Time To Go – #19 – 2012
Pas mal de changements depuis mon dernier billet !
Je me suis pris pas mal la tête durant plusieurs semaines pour faire le choix sur ma prochaine destination. Après une envie d’aller à Whistler, celle de me rendre plutôt à Banff est très vite apparue.
A Whistler, j’avais peut être déjà un job à Earls, et c’était aussi proche de Vancouver.
Mais au fond de moi même, je ne le sentais pas ce voyage. Tout me tombait trop facilement dans le bec, tout était presque trop sur des rails. Les rails de la facilité. 4 mois à Vancouver n’ont pas suffit à m’encroûter.
Ce n’est donc pas mon état d’esprit, et plus je comparais cette destination avec Banff, plus cette dernière me donnait envie. J’adore B.C, mais la perspective de passer quelques temps en Alberta est vraiment séduisante.
Banff est la plus grande station de ski d’Alberta, mais j’imagine et j’espère que ça sera peut être moins dans l’esprit Disneyland de Whistler. Je n’y suis jamais allé mais si c’est la plus grosse station nord américaine ça doit amener des tonnes de touristes, d’urbanisation, ce qui fait un peu chuter l’authenticité du lieu.
Pour prendre ma décision (car je trouvais des pour et des contre pour ces 2 destinations), je me suis rappelé mon envie d’avant mon départ au Canada, qui était de voir le plus du pays possible. Le choix fut tout de suite plus rapide et facile, et donc bonjour l’Alberta, l’aventure et ses dizaines d’heures de bus !
Peut être que je vais totalement me planter sur place, mais j’aurais moins de regret à me planter là bas qu’à « réussir » à Whistler, où j’aurais toujours eu une petite pensé sur ce qui aurait pu se passer si je m’étais rendu à Banff. Je vais donc me donner quelques semaines pour essayer de trouver un travail sur place. Si ça coince trop j’ai quelques solutions de replis en tête.
Les échos que je peux avoir sur place ne sont pas très bons niveau emploi, mais je mise sur le fait qu’il y aura un peu de turnover en janvier dans les équipes. C’est pour cela que je voulais absolument partir en décembre.
Je quitte donc mon logement sur Vancouver le 24, je passe le réveillon de noël avec Mary, qui m’héberge gracieusement pour la nuit, puis le 25 je prend le bus pour Banff. Départ à 18h15, arrivée autour de 8h le lendemain. Les départs plus tôt me faisaient arriver en plein durant la nuit, donc pas très intéressant. Voyager de nuit aura au moins l’avantage de me faire économiser une nuit d’hôtel.
En effet, je passerais mes premières nuits au HI Hostel de Banff.
Ils ont un programme qui te permet de travailler un peu pour eux pour en contrepartie ne pas payer vos nuits. Je les ai contacté, pour l’instant à ce niveau là c’est complet, mais le mec m’a dit de signaler mon souhait de participer à ce programme à l’accueil de l’hostel une fois que j’y serais. Car il m’a indiqué que les places peuvent très vite se libérer.
Ce qui est du reste logique. Les personnes qui font ce programme sont dans la même optique que moi : trouver un boulot. Une fois fait ils quittent rapidement l’auberge pour une location/colocation.
Niveau financier, je suis assez soulagé, j’ai réussi à économiser durant mon dernier mois à Vancouver.
Déjà d’une j’ai payé 100$ de moins mon loyer de décembre, partant le 24 et non le 31. Mais surtout depuis 1 mois je bosse 5 jours par semaine à Earls, je vais donc retrouver un salaire normal de 1000$, après les 300$ du mois dernier…
Toutes mes missions d’intérims n’ont servi qu’à combler ce manque à gagner, sauf les dernières, celles de décembre. Et elles étaient plutôt sympa !
Les premières semaines de décembre, j’ai bossé entre 1 et 2 jours par semaine à Garden Works sur North Vancouver. C’est un magasin de jardinage, et qui vend des sapins de noël pour la saison. Et ça c’était mon job ! Dépoter les camions remplis à raz bord d’arbres. Un camion c’est 700 arbres. Des petits, des moyens, des grands, et…des monstrueux, qui vous détruisent les bras pour le reste de la journée.
Ca c’était le boulot du matin, l’après midi il fallait aider à la présentation des arbres, l’étiquetage, et aussi un peu d’aide à la clientèle ! Pour ma part ce fut très léger car je n’ai pas eu de formation sur les produits dont dispose le magasin.
Ce dernier n’est pas immense, il est encore à taille humaine, et la petite équipe qui le fait tourner est très sympa. J’étais toujours content d’y retourner bosser 🙂
Ensuite j’ai fait quelques missions de dépotages classiques, jusqu’à cette semaine, ma dernière sur Vancouver. La plus longue de ma vie je crois bien.
Pourquoi donc ?
Peut être qu’avoir travaillé plus de 60h en est la raison, allez savoir !
Normalement je me force à faire des doubles journées que 2 ou 3 jours par semaine.
Là on m’a proposé une mission d’intérim de 5 jours, que je n’ai pas pu refuser.
C’était assistant boulanger dans un magasin Whole Foods Market, un petit hypermarché à tendance bio. Pas trop loin de chez moi, payé 14$ de l’heure, c’était le plan parfait pour mettre pas mal de sous de côté.
Mais j’en ai chié comme pas possible, car 2 doubles journées en une semaine, c’est chiant mais gérable, une semaine entière c’est juste un défi qu’on se lance à soi-même. Jugez plutôt mon emploi du temps : 8h réveil, 9h début du taf 1, 13h30 une demie heure de pause déj, 17h fin du taf 1, 18h début du taf 2, 1h/2h du matin fin de ce dernier, couché à 3h (parce que merde il me faut quand même 1 heure pour moi), et rebelote le lendemain.
2 tafs où tu es occupé du début à la fin, 2 tafs où tu bosses debout. Pour la petite histoire j’aurais au moins appris que je m’appuie plus sur ma jambe gauche, c’est elle qui montrait des signes de fatigue en fin de semaine…
Mais bon c’est passé, je vais avoir un bon salaire, une bonne référence sur le CV, et j’ai rencontré des gens vraiment intéressants. Une bonne référence, car j’ai dû faire du customer service, du vrai, à la caisse !
J’étais donc au rayon boulangerie de cet hypermarché, et j’ai vraiment touché à tout : découpage de préparation de cookies, disposition de ces derniers avant de les mettre au four, empaquetage, étiquetage, pesée, mise en rayon, etc, etc…et au service de la clientèle.
Et c’était vraiment sympa.
Stressant, mais sympa.
Toute la boulangerie est ouverte, le client à vue dedans. Donc dès qu’il y en a un qui s’approche de la vitrine pour acheter quelque chose, c’est à celui le plus proche de s’en occuper.
Les premiers clients que j’ai eu à traiter j’avais vraiment l’impression de jouer à la marchande, c’était assez hilarant.
Ensuite on rigole moins dès qu’on tombe sur des demandes spécifiques de gâteau personnalisé. Mais c’est vraiment une cool expérience d’être au contact des clients.
La chose risible c’est qu’à Earls en cuisine on est composé à 99% de mecs, or que dans cette boulangerie c’était plutôt 5% ! La majorité de l’équipe est composée d’asiatiques (Vancouver a une très forte minorité asiatique si j’ai oublié de le mentionner), de tous âges, ce qui donne des contrastes de générations assez frappants et amusants.
Les 2 Chefs étaient d’origines occidentales, juste en dessous c’était une chinoise qui commençait à avoir de l’âge. Et cela ce voyait qu’elle faisait partie des premières générations d’arrivants sur Vancouver, qui étaient encore très marqués par l’esprit et le travail « à la chinoise ». Rigoureux et strict.
Au moindre problème elle s’excitait, répétait 5 fois la même phrase de façon affolée, genre « mauvaise étiquette, mauvaise étiquette ! ». Comme si le moindre travers n’était pas permis, comme si le moindre petit détail était vital sous peine de grosses réprimandes.
Et à côté de cela vous aviez les immigrantes de générations plus récentes, qui ont la trentaine actuellement et qui ont dû passer plus de temps en Occident qu’en Chine, voir qu’elles ne connaissent pas du tout cette dernière.
C’est là que le contraste est saisissant, car elles sont tout de suite plus cool. Elles gardent un petit côté rigide au premier abord mais il disparaît très vite après quelques échanges. Et ce qu’elles pensent des crises à répétition de leur chef ? « oh faut pas s’inquiéter, ma chef est un peu folle par moment ». L’état d’esprit est totalement différent.
J’ai aussi pu rencontrer 2 espagnols, et une canadienne « de souche ».
Cette dernière je n’ai pas été déçu de la rencontrer !
La vingtaine, un peu junkie sur les bords, mais surtout une façon de parler…mon dieu faut s’accrocher ! De base elle a déjà un bon gros accent, mais en plus elle parle vite, mais vite ! Ah mazette faut s’accrocher pour la comprendre.
Super sympa, super blagueuse. Mais dès qu’elle commence à déconner, elle se met à parler encore plus vite, c’est trop fou 😀 Pour moi c’était un peu comme voir un train défiler à toute vitesse, et que chaque wagon était un mot. Et que je comprenais ses mots toujours en décalage, toujours avec un wagon de retard.
Bref je pourrais en écrire des pages de mes rencontres au boulot, mais pas trop le temps malheureusement.
J’étais vraiment en mode Claude Lévi-Strauss, et l’intérim de ce côté là c’est cool pour rencontrer pleins d’univers différents.
En parlant d’univers différents, il y a les endroits sombres, les endroits interdits, les endroits réputés sales. Ceux qui n’ouvrent que la nuit, dans des petits lieux, pour un peu de folie, un peu de poésie…burlesque.
Le mot est lâché.
Il y a quelques semaines de ça Mary m’a emmené voir un type de show très en vogue au Canada, et spécialement sur Vancouver, le Burlesque donc !
Le Burlesque, c’est un show érotique, mais où la femme est reine, forte.
Elle n’est pas en position de soumission
Il n’est pas question de physique, tout le monde peut en faire. Il n’y a donc pas que des corps parfaits. L’important est de s’amuser, de divertir, tout en étant glamour, et tout ça dans un esprit rétro/vintage.
C’était donc la troupe Kitty Nights qui se produit au Biltmore Cabaret.
Et j’ai vraiment passé un bon moment. Pas vraiment pour le show en lui même, qui se constitue de 6 filles qui une à une vont se défeuiller sur la scène, chacune avec leur style (du classe au gore). Non le plus délirant c’est vraiment le gros côté déconnade, le gros côté second degré.
Il y a si on veut un « maitre de cérémonie », qu’elles appellent toutes Professor, et à chaque temps mort il est sur scène, raconte des conneries, déconne avec les filles, avec le public, et tout ça avec comme je l’ai déjà dis un gros gros second degré. Personne ne se prend au sérieux et il se dégage vraiment une bonne ambiance. On se sent très vite faire partie de la petite troupe.
Du coup ce n’est jamais vulgaire, jamais sale.
C’est du glamour et beaucoup d’humour !
Allez, une dernière photo pour la route ?
Photo prise lors de ma dernière journée à Earls, vers 2h du mat, samedi matin.
Mes petits yeux ne tromperont personne après cette folle semaine. Comme vous le voyez on a pu avoir des bières pour mon départ. Merci Adrian, à ma gauche sur la photo, qui a pu négocier ça et qui a été un vrai bon pote au boulot ! Ah et derrière c’est « mon bébé », ma machine, mon lave vaisselle. Mon amante lorsqu’elle se montre docile, ma pire ennemie lorsqu’elle se décide à mal fonctionner et à donc me faire passer une nuit beaucoup plus chiante.
A la prochaine sur Banff, et bonnes fêtes de fin d’année tiens 😉
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