Jeudi 3 novembre 2016, mon tour en Asie commence.

Enfin presque.
Je dois déjà quitter le sol australien !

Bali est au bout du chemin, mais avant cela je dois prendre 2 vols.
 Le premier depuis Melbourne, à 15h et qui m’amène à Brisbane. Pour autant l’aventure a commencé dès que j’ai franchi l’aéroport de la capitale du Victoria

En effet, je m’enregistre au comptoir Virgin, sans difficulté.
Je m’engage ensuite dans la zone d’embarquement. Après avoir passé le portique de sécurité, alors que je commençais tous juste à refaire mon paquetage, les haut-parleurs de l’aéroport indique que je dois me présenter de nouveau au comptoir Virgin. C’est fou de se dire qu’en temps normal, on ne fait jamais vraiment attention à ce type d’annonce. Ca ne reste qu’un fond sonore. Mais à l’écoute de votre nom et prénom votre cerveau sort de son mode veille automatiquement.

De retour au comptoir, j’apprend que je ne peux pas embarquer, car je ne dispose que d’un vol aller. Or les autorités à Bali imposent de disposer d’un billet de sortie de territoire… On peut ainsi se faire refouler à l’immigration en arrivant.
 Et vu que ce serait la compagnie aérienne qui sera en charge de me faire sortir du territoire, ils sont assez taquins à ce sujet là. Mais plus que l’immigration elle-même… Car en arrivant plus tard à Bali, le fonctionnaire à l’immigration ne m’a rien demandé.

Mais bref, la blague. Je dispose donc de 20 minutes pour réserver un vol partant de Bali, sans quoi je ne peux pas embarquer ! J’aime ces épreuves de la vie…

On m’indique la présence d’un comptoir Flight Center pas très loin où je pourrais réserver un vol. Bien qu’un peu encore sonné, je m’y rend à vive allure, en réfléchissant sur la suite de mon parcours, histoire de ne pas réserver n’importe quoi non plus.

« Hi, can I help you sir ? »
« Yes, I would need to book a flight as I can’t take my current flight without it »
« Ok sure, when is your flight ? »
« Oh, in 20 minutes »

Je vois l’employée qui ouvre ses yeux en grand, mais on en viendra à rigoler assez vite de la situation. Je voulais prendre un vol pour la Malaisie mais elle me conseillera d’en prendre plutôt un pour Singapour, car les prix sont généralement moins élevés.

C’est ainsi qu’en 2 minutes chrono, me voici titulaire d’un billet d’avion Bali/Singapour.
On pourrait presque ressentir un sentiment de toute puissance, le fait de réserver un vol sans réflexion, à la manière de prendre un ticket de bus. Mais honnêtement, je me serais bien passé de cette experience.

De retour au comptoir Virgin, on salue mon succès lorsque je leur présente mon nouveau billet, « perfect, that’s exactly what we need ! ». Les coups de téléphones ensuite fusent pour prévenir les différentes équipes que oui, le jeune homme refoulé embarque bien dans l’avion, et que ses bagages peuvent également suivre le mouvement.

Devant tous ces process, je ne peux qu’admirer la bonne organisation de la compagnie, et apprécier de voir à l’oeuvre ce travail d’équipe. En particulier les équipes de l’ombre que l’on ne voit jamais. C’est là que l’on se rend compte de toute l’entreprise qu’est un vol commercial aéronautique.

Après le décollage, qui reste toujours un moment bien étrange où nous n’avons que d’autre choix que de laisser nos vies aux mains du pilote, l’avion fait quelques tours au dessus de Melbourne, avant d’attaquer une direction nord-est.

Durant ces tours, je vois des bouts de Melbourne, des bouts de la mer.
Mais surtout, à travers le hublot, j’aperçois des bouts de vies. De ma vie.

Deux petites heures plus tard, atterrissage à Brisbane.
Bien décalqué par ce court vol, un mal de tête commençant déjà à pointer le bout de son nez, je sort m’en griller une. Mauvaise idée…

En guise d’adieu, Brisbane me donne le meilleur de lui-même, avec un bon 40 degrés des familles.
Intenable…

L’aéroport international est assez spacieux et moderne mais il se trouve tristement vide.
On se demande un peu ce que l’on est venu faire là…

J’arrive encore à me faire couler une petite suée en ayant toutes les difficultés du monde à trouver ma porte d’embarquement. Le numéro indiqué sur mon billet n’est pas le bon, mais plus grave, il se trouve à l’extrémité est de la zone d’embarquement. Je me tape donc 10 minutes de marche pour rien.

Je refais le chemin inverse pour apprendre que ma porte se trouve à l’extrémité ouest… Me voici donc à rejoindre ma porte en petite foulée, car les annonces d’embarquements commencent à affluer pour les vols Virgin.

Mes codétenus dans la salle d’attente sont de tous âges et de toutes nationalités. Comme n’importe quel vol au final, mais pour le coup, j’étais curieux de voir quelles genres de personnes viennent se perdre à Bali.

L’embarquement commence sur mon Boeing 737.
Il est un peu plus de 18h.

Sensation étrange de quitter ce pays.
Un mélange de nostalgie et d’amertume. Le désamour fut profond les premiers temps, mais j’ai appris à l’apprécier au fil des mois. J’aurais même bien aimé y rester quelques mois supplémentaire, mais les conditions d’obtention d’un second visa étaient impossible à tenir pour moi.

Pools of sorrow, waves of joy.
Voici ce que je ressent près du hublot. C’est futile et un peu childness, mais oui, j’en veux à ce pays de ne pas m’accepter un peu plus longtemps chez lui.

6h de vol, 4500 km me séparent maintenant de ma destination, Bali.
Le grand saut dans l’inconnu commence.

Je ne le cache pas, j’étais assez anxieux.
Pas en mode panique, mais pour la premiere fois depuis longtemps, mon cerveau n’avait aucune grille de lecture pour appréhender ce que j’allais trouver sur place. J’étais dans un flou total, et la nature à horreur du vide.

Pour ainsi dire, je pense même d’ailleurs n’avoir jamais ressenti cela par le passé. Pour tous mes voyages précédents, l’excitation prenait le dessus. Même pour mon tout premier au Canada. Même en ne connaissant pas le pays, je savais bien que je n’y risquais pas grand chose, et que les differences culturels, bien que nombreuses, n’avaient rien d’infranchissables.

Dans l’avion, bien vite la nuit tombe, les Hommes aussi. Au vu de mon dernier paragraphe qui explique mon ressenti, je ressens une dualité assez étrange : atterrir le plus vite possible pour que ce vol se termine, et en même temps une envie qu’il dur le plus longtemps possible, pour reculer le plus possible le moment fatidique où je vais être lâché dans le grand bain. C’est que je sais tout juste nager moi.

Depuis le hublot, nous apercevons les premieres îles indonésiennes.
Dans la nuit noire, de faibles lumières, disposées de manières assez anarchiques, se font remarquer.
Nous sommes loin de Las Vegas !

Arrivée au dessus de Bali, le paysage se fait plus net, mais l’anarchie reste la meme. Des routes, des petits chemins, une lumière orange pétrole qui m’inspire autant de confiance qu’un coupe-gorge.
Shit.

Une fois l’avion posé, comme tout vol, nous devons passer par un cour sas qui joint l’appareil à l’aéroport. Sur ces quelques mètres où l’on navigue dans l’air ambiant et non dans l’air climatisé de l’aéroport, une chaleur d’une lourdeur incroyable se fait sentir. Etouffante, encore plus qu’à Brisbane, et il est minuit passé. Cela vous met tout de suite dans l’ambiance.

Je traverse l’aéroport de salles en salles, toutes immenses mais tellement vides.
A croire que nous sommes le dernier avion de la soirée.

Dans les longs corridors, les employées de l’aéroport, de tous corps de métiers, stationnent le long des couloirs, à même le sol, tous scotchés devant leur smartphone, entourés d’un silence religieux tout juste perturbé par le bruit des climatiseurs.

Le spectacle est ainsi assez atypique, et vous donne tout de suite le sentiment qu’ici, en Indonésie, les règles, la discipline, c’est assez secondaire…

Néanmoins je goûte déjà à l’exotisme.
En effet les corridors possèdent leur style propre qui n’ont rien à voir avec ce qu’on peut trouver en Occident. Le raffinement est plus important. De plus, l’odeur d’encens me prend les narines, et ne me quittera plus durant les 15 jours que je passerais à Bali.

Pays à forte majorité musulmane, les balinais ont eux la particularité d’être hindouistes. Les rituels sont nombreux, et les offrandes en occupent une bonne partie.

Dans les wc, des petits cartons carrés assorties de fleurs colorées se trouvent disposés en nombre un peu partout. Ce que je pensais être de la décoration se trouvait en fait être des offrandes aux divinités…

A force de tapis roulants, je me rapproche de la douane. Avant cela, j’arrive dans une grande salle recouverte d’une moquette beige, avec des colonnes supportant le plafond disposées tel un échiquier. Là encore, cette immense pièce est vide, et vous laisse ainsi une sensation étrange. Un sentiment de s’être perdu dans l’espace temps.

Je passe la douane sans encombre, juste le temps de vérifier qu’eux aussi, comme les employés de l’aéroport croisés plus en amont dans les couloirs, sont eux aussi très…relax. Pour rester dans le positif.

Même si mon hôtel, réservé la veille, ne semble pas très loin de l’aéroport, j’ai tout de même souhaité bénéficier de leur service de navette. Vu l’heure tardive de mon arrivée, et vu la confiance plus que moyenne que m’inspire les taxis.

Sorti de la douane, une foule épaisse de chauffeurs, en rangs serrés, attendent leur client, tenant tous leur panneau avec le nom de ce dernier. Je prend le temps de longer cette rangée interminable, 2 fois, donnant de faux espoirs à chacun, mais je ne trouve aucunement mon nom. Well, ca commence bien !

Comme tous les nouveaux arrivants, je fais la queue au distributeur de billet, avant de sortir de l’aéroport. Je peste un peu devant le temps que certains prennent devant la machine, mais une fois mon tour, je ne fais pas mieux qu’eux… Après plusieurs essais infructueux avec plusieurs de mes cartes (française et australiennes), je finis tout de meme à obtenir mes premières centaine de milliers de roupies indonésienne. Oui rien que cela. 1 euro equivalent à 14 000 roupies les enfants !

Mon argent en poche, je ne sais pourtant toujours pas comment trouver mon chauffeur. Dans un dernier corridor, juste avant la sortie je fini par le trouver. Seul avec sa pancarte. Il me faudra tout de meme m’y reprendre à 2 fois pour réussir à déchiffrer mon nom…

Nous sortons de l’aéroport, la chaleur me tombe dessus comme en sortant de l’avion. La belle berline dans laquelle j’embarque possède bien évidemment la clim.

Durant les 15 minutes que dure la trajet, j’essaye d’appréhender ce nouvel univers dans lequel je vais évoluer. Cet univers qui se dévoile aux travers des néons orange pétrole. L’Asie. Je l’ai rêvé, je l’ai attendu. J’y suis enfin finalement.

Etant un enfant des années 90, mes références à cette contrée du monde se reportent beaucoup à ce que le cinema hollywoodien nous en montrait. En particulier dans les films d’actions et d’art martiaux. Les Karaté Kid et autres Kickboxer, voilà ce que je me passait en boucle à l’époque parmi les quelques dizaines de K7 VHS dont je disposais.

Et dans tous ces films de combats, à un moment ou à un autre, il y a toujours un passage qui se passe en Asie. En particulier en Thaïlande en ce qui concerne Kickboxer. Ils nous montraient un endroit pauvre, délabré, avec des rues bruyantes, surchargées et constamment en mouvement. Une énorme fourmilière capable de vous faire sentir claustrophobe dehors. Des rues le soir parcourues de shops aux néons tape à l’oeil du plus mauvais goût, avec un mélange d’insalubrité et de modernisme. Un résultat bâtard. Un chaos où il vaut mieux baisser la tête et longer les murs.

Et bien pour une fois, je peux dire qu’Hollywood n’a pas travesti la réalité. Malgré les années, la scène reste la même. Les motos nombreuses qui circulent n’importe comment, les rues mal éclairées et sales qui vous font un peu froid dans le dos, et ce mélange affreux entre traditionnel asiatique et modernisme occidental. Ces maisons délabrées surmontées de publicités sur-éclairées hideuses, toutes les grandes firmes de l’Ouest avec leurs enseignes tape à l’oeil. Un clash de culture qui a enfanté d’un enfant difforme. Tout est exactement comment je pouvais l’imaginer.

Il faut dire que je me rend à Kuta, le quartier touristique de Bali, où tous les étrangers viennent profiter de la plage puis faire la fête ensuite. L’alcool, la débauche. Bref, la Sin City indonésienne.

Après avoir emprunté plusieurs minuscules chemins, où le calme se fait un peu plus présent car l’endroit comporte principalement des hôtels, nous arrivons enfin au Sayang Maha Mertha Hotel.

Que l’aventure commence.