Difficile de se replonger dans tout ça, mais allez, c’est parti.

Mi-février, je ne suis plus le seul français à Tim Hortons. Un frenchie est arrivé en part time. On sympathise vite, et il me propose de sortir un soir avec sa petite bande. Banco, on se rend en fin de soirée dans un club. C’était soirée à thème, tout le monde en t shirt blanc, où vous pouvez écrire tout et n’importe quoi dessus aux personnes que vous croisez à l’aide d’un marqueur.

Normalement je garde toujours mon petit sac sur moi. Je ne laisse que mes affaires (veste, bonnet et écharpe) sans surveillance. Mais là il aurait été chiant d’avoir la lanière de mon sac qui traverse en diagonale mon torse vu le thème de la soirée.

Je le laisse donc planqué sous ma veste, avec les autres. Après quelques secondes je le sens moyen cette histoire, je reviens donc sur mes pas et décide de prendre mon portefeuille avec moi.

La soirée passe, rien à signaler. Vers 2h du matin, on se fait une petite pause à l’extérieur du club. Je check rapidos, mon sac est toujours là. Je reviens dans le club, remet mon sac sous ma veste. Je reste dans la boite que 20 minutes avant de décider de partir. Et c’est durant ces 20 minutes que mon sac a disparu…

Vous fouillez, et refouillez des dizaines de fois le canapé, en sachant que ça ne changera rien, mais il est dur d’admettre que l’on s’est fait voler quelque chose. La décision de partir est vraiment dure à prendre. Mais à un moment il faut se rendre à l’évidence.

Sur le chemin du retour je suis partagé entre 2 sentiments. Je me sens à la fois soulagé d’avoir gardé avec moi mon portefeuille, car j’y ai toutes mes cartes de crédits, d’identité, permis et j’en passe. J’aurais été dans une merde pas possible. Et de l’autre on se sent vraiment nul, et, violé n’est pas le mot, mais c’est comme si on vous avait pris une petite partie de vous. C’est très bizarre.

Dans mon sac il n’y avait pas grand-chose, beaucoup de papiers qui ne servaient à rien, des écouteurs, stylos, mais surtout mon passeport. Evidemment ça m’arrive maintenant, quand je dois partir un mois plus tard quelques jours aux Etats-Unis. Il m’en faut donc un nouveau rapidos.

La deuxième chose importante dans mon sac était juste sentimentale. C’était mon petit bloc note, où je notais toutes les adresses, tous mes contacts rencontrés en route, tous mes plans gribouillés quand je devais me rendre à un endroit pour le boulot ou autre. Les quelques mots japonais ou coréens que mes collègues woofeurs m’avaient traduit pour la déconne. Ca faisait un sacrée carnet de route et résumait assez bien mon itinéraire de routard. J’aurais bien aimé je pense le parcourir plusieurs mois, plusieurs années après. Mais voilà, je ne pourrais pas.

En sentiment positif après ce vol il y a bien aussi le fait d’imaginer ce connard ouvrir mon sac, et d’imaginer sa déception en y trouvant ni carte bleue, ni argent. Mais c’est une bien maigre consolation.

Je me renseigne sur internet pour connaitre les démarches, et c’est parti pour le chemin de croix.

Je signale donc le vol à la police de Banff.
Ils me donnent un papier qui me sera nécessaire pour ma demande de renouvellement de passeport.

Il faut se rendre à un Consulat de France. Il y en a un à Calgary (2h de route à l’est), mais seul celui de Vancouver dispose de la machine pour prendre vos empreintes. Sinon vous avez aussi le Québec mais c’est encore moins pratique dans mon cas.

Je cherche du covoiturage, rien qui part pour Vancouver. Je me résous donc à prendre le bus. J’ai 2 jours off la semaine qui suit, je ferais l’aller-retour durant ces 2 jours. Je mail le Consulat, je reçois une réponse claire, je n’aurais pas besoin d’acte de naissance car ma carte d’identité est récente. Je prends rendez-vous par téléphone, et là j’ai un autre son de cloche. Mais j’y prête moyennant attention, car je tombe sur la fonctionnaire de base. Le cliché. Celui où la moindre requête sera systématiquement suivie d’un non, celui où pour la moindre chose, cela prendra des lustres à parlementer. L’administration, dans toute sa splendeur, même au bout du monde. Heureusement sur place ses collègues ne seront pas comme elle.

Ainsi direction Vancouver. Ca ne me fait pas plaisir plus que cela dans ces conditions, mais la perspective de retrouver Mary (qui me logera la nuit) est quand même bien plaisante.

Mercredi soir, je fini le boulot à 19h, je prends mon bus à 20h30.
Je dois arriver autour de 8h, mon rendez-vous est à 11h. Je quitte la neige pour…la pluie.
Raincouver a encore frappé.

Sentiment encore étrange de retourner dans cette ville dont je suis parti il y a seulement 2 mois, mais le temps est passé beaucoup plus vite dans ma tête. Seulement quelques instants où j’ai le nez dehors, et déjà le premier bruit de Skytrain qui passe. Alala, on y prête même plus attention après quelques semaines, mais ce bruit est vraiment caractéristique de Vancouver.

J’arrive en avance au Consulat. Gros building dans le nord du downtown. Le Consulat occupe une toute petite partie d’un étage. Je bip à la porte, et me présente à l’interphone. L’agent de sécurité m’ouvre. Un gars des îles, la cinquantaine, avec un accent très créole. Il prend son job au sérieux, ce qui est normal, mais avec cet accent et son attitude un peu « tranquille », j’ai du mal moi à le prendre au sérieux. Même si évidemment je suis toutes ses directives.

Une fois rentré, il y a une petite salle d’attente. Drapeaux français, européens, portrait de François Hollande comme dans les mairies, des exemplaire du Point et du Monde sur la table. Ca fait son petit effet. Un petit bout de France au beau milieu des buildings du downtown de Vancouver, que l’on peut apercevoir depuis la fenêtre. Même si la France ne me manque pas tellement, ici je me sens vraiment chez moi. Ce sont mes couleurs, on parle ma langue, et c’est vraiment plaisant.

Après une fouille en règle, où je devrais récupérer sans surprise mon cher Opinel à mon départ, je dois patienter un peu. Puis enfin on m’appel, et on me dirige dans un bureau. Je tombe sur une dame vraiment compréhensive et compétente. Elle lance la première partie de la procédure.

Je dois ensuite changer de bureau, et là je suis pris en charge par celle que j’avais eu au téléphone.
Mon dieu, elle sera à hauteur de sa réputation…

Pas aimable pour un sou, la moindre démarche c’est tout un problème. Aucune communication avec son autre collègue, on doit quasiment tout refaire. Elle trouve ensuite que mes yeux sont plus marrons/verts que marrons comme stipulé sur la photocopie de mon passeport. Et ça lui arrache vraiment la gueule de mettre marron.

On avance, on avance, puis elle bloque car le système informatique aurait changé récemment. Je vois le stress et la gêne qui lui monte au visage. Heureusement son collègue qui bosse dans le même bureau est là. Avec lui je retrouve espoir en l’administration. Il prend le relais, en étant aimable, aidant et efficace. Il n’y a pas de problèmes il n’y a que des solutions. La devise totalement inverse de l’autre. Cette dernière qui, maintenant qu’elle n’est plus en charge, change totalement de comportement en devenant enfin souriante. Et qui ne rechigne plus à la moindre des choses que je lui demande.

Prise d’empreintes, photo et $120 plus tard, la procédure est finie.

La bonne nouvelle c’est que je pourrais retirer mon passeport à Calgary, ce qui sera beaucoup plus simple et surtout moins couteux pour moi. Il sera disponible dans quelques semaines. Il sera créé en France.

Une chose de faite !

Je passe le reste de ma journée à déambuler dans Vancouver, à revoir des lieux qui m’étaient si familier.
Je profite d’être dans une grande ville pour profiter des bons plans.

J’avais besoin d’une coupe de cheveux, entre $16 ici et $35 à Banff mon choix est vite fait. Idem pour la bouffe, je retrouve avec joie mes petits vendeurs de pizzas, où pour $2 vous pouvez avoir 2 tranches XL.

Fin de journée, je rejoins Mary.
Elle m’invite dans un sushi.

Et quel plaisir de la retrouver.
Le contact se renoue tout de suite.

Comme je lui dirais plus tard, il est si facile avec elle de parler, de dire des conneries et de rigoler. Des personnes avec une connexion pareille je les compte sur les doigts d’une main. Elle me dira exactement la même chose ce qui fait plaisir 🙂

Après une nuit dans un bus, son canapé vaut tous les meilleurs lits du monde.
Je pars le lendemain à 13h45, dur de se quitter si vite mais cette soirée m’a vraiment fait du bien.

Il me fallait bien cela, car les prochaines heures vont être dures. En partant à cette heure-ci, je devais arriver à 4h à Banff. Je bossais dans la foulée à 8h30. 4h30 de sommeil, c’est toujours mieux que rien.

Sauf que le bus a eu du retard. Au 3/4 du trajet on a du prendre des passagers d’un autre bus qui avait eu un problème. J’arrive donc finalement à 6h du matin. J’hésite sérieusement à me coucher. Puis vers 7h, allez hop, au dodo histoire de…

Trois semaines plus tard, je récupère mon passeport à Calgary.

Calgary, une ville où je n’ai pas eu de coup de cœur, sa situation géographique n’est pas aussi spectaculaire que Vancouver. Mais une ville intéressante car c’est une vraie ville canadienne si l’on peut dire, préparée au froid.

Je ne sais pas comment sont Edmonton, Toronto ou encore Montréal, mais à Calgary, toutes les tours du downtown sont reliées entre elles. Chaque premier étage est relié par des passerelles qui surplombes les rues. Et du coup, chaque couloir et chaque premier étage des building sont constitués de cafés, restaurants, commerces. Ce qui fait en global un centre commercial immense. Une tentacule énorme. Vous croisez donc la majorité des gens en chemise car ils ne sortent pas dehors. Ils bossent sur place, mange sur place, etc…

A chaque croisement vous avez d’affiché le nom des rues que vous surplombez, le nom de la tour où vous vous dirigez. Vous pouvez croiser quelques mendiants à guitare au chaud dans ces corridors, au milieu de cette foule de costards cravates (Calgary me parait quand même bien plus serious business que Vancouver).

Et c’est super étrange de se balader dans ces couloirs sans fin. Après plusieurs minutes, j’ai mis le doigt sur ce que à quoi cela me faisait penser. C’est ni plus ni moins comme dans un film de science-fiction, où les premiers humains colonisent Mars, dans des immenses stations hermétiques et conditionnées. Vous vivez en autarcie, sans mettre le pied dehors. Et avec un peu d’imagination chaque porte ouverte à chaque intersection peuvent même vous faire penser à des sas de communication. A la Metroid, pour les connaisseurs.

Je profite de ce billet pour parler un peu de la suite.

Donc début avril, bye bye Banff, je pars pour Toronto y rejoindre ma famille qui vient de France pour 15 jours. Suivi par 10 jours avec une amie venant aussi de France. Donc durant 1 mois je ne compte pas travailler, j’en aurais pas vraiment le temps !

Après avril, quoi faire ? Partir plus au nord ou plus à l’est pour me trouver un dernier boulot ?
Ou rester sur Toronto, je ne sais pas encore, je figurerais cela sur le moment.

Une chose est sûre, c’est que je n’ai pas mis une croix sur mon roadtrip sur la côte ouest US.
Si les finances me le permettent, je le ferais à la fin de mon pvt.

Je voudrais laisser le gros de mes affaires à Vancouver, et partir vraiment léger durant quelques semaines sur toute la côte.
Tout cela va arriver vite, mon pvt se termine le 14 juin !

Qu’en retenir à ce stade ?
Beaucoup de personnes tombent en amour du Canada. Moi je suis plutôt tombé en amour du voyage. Le Canada est très attrayant, et je n’aurais pas assez de 5 ans pour en voir toutes ses facettes. Mais il a ses défauts et qualités comme la France. Je n’étais de toute façon pas parti par désamour de cette dernière.

C’était l’envie d’ailleurs mon moteur, et je ne me vois pas poser mes valises plus au Canada qu’en France. L’envie de découvrir est intacte, et je compte partir pour une nouvelle destination une fois revenu en France.

Comment dire non à tous ces paysages ?
Comment dire non à toutes ces rencontres ?
Une fois sorti du « système », il est dur de replonger dedans après un tel voyage.

Comme un collègue pvtiste normand l’a si bien mis en ouverture de son blog,
« On peut voyager non pour se fuir, chose impossible, mais pour se trouver »
Jean Grenier.

To be continued…