Pris sous un torrent de pluie, je continue ma longue marche à la recherche d’un ATM.
Au bout de 10 minutes, la chance me sourira finalement.

En effet, un local qui roulait en scooter aura pitié de moi.
Me voyant en peine, il s’arrêtera pour me proposer de monter avec lui.

J’étais des plus sceptiques de prime abord.
Un service du genre étant rarement gratuit à Bali.

Mais il s’avérera que cette personne avait juste une âme charitable.
J’arriverais à lui faire comprendre que j’ai besoin de trouver un distributeur.

Et c’est ainsi que j’embarque sur son scooter.
Et quelle chance j’ai eu, car ce distributeur est éloigné de 15 minutes de route !
Soit une aventure folle à pied.

Toujours autant sur mes gardes lorsqu’il s’agit de monter sur un scooter, cette activité et sensation me restant encore assez étrangères, la combinaison d’une route mouillée et d’une fin de parcours s’effectuant en dévers sur une piste sinueuse n’aidera pas à me sentir plus rassuré.

Une fois à destination, je remercie chaudement mon chauffeur du jour, et retire mes quelques billets.
Mais me voilà bien avancé maintenant !

Car pour revenir à ma chambre, il va me falloir subir une marche d’une heure.
Dont la première partie à devoir gravir cette route sinueuse.

Je décide de me trouver à manger en premier, on verra pour la suite.
Je me trouve sur une route de passage, avec là encore aucun centre-ville à l’horizon.
Ni commerce, ni restaurant, ni pas grand chose au final.

C’est pourquoi à la vue d’un petit boui-boui local proposant de la nourriture, je ne ferais pas mon difficile et m’engouffrerais à l’intérieur. Au sec.

Il est 13h passé, les tables sont vides.
La gérante ne parle pas un mot d’anglais. Moi qui suis à la recherche d’authenticité, me voilà servi !
J’arriverais tout de même à commander un plat de fried rice.

Le temps que je me remplisse le ventre, la pluie s’est arrêtée.
Mais je suis évidemment encore trempé comme un canard.

Pas d’autre solution que de rentrer pour me changer.
De toute façon aucun wifi ou guide dans les environs, donc je ne sais absolument pas s’il y a des trucs à voir dans les parages.

Je commence ma pénible marche, en tendant mon bras pour signaler que je fais du stop.
Mais cette fois-ci personne ne s’arrêtera !

Au milieu de la route sinueuse, au bord de la falaise, je retrouve des têtes familières.
Une bande de macaques s’y prélassent. Profitant également de la nourriture laissée par les touristes, ces derniers s’arrêtant de manière assez régulière. En scooter ou en mini-bus.

Après une marche qui m’a paru ne jamais finir, me voilà enfin de retour à mon airbnb.
Veste mouillée, short trempé, chaussures inondées.

Moi qui pestais depuis mon arrivée en Asie d’avoir des sacs à dos bien trop pleins, je me montre pour une fois bien content, pouvant me changer entièrement avec des vêtements secs. Les petits plaisirs de la vie…

Identiques aux petits moments de conforts ultimes que l’on peut ressentir en faisant du camping sauvage, lorsque vous obtenez une petite victoire, comme réussir à faire du café chaud.

Il faut dire que je me sens plus ou moins en camping ici.
J’ai un toit et un lit, mais cela s’arrête là.

Avec ce temps humide et frais, au milieu de la cambrousse, je me sens assez prisonnier.
Et très limité.

Mes vêtements peuvent attendre, mais comment sécher mes chaussures de randonnée ?
Tant que le soleil ne pointera pas le bout de son nez je suis totalement piégé.

Je passerais le reste de ma journée au sec, en étudiant minutieusement des guides du coin.
Mais je me rend bien compte que sans scooter, ma présence ici est inutile. Je ne pourrais rien y visiter.

La nuit tombe, je me rend au café présent à l’entrée du airbnb, celui qui longe la route.
En plus de l’obscurité, je dois affronter les chiens des voisins, qui vous hurlent dessus dès la pénombre venue.

Dans le café, une petite dizaine de guests s’y trouvent.
N’ayant pas le luxe d’avoir plusieurs choix de restaurant, je me commande un plat. Vu que les prix sont assez élevés pour Bali, je prendrais donc le moins cher, soit un plat de fried rice végétarien.

La petite salle commune, sans mur ai-je besoin de le préciser, est assez animée ce soir là.
En effet, un groupe de musique locale s’y produit. Les membres sont tous revêtus de tenus traditionnelles, à l’image de la musique qu’ils jouent.

La petite dernière de la famille, celle qui gère l’établissement, âgée d’une dizaine d’années, nous propose même une danse. Très poétique, où la gestuelle a beaucoup d’importance. Cette chipie est très extravertie. Elle s’éclate pour ainsi dire, et vient essayer d’inviter à danser chaque personne attablée, jusqu’au moment où un convive cède pour la rejoindre sur la scène. Il essayait tant bien que mal de suivre les mouvements de la jeune fille, et ma foi, il ne se débrouillait pas si mal le bougre !

Une fois sustenté, je dois affronter de nouveau ces saletés de cabots pour retourner à ma chambre.
J’ai la chance de ne pas avoir une crainte des chiens, mais le problème ici c’est qu’ils peuvent avoir la rage, donc il vaut mieux pas que cela tourne au vinaigre. Ce qui vous rend vite anxieux.

Après avoir tué quelques insectes qui se baladaient dans ma chambre, je dois avouer que je prend un certain plaisir à devoir, et pouvoir, me fouiner sous une couette. Les basses températures ont aussi leurs bons côtés.

Le lendemain matin, le ciel est toujours couvert.
Cependant pas encore de pluie à l’horizon, il faut garder la foi.

En prenant mon petit déjeuner, je remarque que le guest qui occupe la chambre voisine de la mienne possède un scooter. Ayant repéré quelques coins sympas à voir dans les environs, j’aimerais bien m’y faire conduire.

Je tente donc ma chance et toc à sa porte !
Un jeune américain, la vingtaine triomphante, en sort.
Il n’avait aucun plan aujourd’hui, et se montre plus qu’enthousiasme pour aller faire un tour.

En l’écoutant parler, je ne peux m’empêcher de jeter un regard sur ses longs cheveux brun, qui ont atteint la taille juste nécessaire pour pouvoir les attacher. Et de me montrer ainsi envieux, car cela fait tout de même bien plus propre, or que de mon côté j’ai encore un long chemin de croix pour en arriver là…

Mon nouvel ami, originaire de la côte est US, me transporte ensuite en direction du temple Pura Ulun Danu Bratan.
Il est très connu, et fait ainsi la couverture de pas mal de guides de voyage. Pour autant, à ma grande surprise, en cette fin de matinée nuageuse, il n’y a pas foule à son entrée. C’est même plutôt vide !

Le complexe religieux flotte au milieu du lac Bratan, à proximité de la bourgade Bedugul.
Construit en 1633 en l’honneur de la divinité Dewi Danu, la présence d’un meru à onze toits y ajoute une beauté toute particulière, un peu gâché par le ciel blanc du jour.

Après cette visite, mon compagnon de voyage me propose d’aller voir les chutes Banyumala Twin, qui se trouvent à proximité de notre auberge.

Une fois avalé 10 minutes de route, nous devons emprunter une ridicule piste en dévers, composée de terre et de cailloux. Il vaut mieux ne pas avoir le mal des transports car nous sommes secouer dans tous les sens.

Après 5 bonnes minutes à dévaler la pente avec nos seules fesses comme amortisseurs, nous demandons notre chemin à un local qui se trouve sur le bas-côté.

Il nous indique qu’il faut encore continuer plus loin, tout en nous demandant nos pays d’origines et où nous logeons. J’ai déjà pu expérimenter ce type de demandes la veille en me baladant seul, qui se montrent ainsi assez récurrentes dans la campagne de Bali.

Au départ j’appréciais cette démarche, y voyant une envie d’en connaitre plus sur moi et d’échanger un peu. Mais après plusieurs rencontres du même type, je me rend compte que cela ressemble bien plus à du flicage qu’à une volonté de faire connaissance.

L’entrée des chutes se trouvent encore 5 minutes plus en contrebas.
Nous garons notre engin à proximité d’une petite hutte, où il faut payer quelques roupies pour pouvoir accéder aux chutes. Rien n’est gratuit en Asie du Sud-Est…

Ces chutes d’eaux sont pour autant encore bien cachées !
En effet, il nous faut encore emprunter un chemin escarpé durant 10 minutes. Au milieu de la végétation, une petite piste vient y lézarder dans tous les sens.

En pente descendante, il faut marcher avec soin, toute la pluie ayant tombée récemment rendant la randonnée assez casse-gueule.

Par endroits, l’inclinaison est si forte qu’ils nous faut emprunter des escaliers en bois de fortune, où chaque marche a l’air de vous attendre pour rendre son dernier souffle et vous emporter avec elle.

Sur le plus grand d’entre eux, nous croisons une colonne de locaux, justement entrain de renforcer un peu la construction. De manière archaïque, sans outil ou presque. Ils nous prient de descendre avec prudence, chose que, avec mon appareil en bandoulière, j’applique depuis le départ ! Laissant mon américain filer loin devant.

Heureusement, ce petite périple vaut le coup, et les chutes se montrent des plus poétiques.
Perdues au milieu d’une dense végétation, un peu comme un oasis, comme un havre de paix. Contrastant avec le vacarme qu’elles engendrent.

Oui elles, car elles sont jumelles.
2 bras blancs s’étirent le long de la paroi rocheuse, telles 2 voiles venant recouvrir cette pierre sombre.

En crapahutant un peu, nous trouvons des fleurs très colorées qui viennent finir de planter le décor d’un spectacle enchanteur.

Après en avoir pris pleins les yeux, on va en prendre…plein la tronche !
En effet, une fois gravi le chemin du retour, nous enfourchons notre tonnerre mécanique, et reprenons cette piste étroite et rocheuse, qu’il faut maintenant remonter.

C’est au même moment que le ciel a décidé de se manifester, et de nous envoyer une soupe de tous les diables.
L’ascension devenait bien trop risquée.

Notre solution de repli fut de nous arrêter dans une petite bicoque se trouvant le long du chemin. Au final, le baraquement est également un petite supérette locale. Nous nous mettons à l’abris sur la terrasse, et achetons des confiseries.

La pluie intense balaye tout sur son passage, et n’a pas l’air de vouloir s’arrêter.
La terrasse où nous nous trouvons arrive tout juste à nous protéger de la tempête. Son étanchéité plus que précaire fait que l’eau arrive tout de même à pénétrer.

Cette situation est des plus agaçante, mais une petite partie de moi s’en trouve ravie.
En effet, je ne suis pas venu en Asie pour rester dans un hôtel 4 étoiles, et ainsi, ce genre de péripéties, cela fait parti du jeu et cela devait bien arriver un jour ou l’autre !

Après une dizaine de minutes à attendre, aucun changement.
Mon compagnon de route m’indique qu’il souhaite repartir.
Cela sera donc épique !

Sous une pluie battante, sur une piste totalement défoncée et glissante, mon chauffeur se débrouilla comme un chef. Ne perdant l’équilibre que 2 fois, s’excusant à chaque reprise, bien que je lui précisais qu’il s’en sortait très bien vu les conditions apocalyptiques du moment.

Une fin de journée qui a un goût de déjà vu.
Ainsi, comme la veille, je rentre a l’hôtel, trempé jusqu’aux os, et je dois cette fois improviser pour trouver des vêtements de rechanges secs.

Sur la terrasse de l’auberge, la vue sur la vallée est toujours aussi ombragée.
Mais cette fois, des nuages bas filent à toute allure à basse altitude, donnant une scène assez grandiose, où les nuages traversent l’horizon comme des vagues infinies.

La vallée, par moments invisible, par d’autres, partiellement dévoilée, joue avec vous.

Parfois, il vaut mieux rester au sec, installer sa GoPro et lui laisser faire le travail, et se mettre en retrait, un bon café et une clope à la main.