A Bali, un nouveau jour se lève.
L’heure pour moi de quitter Kuta pour Ubud en ce 6 novembre 2016.

Le plus pratique pour se déplacer sur l’île est sur 2 roues. Les transports en commun étant quasiment inexistant, et le prix de la location d’un scooter étant de toute façon si dérisoire. Mais encore faut-il savoir s’en servir…

A force de recherches, je tombe sur une compagnie de transport, Perama Tour, qui assure des connections dans quelques villes de l’île.

Elle a beau être citée par plusieurs guides et blogs, son site internet rudimentaire n’inspire pas une grande confiance. Idem lorsque j’irais réserver un billet la veille dans leur agence. Je tombe sur une équipe de jeunes parlant un anglais approximatif, autant que l’organisation. Je remplis un formulaire, paie ma place et on me donne en échange un petit bout de papier comme reçu. Et bien soit !

En milieu de matinée, je check out de mon hôtel, et c’est parti pour une bonne quinzaine de minutes de marche pour atteindre l’agence de bus.

On a beau être qu’en début de journée, le soleil est bien là, et la tâche pénible, avec mes 2 sacs à dos. Une fois sur la rue principale Jl. Legian Kaja, évidemment avec tout mon attirail, les sollicitations pleuvent pour me proposer un tour en scooter.

Il est intéressant de constater là encore les différences culturelles.
La compagnie de bus essayant de se calquer sur les standards occidentaux, mais n’y arrivant jamais vraiment.
Cela reste assez l’anarchie.

Le bus, ou plutôt l’antiquité, doit déjà se frayer un minuscule espace pour prendre les passager dans l’étroite rue. Un employé s’occupe d’embarquer nos sacs sans vraiment savoir si nous sommes bien des clients ou non. Le chauffeur nous laisse entrer avec lui aussi un doute permanent malgré nos billets. Enfin, un dernier employé vient nous compter et recompter une fois installé dans nos sièges.

La procédure pourrait être tellement simplifiée et optimisée, mais ils manquent de rigueur.
N’importe quelle personne venant de l’Ouest pourrait organiser un système plus fonctionnel, car nous évoluons dans des systèmes hiérarchisés et codifiés depuis toujours. Nous l’avons intégré comme une norme universelle.

Je me faisais la réflexion sur le moment que je comprenais maintenant pourquoi il peut être si dur pour des sociétés occidentales implantées dans des pays en voie de développement de faire appliquer leurs process par leurs employés locaux.

Bien vite je réalise que ces derniers ne sont pas à blâmer.
C’est juste culturel.

Nous n’avons pas été élevé avec les mêmes codes, et des procédures qui nous paraissent être de bon sens peuvent paraitre abscons pour d’autres.

Une fois le mini bus lancé, je ressens pour la première fois depuis mon arrivée en Asie, et même depuis bien avant cela, le souffle chaud de l’aventure qui me traverse.

Assis dans cet habitacle d’un autre temps, n’ayant aucune idée précise de ma destination ainsi qu’une confiance toujours moyenne sur la fiabilité de la compagnie, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles.

« Mais dans quoi je me suis embarqué encore ?! ».

L’aventure.

En quittant Kuta, les environs deviennent évidemment plus vides, mais avec toujours une certaine urbanisation. Nous croisons en chemin un nombre incalculable de magasins vendant des statues en pierre à l’effigie des divinités locales. Elles remplissent les entrepôts et débordent largement sur le trottoir. A se demander comment toutes ces enseignes arrivent à écouler leur stock.

Après 1h30 à se faire secouer, Ubud est en vue.

Mon arrivée dans cette ville fut dans la plus pure tradition backpacker.
A l’arrache et donc laborieuse !

A la sortie du bus, je dois déjà passer outre la horde de locaux qui veulent me proposer un lift.
Ensuite, pour me guider, je ne dispose que de quelques photos de googlemap prisent sur mon Iphone.

Le dépôt de bus se trouve dans la banlieue sud de la ville.
Mais vu que mon logement est censé se situer moins d’un kilomètre plus au nord ça devrait le faire.

Apres avoir checké la boussole de mon téléphone, je marche donc en direction de la rue Jl. Hanoman.
Je croise de nombreux restaurants et hôtels assez cossus, mais l’ensemble reste très rurale. Beaucoup d’espace, de verdures. Ces enseignes d’ailleurs ont tous un design très sobre et élégant qui invite à la relaxation. Kuta me semble bien loin…

Je continue ma route sur un trottoir qui a la bonne idée d’être surélevé d’un mètre, m’obligeant à de pénibles manœuvres tous les 10 mètres lorsqu’il y a un croisement. Cette voie pour piéton est de plus composée de larges dalles de béton, dont un bon tiers sont déjà branlantes ou tout simplement brisées en 2. Marcher en ville est donc un jeu d’obstacle à Bali.

Jl. Sugriwa

Tel est le nom de la rue où je dois me rendre.
Mais il devient vraiment compliqué de suivre mon plan.

Je dois couper à droite à un moment donné, mais tout se ressemble tellement.
Je croise des petits chemins qui ne sont pas sur mes photos, et les « rues » qui s’y trouvent ont pour ainsi dire la même allure…

Finalement je m’engage sur une voie à droite, en zigzag, n’offrant que peu de visibilité et aucun passage pour les piétons.
Il faut donc se frayer un chemin entre les scooters et les voitures.

Je commence à perde patience, car je m’engage dans un trou qui ne ressemble absolument à rien.
Le souffle chaud de l’aventure a laissé place à un vent glacial et effrayant.

Au milieu de la route défoncée et des logements aux façades usées, je ressens un sentiment de perdition et de déboussolement intense.

Il m’est déjà arrivé (trop souvent) de galérer pour trouver une adresse au Canada, aux Etats-Unis ou bien même en Australie. Mais cela n’a rien d’effrayant. Au bout du compte, je pourrais toujours trouver un autre logement si je me perds.

Ici, non.
Ce mobilier urbain m’est inconnu.
Mon cerveau n’a aucune idée de comment gérer cette situation.

Pas de MacDonald où je pourrais capter du wifi.
Pas de café où je pourrais toujours demander des infos.
Pas de services de transports en commun qui me permettent de me déplacer comme j’en ai envie.

Je n’ai aucun code pour m’orienter, tout me paraît si étranger.
Plus loin, cependant, un panneau vient me rassurer, je serais bien sur la bonne rue.

Il me reste encore à trouver le numéro de mon logement.
Sachant que 3 bâtisses 
sur 4 n’en possèdent aucun…

En parlant de bâtisses, je m’avance un peu.
Car la rue est emmurée de pierre de chaque côté.
Les entrées des logements sont des plus singulières.

En effet, une entrée est composée d’une haute et large construction en pierre ou en terre, le plus souvent avec des divinités taillées dans la roche. L’entrée proprement dite se trouve au milieu de cette construction, et pas plus large d’un mètre. Ce qui rajoute au dépaysement mais surtout au déboussolement.

J’arrive tant bien que mal au numéro que je recherchais.
Pas de porte à laquelle toquer, personne dans les environs, je ne sais pas si j’ai la permission d’entrer.
Je me la donne.

Je traverse l’étroite entrée en terre, pour faire face tout de suite à une nouvelle construction religieuse.
Je la longe, et accède à une grande cour à ciel ouvert.

Ce n’est pas un grand logement concentré comme chez nous.
Ici tout est éclaté.

Une bâtisse à gauche, une autre à droite et quelques autres encore dans l’arrière cour.
Au centre, une imposante construction, constituée d’une large dalle de carrelage surélevée.

Sa surface est vierge de toute fioriture et d’une propreté éclatante.
C’est d’ailleurs le seul bâtiment bénéficiant d’une toiture.

La seconde chose qui vous tape à l’oeil est le vert.
Omniprésent.

Le sol est composé de dalles en alvéoles ayant vécues.
Les plantations, présentes à chaque recoin.
Pas de fleurs, mais d’imposantes plantes, d’une verdure elle aussi éclatante.

Sur ma gauche, une première construction, elle aussi surélevée.
Cela ressemble à un salon : coussins sur le carrelage et poste de télévision, mais sans murs.

Un papy s’y trouve justement.
Le frêle gaillard, en remarquant ma présence, me salue, tout en descendant péniblement de sa tour d’ivoire.

J’essaye de communiquer avec lui en anglais, mais je n’aurais droit en retour qu’à de grands sourires gênés.
Il interpelle ensuite une personne dans la pièce d’en face.

Un jeune adulte en sort.
Lunette sobre et habits occidentaux, ce jeune homme parle la langue de Shakespeare.
J’étais attendu, il me conduit donc vers ma chambre.

Nous longeons l’imposante structure vide centrale, qui est suivie par quelques bâtiments encore. Dont un espace cuisine et vaisselle, là encore sans murs, et assez rudimentaire. En face, quelques cages à bestiaux.

Nous accédons à la partie arrière de la propriété, où la végétation se fait plus dense que jamais, mais bien entretenue. Trois chambres spacieuses se trouvent juxtaposées l’une à l’autre, séparées par des bambous, assurant une bonne intimité.
J’occuperais celle du fond.

Petit chemin coulé en béton, terrasse spacieuse avec table et chaises, tout a vraiment été construit avec attention.
C’est du fait maison mais on sent le soin apporté au détail et c’est assez réussi.

La chambre est du même acabit.

Un grand lit pour moi doté d’une salle douche et wc, le tout respirant le neuf.
Sans aucune hésitation, ce logement dépasse largement celui que je viens de quitter.

Et bien, quelques minutes en arrière, je ne m’attendais pas du tout à cela !

L’hospitalité est reine ici et on me propose tout de suite un café, qui sera accompagné de quelques douceurs. Le tout sur ma petite terrasse. La bonne surprise de la qualité de la chambre et ces petites attentions me boost assez le moral.

Mais avant de prendre mon café je me rue littéralement sur la douche, car après ces 2 marches avec mes sacs sur le dos, je pourrais remplir une piscine rien qu’en essorant mon t-shirt.

De plus, vu que je me laisse pousser les cheveux et que cela commence à ce voir, avec de la sueur cela ne ressemble à rien du tout. Enfin un peu plus qu’à la normal…

Plaisir ultime, la douche est…chaude ! Je n’avais pas eu droit à ce luxe là à Kuta, et croyez-moi, même si on suffoque à l’extérieur, ça pique toujours un peu une eau froide.

A nouveau présentable, je sirote mon café avec l’esprit léger.
La motivation est revenue, ainsi je sélectionne quelques coins à aller voir dans les alentours

En sortant de ma chambre, je fais la connaissance des parents du jeune homme qui m’a accueilli. Dans leur quarantaine, avec toujours un large sourire sur le visage. Ils parlent un anglais très rudimentaire mais suffisant pour se faire comprendre.

Je les quitte pour découvrir un peu Ubud.

Petite bourgade de 35 000 âmes, où la vie parait bien plus paisible qu’à Kuta.
Ubud a le charme et la tranquillité d’une petite ville de province.

Pour autant très touristique, mais les sollicitations des locaux sont bien moins nombreuses que la ville que je viens de quitter. Enfin à une exception près : les salons de massages !

Ubub en compte un nombre important, et devant chaque salon, toutes les masseuses sont assises, papotent, et vous lancent des « massage » en canon.

En attendant, je reste assez perdu dans les centres urbains de Bali.
Sans repères sur lesquels m’accrocher, déambuler dans les rues est une épreuve particulière.
Comme si vous vous trouviez sur la lune.
Rien ne vous semble familier.

En longeant la rue principale, Jl. Raya Ubud, je tombe sur ma gauche sur le marché d’art « traditionnel » de la ville.

Bien qu’il soit très coloré et qu’il s’étale et se perd dans plusieurs ruelles adjacentes, il ne vaut pas vraiment le déplacement. Contenant babioles et autres souvenirs, c’est pour ainsi dire le marché pour touristes, ces derniers bondant le moindre mètre carré.

Après m’être perdu volontairement dans les petites allées de ce marché, je me perd…pour de bon !

Carte en main, je souhaite visiter quelques temples qui doivent se situer à quelques minutes à pieds.
Mais impossible de trouver mon chemin. 
Pourtant je ne suis pas un bleu dans ce domaine, des cartes, j’en ai utilisé un nombre de fois incalculable depuis le début de mes voyages.

Mais là plus je me déplace et plus je m’enfonce dans l’inconnu.
La solution pour retrouver ma route fut assez radicale : utiliser la boussole de mon Iphone !

Une grande première. Mais efficace.
Avec ma carte et ma boussole, je me repère enfin.

Je me rendrais compte plus tard que les plaques contenant le nom des rues sont des plus piégeuses. En effet, si vous longez une rue et en croisez une autre, la plaque en face de vous n’indique pas la rue que vous croisez, mais la rue où vous vous situez. Ce léger détail est amplement suffisant pour vous faire tourner en rond si vous n’êtes pas au courant…

Bien vite, je retrouve la rue principale, et peux ainsi me délecter de mes premiers temples hindous.