Mon chemin retrouvé, je continue mon exploration d’Ubud.

Arrivé au croisement des rues Jl Raya Ubud et Jl Suweta, une petite foule m’indique que Ubud Palace et Puri Saren Agung ne se trouvent pas très loin.

Erigé pour sa majeur partie en 1917 après un tremblement de terre, ce complexe est composé de plusieurs bâtiments traditionnels avec un charme certain.

Les couleurs sont vives, et les divinités hindouistes sculptées sur tous les murs en pierre sont des plus dépaysants. Je ne reste pas bouche bée devant ces édifices mais je les apprécie à leur juste valeur et prend le temps de scruter leurs moindres recoins avec curiosité.

Dans un registre moins culturel, je décide de poursuivre ma journée au Sacred Monkey Forest Sanctuary.
Pour cela, je descend rue Jl Wanara Wana sur un petit kilomètre.

Le soleil est écrasant et l’humidité toujours au rendez-vous. Mon t-shirt est ainsi déjà repeint… Mais il faut faire avec, je ne peux pas prendre une douche toutes les 10 minutes…

Après avoir payé 50 000 roupies, j’accède enfin à la forêt, et très vite, en suivant un petit chemin pavé, je tombe sur le pourquoi je me suis rendu ici : je croise mon premier macaque !

Je ne dirais pas que j’étais émerveillé mais c’était tout proche.

Je réalise en fait sur le moment que je n’ai jamais rencontré de singe auparavant.
J’en ai croisé évidemment dans des zoos !

Il y a déjà une paire d’années, d’où ma légère amnésie, mais c’était toujours derrière un grillage, en passant rapidement.
Là les voir déambuler devant vous, en liberté, à proximité de vous, c’est très different.

C’est grisant et j’ai l’impression de redécouvrir cet animal.
Avec sa démarche chaloupée, son esprit lubrique et ses facéties.

Il ne faut pour autant pas baisser sa garde, car ces petites boules de poils peuvent se montrer très caractérielles. Elles peuvent très vite se montrer agressives, et il est ainsi plus que conseillé de ne pas les fixer du regard sous peine de les rendre furax.

Il ne faudra pas beaucoup de temps pour que j’assiste à une telle scène, 2 filles en faisant les frais.
Au moins, je suis prévenu.

En plus des macaques, cette forêt vaut aussi le coup d’oeil pour les temples qu’elle héberge.
Perdues dans une végétation dense, dans une jungle au final, au sens littéral du terme, ces constructions ne peuvent laisser indifférent.

Arbres immenses, lianes qui occupent tout l’espace, marches en pierre verdies par le temps, sculptures cachées un peu partout. C’est bien simple, on se croirait tout droit sortir des décors d’Indiana Jones ! Ou des niveaux indiens dans Tomb Raider III pour les (vieux) gamers.

J’en prend pleins les yeux et je me délecte de cet environnement évocateurs d’histoires et d’aventures.

Une fois le tour complet de la jungle fait, j’arrive devant un petit mais long muret, où pas mal de monde se prend en photo avec les singes tout proche. Cela se termine souvent par des cris et donc en eau de boudin, mais qu’importe, je patiente pour trouver une bonne âme qui pourrait m’aider dans ma tâche.

Une fois mon larron trouvé, je m’assois sur le muret à proximité d’un singe.
Je ne peux pas le surveiller, mon regard étant fixé sur l’objectif.

Après quelques instants, mon photographe du jour m’interpelle pour me signaler que le macaque…me fait les poches !
Je me tourne vers l’animal, qui en effet retire de la poche gauche de mon short un mouchoir.

C’est là qu’on se félicite de n’avoir mis aucun effet de valeur dans ses poches ouvertes…
Car cela aurait été un téléphone ou un appareil photo, cela aurait été la même chose !

Bien que cela ne soit qu’un mouchoir, je ne sais pas si c’est mon côté écolo qui ressortait (Bali étant assez sale comme ça), mais je n’avais pas envie de le lui céder. J’agrippe le mouchoir, l’animal commence à brailler un peu et me fixe du regard.

J’ai beau connaitre les règles, je ne peux m’empêcher de maintenir le regard.
Bien que cela soit vite intimidant, car je me rend compte que je suis assis et qu’il peut ainsi facilement se jeter sur moi.

La bête se met alors à vraiment crier, pour finalement me mordiller légèrement la main. Comme pour un chien, j’avais envie de lui répondre par une bonne claque sur le museau, mais d’une ce n’est pas un chien, et de deux je ne pense pas que les nombreux touristes aux alentours auraient apprécié…

On se fixe alors encore du regard l’un et l’autre, avant que le chapardeur finisse finalement par déguerpir.
Ce léger incident n’entame en rien le plaisir que j’ai eu à découvrir ce lieu !

Au lieu de remonter la rue Jl Wanara Wanna comme pour l’aller, je décide de continuer mon chemin un peu vers l’est, avant de remonter vers le nord où se trouve mon logement en passant par Jl Hanoman.

Bien m’en a pris.

Entre 2 habitations, je distingue un grand espace vierge.
En me rapprochant, je trouve en face de moi une rizière.

La voilà l’Asie !

Cette grande étendu d’eau qui agit comme un immense miroir naturel inspire la quiétude.
Le tracteur planté au milieu, les pieds dans la boue, inspire plutôt le dur labeur.

Après cette journée bien remplie, je rentre finalement dans ma chambre.

Une douche s’impose évidemment, et je me fais la réflexion qu’à ce rythme là, la partie lessive va prendre une place importante dans mon budget !

La nuit est tombée.
Le corps est propre mais le corps a faim.

Je demande à mes hôtes où je pourrais me trouver à manger.
Ils m’indiquent un établissement juste à côté de chez eux.
On ne peux pas faire plus près !

En sortant, j’aperçois en effet sur la gauche un bâtiment.
Qui fait d’ailleurs plus penser à une grande cabane.

Un bois sombre avec une décoration très sobre mais l’ensemble fait assez cosy et donne envie de s’attabler.
Sur le même sujet, vous ne trouverez qu’une seule table en ce lieu.

Ne voyant personne, j’avance à pas de velours, ne voulant déranger personne.
Je tombe alors sur 2 jeunes locaux, qui me donnent l’impression d’être frère et soeur.

Ils m’offrent un accueil extrêmement chaleureux et je sens que ma présence leur fait vraiment plaisir.
La jeune fille parle un anglais rudimentaire mais bien suffisant pour tenir une conversation.

Avant de m’installer, je check le menu.
Et je dois m’y prendre à 2 fois pour le lire, tellement les prix affichés sont ridiculement bas.

2 500 roupies pour le plat le moins cher.
Soit moins de 2$ !

Je me sens tellement mal de les faire travailler juste pour cette somme, étant le seul client, que je commande également un ice tea, qui lui aussi est à un prix dérisoire.

Mon choix étant fait, la fine équipe s’active derrière un comptoir.
La cuisine ressemble plus à une cuisine familiale qu’à celle d’un restaurant, mais cela me va parfaitement.

Pour le prix, évidemment.
Mais pour l’ambiance qui s’y dégage aussi.

On sent que c’est monsieur et madame tout le monde qui cuisinent le soir pour arrondir un peu les fins de mois. Ce n’est pas une chaîne de restaurants occidentale. Ni un restaurant locale qui profitent des touristes pour gonfler les prix.

Ici, je touche à la simplicité, à l’authentique.
J’ai pour la première fois la sensation de ne pas être traité comme un pigeon, mais comme un local.
Mieux, comme un ami.

En sirotant mon ice tea, je peux dire que j’ai peut être pour la première fois depuis mon arrivé l’esprit léger. Pour la première fois, je baisse ma garde, sort de ma carapace et profite du moment présent.

Ce thé glacé deviendra ma boisson officielle à Bali.

En effet j’ai toujours aimé cette mixture, mais sur cette île, ils vous font un ice tea maison avec quasiment autant de sucre que d’eau ! Certains détestes, mais moi qui suis d’une faiblesse sans nom face au sucré, je succombe.

Le plat sucré-salé qu’on me sert est aussi des plus succulent.
Je paye avec plaisir mon repas du soir, et nous nous quittons tous avec de larges sourires sur le visage.

En repassant par l’entrée de mon logement, l’obscurité est combattue quelque peu par la lumière parasite d’une télévision,  celle du salon (sans mur). De dos, assis sur des coussins, je devine la présence des grands parents. Ils arrivent tout de même à m’entendre et me saluent, eux aussi avec un large sourire communicatif. Niveau communication justement, j’essaye de leur faire comprendre que j’ai bien mangé, à l’aide de mimes !

En fumant ma cigarette sur ma terrasse, je profite de la tranquillité ambiante.
Cependant il me faut la finir en vitesse, car les moustiques arrivent pour ouvrir le bal.

Après cette journée pleines de bonnes surprises, le moral est évidemment plus que bon.
Je me motive donc à planifier une marche tôt le lendemain matin à travers les champs de rizières dans la campagne d’Ubud.

Enfin tôt…
Sur le papier !

Cette marche est conseillée à faire au levé du soleil, aux alentours de 6h du matin, pour éviter la grande chaleur.
Bon moi qui ai toujours une gourmandise au sujet de mes heures de sommeils, je décide de la commencer à 7h.
Enfin…de mettre le réveil à 7h.

L’Iphone qui se fait entendre, les yeux qui piquent, je sort du lit comme je peux.

Appareil photo, bouteille d’eau, on est bon. Un simple petit arrêt en chemin pour m’acheter une pâtisserie locale en guise de petit déjeuner et c’est parti.

Je me rend de nouveau au coeur d’Ubud, à l’emplacement d’Ubud Palace.
A partir de là, je continue plein ouest sur Jl Raya Ubud.

Un petit kilomètre plus loin, je bifurque sur la droite pour quitter la rue et emprunter un petit chemin.
L’urbanisation galopante se trouve stoppée nette et me voilà entouré de nature.

Le petit chemin en terre commence à serpenter un peu, mais surtout à prendre de la hauteur.
Peu d’ombre, je commence déjà à ressentir une grande fatigue avec ce soleil de l’enfer qui est bien au rendez-vous.

Je croise quelques touristes qui empruntent le même chemin pour redescendre.
Ils ont surement du se lever à 6h du matin pour profiter de la fraiche pour randonner.

Voilà des gens intelligents !
Il en faut.

Durant que moi, je tire la langue et perd mon souffle un peu plus chaque mètre foulé.
A un point où j’ai très sérieusement pensé à rebrousser chemin tellement la chaleur massacre mon corps.

Après un effort supplémentaire, le terrain devient un peu plus plat et ainsi moins gourmand en énergie.
Je profite du moindre arbre que je croise pour me glisser dans son ombre quelques secondes.

Me voici arrivé sur la piste principale, Campuan Ridge Walk.
La vue se dégage enfin un peu.

En contrebas du sentier, de chaque côté coule une rivière.
Au loin, des vallées touffues et verdoyantes viennent remplir l’horizon.
La présence de quelques villages se devinent.

Le chemin devient maintenant pavé, et j’accède ainsi à une petite zone d’habitations.
Quelques maisons, une maison d’artiste, un café/supérette de fortune destiné aux touristes vagabonds.

Une fois cette zone traversée, le spectacle commence.
Les premiers champs de rizières s’offrent à vous, et très vite, occuperont tout votre champ de vision.

Un paysage de carte postale.

Ce vert, encore une fois si intense.
Cette nature, à la fois si luxuriante mais en même temps si maîtrisée.

Les champs sont rectilignes, formant des escaliers par moment, ou dessinant des courbes par endroits.
Un mélange d’élégance et de géométrie qui sont un délice pour les yeux.

Au loin, des rangées de palmiers, des cabanes.
Terre verte, ciel bleu et un silence à peine perturbé par une légère brise qui vient caresser les plantations de riz. Un territoire onirique où vos sens sont en éveil.

Malgré la chaleur, quelques agriculteurs s’occupent de leurs champs, affublés d’un grand et large chapeau en bambou.

Au milieu des champs, vous trouverez quelques cabanes faites de tôles oxydées.
Ce-sont là où les locaux viennent se reposer un peu, à l’abris du feu du ciel.
Le plus souvent bordés par un plan d’eau, où des nénuphars ont pris place.

Mon plan des plus sommaires me trahira encore une fois.
Continuant plein nord, un chemin doit se trouver sur ma gauche pour ensuite repartir plein sud pour effectuer une boucle.
Sauf que le chemin à gauche, je le cherche toujours !

Arrivé à un cul-de-sac, il va bien falloir que je tourne quelque part.
Je grimpe sur un champ et marche sur un talus de terre/boue délimitant 2 rizières.

Ces talus, encadrant chaque champ, sont donc très nombreux et ressemblent un peu au damier urbain des villes nord-américaines. Je pourrais continuer à jouer à l’équilibriste comme cela encore longtemps, les rizières s’élevant jusqu’à l’horizon.

Je rebrousse alors chemin, crapahute un peu à gauche à droite, et j’aperçois un petit cours d’eau longé par un muret pas plus haut que les talus sur lesquels je viens de m’aventurer.

En marchant sur ce petit rebord de pierre, en mode toujours à rechercher ma balance car il est bien étroit, j’accède à un tout petit village. Quelques habitations sont présentes sur chaque bord du cours d’eau.

Des poules se promènent en liberté avec leurs petits, des cochons sont parqués dans un coin, à proximité d’une décharge pleine de plastique et de détritus divers.

J’ai un peu l’impression d’avoir trouvé le village des schtroumpfs tellement il sort de nul part !

Je croise quelques locaux dans leurs habitations.
Ils me saluent, timidement, lisant dans leurs yeux la surprise de me voir ici.

Ce n’est définitivement pas le circuit touristique normal !
Je croise une femme faisant sa lessive dans la rivière, le plus simplement du monde.
Plus loin, une enfant aide sa mère aux tâches de la ferme.

J’aimerais fortement continuer mon chemin à explorer ce village, mais je n’ai pas envie de déranger. Qui plus est, avec mon appareil photo, je n’ai surtout pas envie de donner l’impression qu’ils ne sont que des bêtes de foire pour moi. Problème que je rencontrerais souvent en Asie durant mes sorties photo.

Une nouvelle fois, je fais demi-tour, pour retourner à ce que je pensais être un cul-de-sac, mais en fait qui n’en est pas un…
Je met l’oeil enfin sur un tout petit bout de sentier qui mène sur une route.

Ok, let’s see what you got for me !

Cette dernière part bien vite sur la gauche comme espéré.
Serait-ce le bon chemin ?

La route pénètre alors de nouveau dans une jingle épaisse.
Pire, elle se transforme en colimaçon comme une route de montagne.

Mon corps totalement exténué après cette virée dans les rizières, où je me suis retrouvé en plein soleil, je dois taper sur le peu d’énergie qu’il me reste pour gravir cette route tortueuse, en voyant les scooters me passer sous le nez.

Je garde un oeil attentif sur ma boussole, et pris pour que le rouleau de bitume prenne la direction sud à un moment donné.
Il faudra attendre quelques pénibles minutes pour cela, mais ça sera le cas !
Je peux enfin entamer ma descente pour finir ma boucle.

L’urbanisation reprend vite ses droits, et la route se transforme en rue assez animée.
Un local s’approche de moi, et m’indique la direction de Sungai Ayung (la riviere Ayung).

Un site réputé pour ses magnifiques rizières.
Oui mais non !

J’aurais toutes les peines du monde à lui faire comprendre que c’est très gentil de sa part de me proposer son aide, mais que je suis exténué ! Et donc impossible d’enchainer avec cette nouvelle marche.

Un prochain jour.
Peut être.