie de lunette oubliée ?? C’en était trop.

Je rentre dans un magasin spécialisé au bord de la station, et prie pour trouver une paire de lunette abordable. Aussi abordable qu’une demoiselle passé minuit.

J’en trouve une à $35. Ça reste éminemment plus cher que les $8 que j’ai sortis pour payer les autres. Mais tout skieur comprendra que l’appel de la piste à une force d’attraction beaucoup trop forte. Peut-être aussi forte qu’un 95B.

Je sors de la boutique, étudie un plan de la station en 2/2, et saute sur la première remonté mécanique qui me tombe sous la main. Aaaah la première montée de la saison. Durant ces 8 minutes de trajet je suis aussi excité que la première fois où j’ai effectué une telle monté, à Chamrousse. Il y a de cela tout juste 2 ans.

L’arrivée là-haut est toujours aussi magique. Je ne suis qu’à mi-hauteur, ce sera encore plus impressionnant lorsque je me rendrais plus tard vraiment au sommet de la montagne.

La première descente, ce n’est évidemment pas la plus jouissive. Je retrouve mes sensations, pas de soucis. Mais impossible de se lâcher complètement. Après tant de mois sans skier j’ai besoin de vraiment « ressentir la neige », de la tester. Et vu que mon matos était de l’occasion j’avais une confiance moyenne. Qui au final n’avait pas lieu d’être 🙂

La deuxième descente fut plus sympa. La troisième juste énorme, en total confiance, freinages, virages, prises de vitesse. Le plaisir est toujours aussi grand. Cette sensation de skier d’une traite, d’avoir géré tous les passages compliqués. Une fluidité d’ensemble, une fluidité d’exécution. C’est vraiment cela en fait mon kiffe en skiant. Faire un run sans accros, propre. C’est un peu comme voler au-dessus des flocons, être en apnée durant 10 minutes avec la sensation que rien ne peut vous arrêter. La liberté, en somme.

Le lendemain j’étais off, donc redirection Lake Louise !
C’est 40 minutes de bus.

Alors je ne vous explique pas la séance de roupillon collective lors du trajet retour.
Bref !

Ce jour-là je me décide à monter vraiment au sommet de la montagne. La vue y est totalement dégagée, sur un massif montagneux vraiment imposant. Et le petit plus c’est que l’on peut apercevoir Lake Louise. Je parle du lac. Il parait si grand sur place, mais d’ici il n’est rien d’autre qu’un petit cube glacé, totalement insignifiant au milieu de ce massif.

La vue est jolie mais par contre qu’est-ce qu’il fait froid là-haut. Vu qu’il peut faire -15° en bas, on doit facile descendre à moins de 20° et même beaucoup plus bas. Un jour, mauvaise idée, je m’y rends or que le temps est vraiment mauvais. Gros nuages, vent glacial comme je n’en avais jamais ressenti.

Mon visage est la seule partie non couverte et il prend super cher. Je décide de descendre le plus vite possible, sauf que durant toute la première moitié du chemin je ne voyais rien à plus de 2 mètres !

Arrivé en bas, petite pause dans un café. Et aux wc, je remarque dans la glace que mon visage est totalement rouge. Je me dis merde, comment j’ai pu attraper un coup de soleil, je me suis protégé !

Et en fait il n’en était rien, je n’avais plus aucune trace en fin de journée, je m’étais donc juste pris un sacré vent glacé sur la tronche.

Petit point logement, pour mon dernier mois sur Banff, j’ai finalement quitté mon auberge pour une collocation. J’avais cherché durant des semaines et des semaines à mon arrivée, mais je ne trouvais rien de vraiment intéressant. Les loyers étaient quasiment aussi élevés que ce que je payais au mois à l’auberge (autour de $650). D’autre part, c’est super usant comme démarche, car il y a beaucoup de monde qui sont en recherche de logement. Il faut donc passer sa journée devant son ordi et violer la touche F5 tous les 5 minutes, sinon vous pouvez dire bye bye. Sur le site Kijiji, sur chaque annonce vous avez un compteur des visites. Et pour une nouvelle annonce, au bout de 10 minutes de parution, vous pouvez déjà dénombrer 50 visites. Au bout de 30 minutes 500. Autant dire que vous pouvez faire une croix dessus…

J’ai réussi à obtenir une visite pour une chambre qu’offrait un couple marié avec un enfant. Mais c’était un peu loin du downtown, et à vrai dire je n’ai pas eu un gros feeling avec la maitresse de maison. Elle devait me rendre une réponse 2 jours après car elle avait encore du monde à rencontrer, mais je n’ai reçu aucune nouvelle. Quelques jours plus tard elle a reposté une annonce, mais là elle recherchait un couple. Elle a un peu de mal à savoir ce qu’elle veut.

Donc après 1 mois j’ai un peu lâché l’affaire. D’une mon séjour sur Banff est de courte durée donc ma situation était supportable. De deux, vivre dans une auberge a ses contraintes, mais a aussi pleins de côtés sympas. Chaque jour, chaque semaine est différente, en fonction des arrivées et des départs dans votre chambre. De plus on était une petite dizaine de saisonniers à loger à l’auberge. On se connaissait tous plus ou moins et vous avez donc toujours quelqu’un pour papoter en général lorsque vous vous préparez à manger dans la cuisine commune !

Les premières semaines j’ai pas mal bougé de chambres, croisé pas mal de personnes. Mon mois de février fut plus tranquille, dans le sens où j’étais dans une chambre de 4, avec 2 australiens qui étaient saisonniers comme moi. Ils étaient vraiment sympas et ouverts, c’était cool de côtoyer des australiens d’aussi près. L’un était plutôt facile à comprendre. L’autre avait une tendance à parler un peu vite, mais dans l’ensemble ça roulait, j’ai entendu bien pire accent pour des australiens !

Au milieu du mois de février j’ai encore plus vécu à l’heure australienne, car un nouveau australien est venu occuper le quatrième et dernier lit. Lui c’est vraiment une crème. Un extérieur si rough, un intérieur si doux ! Il a un peu le visage usé du personnage principal de Crocodile Dundee, a une bonne corpulence, mais c’est un type vraiment calme, posé, et toujours d’entrain pour faire la fête. Et qui après chaque soirée trop arrosée, vous prend toutes les 5 minutes dans ses bras et vous sort « you’re a nice guy, i love you man ».

Pour ma dernière semaine, mes 2 australiens quittent la chambre pour une colloc, et je me retrouve avec…une australienne ! De toute façon à Banff c’est simple, si vous rencontrez quelqu’un dans la rue vous avez une chance sur trois pour qu’il soit australien ! Et je dirais une chance sur cinq pour qu’il soit québécois.

Puis fin février, ma compatriote Anne C m’informe qu’il y a une place dans sa colocation pour mars. Le loyer de $450 me convient parfaitement, ça me permettra de mettre un peu de côté en prévision de mon départ pour Toronto en avril. La seule chose chiante c’est qu’il y avait un deposit de $450. Je vais le retrouver à la fin du mois mais en attendant je ne roule pas sur l’or. Encore une chance que ma paye tombe tous les 15 jours…

C’est une colloc sympa, avec une japonaise et deux australiens.
Ma chambre est aussi grande que celle que j’avais en auberge, sauf que là il n’y a qu’un lit et c’est tout pour moi ! Je suis sur Marten street, pas très loin du croisement avec Rabbit street. Et donc qu’à quelques centaines de mètres de mon ancienne auberge.

Outre le ski, le côté cool sur Banff c’est que vous avez des hot springs, ou sources chaudes.
Ce n’est qu’à une dizaine de minutes en bus du downtow. Vous n’êtes pas dans une piscine naturelle hein, c’est juste une piscine standard, à l’air libre, qui utilise les sources d’eaux chaudes proches.

Quand je m’y suis rendu, c’était le soir, à une période où il faisait encore bien bien froid, pas comme maintenant. Alors une fois sorti de la douche, les quelques mètres que vous devez faire jusqu’à la piscine vous paraissent bien trop longs ! L’atmosphère est assez onirique, renforcée par le fait qu’il neigeait ce soir-là. Le temps s’arrête et on entre dans une bulle de chaleur envoutante.

Le contraste est bien entendu au rendez-vous. Une eau à 39°, un air extérieur dans les -10°. Vous alternez donc les moments où vous êtes totalement immergé, aux moments où vous vous asseyez pour sortir votre buste hors de l’eau quelques instants, histoire de baisser votre température. C’est un peu ambiance sauna, avec eau en bouteille à disposition, tellement vous vous déshydrater.

Le côté marrant c’est aussi que vos cheveux mouillés sont gelés en quelques instants. C’est une sensation étrange de passer votre main dans vos cheveux et de ressentir que c’est plus de la glace qu’autre chose ! C’est en tout cas un passage obligé sur Banff 🙂

Ce billet a pris du retard, le prochain très vite pour expliquer une grosse mésaventure qui m’a obligé à faire un aller-retour Banff/Vancouver en 2 jours. Donc 24h de route…en 48h.