Stray
Une fois encore, mon antiquité téléphonique de 2007 me sortira du brouillard. Me guidant tel un phare portatif, à travers cette nuit si profonde et trouble.
En effet, l’avenue Fitzgerald me parait posée là au milieu de nulle part, mais elle est au moins éclairée. Par une lumière jaune huileuse certes, mais éclairée. Car une fois au niveau de Ferguson St, c’est le black out total.
C’est en outre, plus une grande allée qu’une rue. Une suite d’immeubles, des grilles, des poubelles et des places de parking. Et le silence. Il manquerait juste un chat noir qui me coupe le chemin.
What. The. Fuck.
Je continue ma route, sourire aux lèvres, en me disant que ce n’est vraiment qu’en voyage que l’on peut tomber dans des plans foireux pareils.
Malgré la pénombre, j’arrive à apercevoir le numéro du lotissement que je recherche. Ok, on est bon on est bon ! Seulement l’accès à la cour est bridé par des barrières vertes. Ok, on est mal on est mal ! Mais cette barrière n’est pas bien fermée, et j’arrive à l’ouvrir, tel un voleur.
Le hall de l’immeuble, avec sa lumière blafarde qui n’aide en rien pour améliorer ma vision, s’offrait enfin à moi. Je beep Sheena, et n’arrivant pas à ouvrir la porte, cette dernière descend les 4 étages qui séparent l’entrée de son logement au hall. Je vois donc débarquer une petite ombre, produite par une femme dans la trentaine. Asiatique et au physique assez carré et masculin pour ce que j’arrive à distinguer. Les cheveux courts n’aidant pas mon cerveau binaire.
Une fois arrivé dans son appartement, la lumière me brûlerait presque les yeux.
J’y ai à peine mis un pied que déjà je m’y sentais bien. Comme dans un doux foyer. En simplement quelques secondes, je pouvais apercevoir que c’était clean, propre et à l’atmosphère reposante.
Je fais la connaissance de Diesel, un gros matou très pantouflard. Mais comme le dit sa maitresse, il est aussi friendly qu’un chien. Une fois mes backpacks largués dans ma chambre, je file sous la douche, ayant une journée de visite et une soirée de wanderlust à décrasser. Tout est moderne et propre. Pas d’embrouille. C’est vraiment très plaisant et relaxant. Et pas de ronfleur ce soir !!!
En sortant de la douche, Sheena pianote sur son macbook, confortement installée sur son grand canapé, qui fait face à sa grande télévision.
Rectification.
Faisant face à son immense télévision.
Là on parle de plus de 100cm les enfants.
Je me pose sur la moquette au milieu du salon, histoire de faire plus ample connaissance avec Diesel. La conversation s’engage facilement avec Sheena, et sa douceur n’a d’égale que sa gentillesse. Elle me donne pleins de conseils, et a l’art de me mettre à l’aise. Grande voyageuse également, on en vient à faire le listing des pays que nous avons parcourus. Mon récit sur mon voyage aux US l’intéresse particulièrement, car le Grand Canyon est depuis longtemps sur sa to-do list !
Je vais me coucher l’esprit quasiment léger. Comme indiqué sur l’annonce, la chambre donne sur une grosse artère, Fitzgerald, et est donc assez bruyante. A plus forte raison qu’il n’y a pas de double vitrage ici. La vitre est aussi épaisse que du papier à cigarette.
Mais comme tout ce que j’ai pu connaitre depuis mon arrivée. Le modele est le même. Grande fenêtre, constituée de 2 parties. La première, une grille pour empêcher les moustiques de rentrer, la deuxième, la vitre, qui est toujours comme précisé plus haut, bien fine. Voilà, c’est ce que vous trouverez partout en Australie. La première fois on sourit un peu jaune, genre « ah ok, grille anti-moustique, carrément. C’est donc que cela doit être un véritable calvaire sous cette latitude… ».
Le lendemain, jeudi 16 octobre, je m’octroie une bonne grasse matinée, histoire de récupérer de ma courte nuit de la veille. Sheena partie au travail, Diesel me tient compagnie. Pas farouche pour un sou, c’est une présence agréable.
La prise de tête reprend cependant vite ses droits dans mon esprit.
What next ?
Pour Cairns je commence à me faire une raison qu’il est définitivement trop tard. J’essaye de piocher des infos, des idées, mais avec un foutu écran d’Iphone de 4 pouces ce n’est vraiment pas la panacée.
Depuis mon arrivée je guette tous les jours la page des macbooks reconditionnés sur le site d’Apple, mais rien ne bouge. Le super plan que j’avais vu en France n’existe plus. Stock limité oblige. J’ai été patient mais j’ai atteint mon point de rupture. Il me faut un laptop ! Rien que pour postuler à des jobs déjà.
Je me reporte donc sur le seul reconditionné dispo sur le site. Il reste assez cher, mais je gagne toujours quelques centaines de dollars à comparer à un neuf.
Direction donc le CBD de Sydney. Les ruelles sombres de la veille sont maintenant des plus inoffensives avec ce soleil toujours à son poste. Il fera encore chaud dans la grande ville.
J’embarque dans le bus L94, pour descendre une demie heure plus tard à Central.
L’après-midi est déjà bien entamée, ayant pas mal trainé…
George St, encore et toujours, au numéro 367, où se trouve l’Apple Store.
Toujours la foule dans ce grand espace vitré et au style épuré. Il ne faudra pas longtemps pour qu’une employée vienne m’aborder.
Cette dernière me refroidit pas mal, car elle m’apprend que pour les produits reconditionnés, seule la livraison est possible. Impossible de se faire livrer dans un Apple Store en Australie pour le retirer ensuite. J’avais pourtant eu un autre son de cloche durant un tchat avec un commercial Apple quelques mois plutôt…
Et bien très bien, non merci !
Je pourrais bien utiliser l’adresse de Keith, mais il faudrait que je patiente encore plusieurs jours. Et si jamais ils livrent et qu’il ne soit pas présent pour le réceptionner, cela va être encore tout un bordel. La mort dans l’âme, je dois repartir bredouille.
Histoire de rentabiliser un peu ma sortie, je flâne un peu du côté de Hyde Park, qui se trouve sur mon chemin. J’y surprend 2 habitués entrain de s’adonner à une partie d’échec grandeur nature. Le concept est intéressant. J’aurais été chiche de tenter une partie, mais je pense qu’il faut un peu de temps pour habituer son cerveau à cet échiquier XXL. Face à ces 2 routiers, le temps, je n’en ai pas !
Petit poumon de Sydney, Hyde Park possède, entre autre, une fontaine assez impressionnante, Archibald. En arrière plan de cette dernière, se trouve la non moins belle St Mary’s Cathedral.
Le lendemain, dos au mur, je me rend de nouveau à l’Apple Store pour m’acheter un macbook neuf. Le taux de change est de toute façon en ma faveur. De plus, sans rien demander, le vendeur m’a offert le prix étudiant, une belle ristourne de 250$.
Ca sert tout de même d’avoir un accent pourri !
Le vendeur pensait que j’étais étudiant, fraichement arrivé sur Sydney. Je lui précise que non, mais je comprend vite que si je n’insiste pas, il pourra me faire appliquer la réduction. Je le laisse ainsi faire. Il ne lui faut en plus aucun justificatif.
Vous passez alors au second étage, où se trouve une foule de produits à la pomme, avec tous les clients venus essayer des produits, et les quelques fous qui en achètent. On vous apporte votre produit, et le vendeur vous laisse entre les mains des techniciens sur place. Histoire de vous épauler si jamais la configuration du mac se passe mal.
En étant acheteur, on est aux petits soins avec vous.
Comme un cancéreux sur son lit de mort. Ca en est presque gênant.
La configuration se passant sans accro, je ressort avec mon appareil, et je n’en mène pas large de me déplacer avec ce produit si onéreux. A plus forte raison qu’on vous donne un grand sac avec le logo Apple dessus, histoire de bien montrer à tout le monde que vous venez d’acheter chez eux. Bref, je rase les murs et force le pas pour rejoindre mon arrêt de bus.
Une fois rentré, je redécouvre les joies d’Internet avec un écran enfin plus grand qu’un paquet de cigarette. Et les premières galères avec leur foutu clavier qwerty !
Tellement perdu pour trouver une suite à mon voyage, j’en arrive à consulter les articles de Nathan, vainqueur du concours organisé par le site internet pvtistes.net à la rentrée 2013. Il a pu se rendre eu Australie tous frais payés en l’échange de quelques articles et vidéos pour ce site. Ayant participé, et donc n’ayant pas été sélectionné, mon aigreur faisait qu’il m’était impossible de suivre son aventure. C’est idiot mais c’est comme cela.
J’imaginais déjà ses papiers, du genre tout est merveilleux, je m’éclate, la vie est belle. Et moi qui galère gentiment… Ca me fera peut être mal, mais peut être que je pourrais piocher quelques idées en lisant ses articles.
Et à ma grande surprise, tout n’a pas été rose pour lui. Il y a eu aussi des moments de doutes, des bonnes galères pour trouver un job, suivi par un génial roadtrip heureusement.
Et c’est encore idiot, mais cela m’a fait du bien de lire cela. Je n’étais plus seul à chercher ma route, et à connaitre des difficultés. On se sent moins bête, et cela redonne un peu de courage, un peu de motivation. Je n’avais toujours pas donné de suite à mon aventure mais je reprenais un peu la foi.
N’ayant rien fait de ma journée, à part de faire fumer ma carte bleue, je me décide à sortir faire un footing. Je remarque sur googlemap qu’une plage n’est vraiment pas très loin d’où se trouve mon logement actuel.
Les 10 premières minutes de course, un quartier résidentiel des plus classique défile devant moi. Grandes avenues, grands trottoirs pavés, et des grandes baraques toutes de plein pied, comme les nord américains apprécient tant.
Maroubra Beach est à porté de vue maintenant.
Je passe près d’un skatepark, pour ensuite longer la plage. Un bâtiment de sauveteur aux murs bleu se trouve juste au pied du sable. Autour de lui, des tables de pique-nique toutes occupées, des transats où on se la coule douce en maillot de bain, et même des bbq publics pour se restaurer sur place. Les familles côtoient les surfeurs. Ces derniers effectuant des allers retours entre la plage et les cabines.
Joggeurs et cyclistes m’accompagnent. Le coin est vraiment jolie. La plage de sable fin est enclavée sur un front de mer à majorité rocheux, ce qui donne du contraste.
Il fait beau, le paysage est enchanteur, ça grouille joyeusement. La vie est belle quoi ! Je me sens léger, content d’être là. Et finalement je me dis que je me verrais bien vivre un peu ici. Trouver un petit taffe, et profiter de coins pareils pour effectuer son petit jogging, à la cool, à la fraiche.
Une fois passé la plage, je continue de longer la côte, qui se trouve être un grand espace vert, où là encore les gens flânent et pique nique. Je passe à côté d’un groupe de trentenaires entrain de festoyer, parlant tous ma langue maternelle. Je me serais bien arrêté pour lâcher un petit « alors il n’y a pas un verre de vin pour moi ? », mais je n’étais pas convaincu qu’une irruption étrangère par un joggeur dégoulinant de sueurs fasse la meilleur des impressions.
Et puis merde, cela va bientôt faire une demie heure que je cours, et je ne me sens pas fatigué, je retrouve mon endurance d’avant départ, et c’est des plus jouissif. On se sent inépuisable, et dans ces moments là on a aucune envie de s’arrêter. Juste l’envie de continuer, profiter de ce moment où l’on se sent invincible, et toujours pousser son corps encore un peu plus loin. Je repousse bientôt mon chemin, et me redirige vers mon logement.
50 minutes de course, sans être exténué, le bonheur.
50 minutes à se vider la tête, c’est également divin.
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