Après cette journée à parcourir Bugis street et ses environs, je me retourne vers l’appartement de Marc.
Le temps encore une fois de me doucher avant de le suivre en ville.

Nous nous rendons, lui et sa dulcinée, à Lau Pa Sat, également connu sous le nom de Telok Ayer Market.
Situé au coeur du downtown, ce bâtiment abrite des magasins le jour, et, à la nuit tombée, devient un immense centre de restauration.

Construit durant le XIXe siècle, Lau Pa Sat a connu une histoire des plus mouvementée.
Originellement marché aux poissons, sa fonction se transformera au fur et à mesure de ses délocalisations et de ses reconstructions successives. 
Son architecture unique en forme d’octogone et son style victorien en a fait un monument national de Singapour en l’année 1973.

A notre arrivée, l’intérieur est déjà noir de monde.
Nous nous installerons alors sur une des tables présente sur la rue adjacente.

L’ambiance ici est vraiment toute particulière.
Il fait sombre, mais le lieu est bruyant. La rue entière est jonchée de food stalls, tous avec des barbecues qui laissent diffuser de larges fumées blanches dans tout l’environnement. Les employés s’activent sur les grills, inlassablement. De toutes les cultures, ils vous proposent des plats plus succulents les uns que les autres.

Je me dirige pour ma part sur des brochettes de fruits de mer et de viandes, le tout cuit sur feu.
Cela va sans dire, je n’en ai pas laissé une miette ! Ce chaos organisé, où on travail à la lampe torche avec 2 planches et un bout de ficelle est pour sûr un passage obligé si vous passez sur Singapour.

Attablé avec moi, des amis de Marc que je n’avais pas encore rencontré.
Beaucoup de français, dont un qui a amené sa copine italienne.

Ces derniers occupent tous de très bons postes. Ils vivent loin de l’hexagone, dans leur bulle. Profitant de leur bonne situation et du cadre si agréable de Singapour que je découvre.

Bien que sympas, une certaine suffisance se dégage de leurs propos.
Ils se montrent en effet tous envieux de mon voyage, mais lorsque je leur répond qu’après mon aventure, n’ayant pas de plan particulier, je compte rentrer en France, j’ai droit à une levée de boucliers secondée par quelques rictus. Isolés dans leur tour d’ivoire, la France est pour eux victime de tous les maux, sans avenir, où ainsi ils ne souhaitent y remettre les pieds sous aucun prétexte.

Ce dédain de certains de nos compatriotes envers notre pays me gênera toujours assez.
J’ai déjà rencontré ce genre de comportements au Canada ou en Australie. La seule différence ici, c’est que je n’ai pas affaire à des backpackers sans le sou, mais à des gens aisés et éduqués.

Mes prochaines destinations, comme la Thaïlande, sont l’occasion pour tout le monde de partager leurs histoires dans la région durant leurs vacances, toutes plus trash les unes que les autres. Je suis prévenu, Phuket, c’est le monde du vice !

Une fois tous repus, quelques courageux continuerons la soirée, dont ma petite personne.
Direction un bar quelques pâtés de maisons plus loin.

Sur la rue attenante au bar, une table de beer pong est installée.
Me voici ainsi à jouer à ce jeu de boisson, dans la nuit chaude et moite de Singapour.
Random, what can I say ?

Douceur de vivre, encore une fois.
Je suis pris par cette ambiance simple et légère. Je peux comprendre maintenant pourquoi on peut se plaire à Singapour. Ses nuits peuvent être aussi folles et animées que dans une ville occidentale. Mais le climat fait, ainsi que la culture, que l’atmosphère est beaucoup plus détendu. Tous les gens que je croise aiment vivre ici. Cela se ressent, se reflète, ce qui renforce encore un peu plus ce sentiment de bien être. Après quelques derniers coups dans un dernier bar, nous finirons par rentrer.

Le matin suivant, le dimanche 20 novembre 2016, signe ma dernière journée sur Singapour.
Mon bus pour Melaka en Malaisie est pour le lundi suivant. C’est partie donc pour une dernière journée de découvertes dans cette ville-état !

Elle commencera plutôt bien.
La copine de Marc ayant ramené des douceurs indiennes pour le petit-déjeuner.

C’est assez déroutant, le salé domine. Les couleurs et les saveurs vous explosent assez en bouche. Mais c’était fort bon ! A la plus grande satisfaction de l’indienne de la maison.

Curieux hasard, je comptais visiter Little India ce matin.
Je reste donc dans la même thématique !

Il me suffit de traverser quelques rues pour rentrer dans le quartier indien.
Arrivé à Serangoon Road, il est bien facile de s’en rendre compte !

En effet, cette rue est bardée de décorations, telles que le sont nos villes pour noël.
Je suis tombé en fait pile durant les festivités de Deepavali, une célébration annuelle qui marque le triomphe du bien contre le mal dans l’hindouisme.

J’ai pu visiter plusieurs chinatowns un peu partout sur le globe, mais je n’avais pas encore mis les pieds dans un Little India.
Et bien que dire…

Joyeux, vibrant, assourdissant, chaotique.
Voici les termes qui me viennent en premier.

Il est dimanche, le quartier est donc plein de vie. Ca bouge dans tous les sens. A chaque feu rouge la foule s’agglutine, pour ensuite s’étaler de toute part une fois le bonhomme vert apparu.

Le long de la voie, des petites boutiques de téléphonies mobiles sont présentes tous les 10 mètres. Des boutiques de multimédia et dvd également, avec toujours les enceintes au maximum devant l’entrée. Quelques supérettes également, et beaucoup de d’enseignes où acheter du tissu ainsi que des tenus indiennes traditionnelles.

Dans les ruelles avoisinantes, je me montre encore surpris de tomber sur des petites bâtisses, encore une fois colorées comme un arc-en-ciel. J’avais décidément une image très biaisée de Singapour. Certes, le downtown est très moderne avec un style copié aux villes nord-américaines. Mais le vieux Singapour est bien présent également.

Le quartier a beau être à une écrasante majorité indienne (en culture et population), les autres ethnies ont aussi leur place. C’est ainsi qu’en parcourant Dunlop street, je trouve une mosquée, Masjid Abdul Gaffoor. Cette dernière est devenue un monument national de Singapour en 1979.

Je marque un arrêt dans un restaurant (indien) sur Campbell Lane.
Quelques tables sur le trottoir, et à l’intérieur, un vacarme et une hygiène douteuse en cuisine. Je fais mon signe de croix et commande quelques spécialités locales.

Naan, riz et quelques portions de viandes.
On m’a fait la gentillesse de me demander à quel niveau d’épice je souhaitais mon plat. Moyen fut bien suffisant !

Une fois rassasié, je continue mon exploration de Little India.
En me retrouvant sur Serangoon road, je constate que la foule est toujours là. Et je remarque aussi une coutume assez singulière.

En effet, beaucoup d’hommes se rassemblent en groupe pour discuter et rigoler, de façon très volubile. Mais le plus surprenant est le fait que beaucoup d’entre eux se tiennent bras dessus bras dessous. Même en marchant. Une proximité frappante, car avec ma grille de lecture occidentale, je pourrais penser qu’ils sont en couple… Différence culturelle quand tu nous tiens !

J’arrive sur une petite ruelle, Buffalo road, où je trouve beaucoup de petits commerces, de détaillants. Des marchés aux légumes qui partent sur les rues adjacentes, dans des artères aux murs décrépis. Je me croyais à mille lieues de la moderne Singapour.

Quelques mètres plus loin, de l’autre côté de Buffalo road, un grand bâtiment, qui me fait assez penser à un parking sur plusieurs niveaux, m’interpelle.

A son rez-de-chaussé, je tombe en fait sur Tekka Temporary Market.
Et quelle découverte !

Ce marché contient une partie food center, mais il est surtout intéressant pour sa partie vente de produits frais. Des dizaines et des dizaines d’établis sont présents, où les employés font la découpe de la viande devant vous, de manière physique et…viril diront nous ! A grands coups de couteaux de boucher.

Beaucoup d’étales de poissons également.
Ainsi que des marchants d’épices, qui, de part leurs innombrables couleurs, en font un tableau très esthétique.

Bref, avec tous ces mélanges de produits, il vaut mieux avoir le coeur bien accroché car c’est une explosion d’odeurs fortes qui vous attend ! Un sentiment de haut-le-coeur possible (mais que je n’ai pas ressenti) renforcé par les normes d’hygiènes, qui ont l’air beaucoup plus light que chez nous. Pas de gant, pas de combinaison, on fait la découpe ici comme vous la ferez dans votre cuisine.

Après cette découverte forte intéressante de Little India, je repasse à l’appartement de Marc.
Je lui indique que je compte sortir en solo ce soir-là, histoire de découvrir un peu la ville de nuit. Et quoi de mieux que de se rendre à Clarke Quay pour cela !

Légèrement excentré du downtown, ces quais longent Singapore River.
Ils comportent 5 blocks de magasins et d’entrepôts rénovés, dans un style art déco tendance.

Ainsi aujourd’hui, le traffic de marchandises a laissé place à un espace commercial moderne, où restaurants, bars et activités pour toutes la famille se côtoient.

Les lumières et les néons sont rois ici.
Ca flash de partout.

Des petites embarcations, bariolés de décorations lumineuses, font un arrêt à Clarke Quay et vous proposent de découvrir Singapour sur l’eau. Le quai est rythmé par ces va-et-vient incessants, les bateaux déposant ou embarquant de larges groupes de personnes.

Tout le monde profite de la nuit ici.
Que cela soit dans les restaurants, les clubs, ou bien simplement sur le bord des quais, où l’on vient s’assoir entre amis, au dessus de l’eau, pour profiter un peu du moment présent.

Des jets d’eaux lumineux qui partent du sol font le plaisir des enfants.
Heureux de pouvoir se rafraichir, ils s’en donnent à coeur joie, et s’y défoulent comme dans une cour de recré.

Les plus courageux d’entre eux iront solliciter leurs parents pour faire des attractions qui se trouvent à quelques pas de là. Mais la plupart, comme la boule qui vous éjecte vers le ciel, n’est clairement pas faite pour eux !

Aaah, si douce Singapour.
Moi aussi je me laisserais bien tenter par m’assoir quelque part sur Clarke Quay, et juste me laisser hypnotiser par tes lumières.

Mais je dois bien continuer mon exploration !
Je marche donc le long des quais vers l’est, en direction de Marina Bay Sands.

En chemin, je croise Elgin Bridge.
Un pont construit dans les années 1800, et qui aujourd’hui s’éclaire de mille couleurs une fois la nuit tombée. Laissant planer un doux parfum de poésie sur les berges si tranquilles à cette heure tardive. Ces berges qui elles-mêmes brillent de mille feux.

Je ne suis toujours pas autant rassasié de lumières, car je force le pas pour me rapprocher de Marina Bay Sands, afin d’assister à son spectacle d’eau et de lumière.

La dernière séance est à 21h, et j’ai encore 2 petits kilomètres pour atteindre mon but. Une fois rapproché, je galère comme pas possible pour trouver mon chemin, car je ne tombe que sur des grandes artères routières sans passage piéton.

Je trouve finalement une passerelle surélevée pour enjamber ce dense réseau routier.
D’en haut, j’aperçois Marina Bay Sands qui est déjà illuminé.
Shit !

Il me reste encore un peu de chemin pour atteindre l’esplanade et profiter des jeux d’eau.
Et vu comment je galère il est fort possible que je mette encore 20 minutes à trouver mon chemin…

Je décide donc sagement de rester sur ma passerelle, où la vue est dégagée sur Marina Bay Sands.
Je ne verrais pas les fontaines, mais au moins je verrais quelque chose !

Une fois le spectacle fini, je me mets en tête de visiter Gardens by the bay.
Ce parc de 101 hectares est assez unique en son genre, mélangeant végétal et technologie. Il est éclairé de nuit, rendant encore un peu plus magique ce lieu…enfin du moins j’imagine !

En effet, j’ai encore toutes les difficultés du monde à trouver son entrée.
Depuis l’intérieur de l’hôtel Marina Bay Sands, une passerelle est censé vous y amener, mais je ne l’ai jamais trouvé.

J’ai pourtant déambulé dans cette immense complexe qu’est Marina Bay Sands dans tous les sens, prenant ses spacieux et luxueux ascenseurs qui desservent 55 étages à de multiples reprises. Cela en devenait comique, car je croisais des clients de l’hôtel dans l’ascenseur, parfois en peignoir sortant du sauna. D’autres me prenaient pour l’un des leurs et commençaient à engager la conversation, d’autres encore me demandaient des conseils sur les coins à visiter. Car évidemment avec tout ce monde, l’ascenseur s’arrêtait souvent, je n’ai jamais fait de trajets directs !

Dans cette galère, c’était assez rafraichissant et amusant.
De plus, j’ai pu me retrouver en haut du complexe et me rendre compte de l’immensité du lieu, sur la rambarde centrale donnant vue sur le rez-de-chaussée, où la foule y paraissait aussi grande que des fourmis.

Nous y voilà !
Cette parenthèse singapourienne se referme déjà.
Indécis au départ au sujet de cette destination, je suis plus que satisfait de l’avoir découverte.

Comme les recruteurs aiment à dire aux futurs expatriés venant y travailler, Singapour, c’est le pays le plus simple pour commencer en Asie.

En effet, ce pays est très moderne, propre et civilisé.
Un occidental n’aura pas trop de mal à y trouver ses marques. On est loin de la poudrière qu’est Bangkok !

Cependant vous restez bien en Asie.
La chaleur est étouffante, la nourriture, détonante, et même si la culture est assez occidentalisée, les cultures chinoise, indienne et malaisienne sont bien présentes et seront suffisantes pour vous dépayser.

Singapour, ce n’est pas qu’un lieu rempli de tours, vous y trouverez également des quartiers anciens, typiques, à taille humaine.

Pour résumer, ce pays a beau n’être qu’une ville-état, il y a beaucoup de choses à y découvrir en tant que touriste.
Et pour y vivre, c’est aussi une bonne option, le cadre de vie y étant très agréable.

Bref, ce pays fut une très bonne surprise !
Demain, direction la Malaisie pour de nouvelles aventures !