Thirty Seconds To LA – #17 – 2013
Un réveil toujours aussi tôt, un ciel toujours aussi bleu, un petit déj toujours aussi riche en caféine, me voilà reparti vers le downtown.
Une fois sur place, je file à mon QG sur Historic Core.
Dans le flot de réponses négatives sur couchsurfing, j’ai la bonne surprise d’avoir déjà des retours au sujet de mes demandes sur HelpX. Un est également négatif, mais l’autre a l’air plutôt positif.
Ce dernier concernait un certain Leo, qui était prêt à héberger quelqu’un durant 15 jours environ, en échange d’un peu d’aide pour développer le site web de son entreprise, autant sur la technique que sur la base de données. Le truc un peu barbant mais qui serait un moindre mal pour rester 15 jours sur LA. Cependant ce sont mes compétences en audiovisuelle qui l’ont intéressées ! Il aimerait bien quelqu’un pour refaire de façon pro quelques vidéos de présentation.
Durant que je pianote près d’une baie vitrée, je remarque dans la rue un grand black baraqué, genre joueur de NFL. Casquette rouge à l’envers, piercing sous les narines, mais surtout…deux pythons autour du cou. Mais qu’est-ce que c’est que ce délire encore ??
Je serais bien sorti prendre des photos mais j’aurais dû laisser toutes mes affaires en plan sans surveillance.
Après une dizaine de minutes notre homme repasse devant le Starbucks, et une cliente, aussi curieuse que moi, sort dehors en courant pour l’interpeller et ainsi pouvoir observer les bêtes de près. Là je me dis merde, au diable mon EeePC, je lâche tout et embarque juste mon appareil.
Le mec super sympa, bien que très imposant.
Il me permet de le filmer, et aussi de pouvoir toucher l’une de ses bêtes. Je n’avais jamais touché de serpent auparavant, j’en avais donc grandement envie. La sensation est super space bien entendu ! La température déjà, froide. Et la texture, avec ces écailles qui glissent sous vos doigts, sans être rêches ni humides. C’est très bizarre, et j’aurais eu besoin de nouvelles expériences pour y mettre des mots plus précis.
Je retrouve ma place dans le Starbucks, et je suis sur un petit nuage.
« Mais qu’est-ce que c’est que cette ville ? », me disais-je sourire au coin. Comment la détester après toutes ces aventures random qu’elle m’apporte ?
Pour autant j’ai encore du boulot !
Je repère sur internet des coins à voir, je sélectionne, recopie les adresses, me dessine des plans, m’informe sur le métro, etc… C’est décidé, demain je fais un tour à Hollywood ! Soyons fou.
Avant de repartir sur Inglewood, je me balade un peu dans le downtown.
Je tombe sur le Walt Disney Concert Hall, avec son architecture si…architecturale (photo titre de ce billet). Inauguré en 2003, il fait partie du renouveau insufflé dans ce quartier. Le bâtiment accueil l’orchestre philharmonique de Los Angeles.
Je continue de remonter Grand Ave, et j’arrive à Grand Park.
Ce petit parc est sorti de terre en 2012, et en ce mois d’aout il y plane un parfum de douce torpeur et de vie simple au soleil des plus agréables. Il débute par un grand jeu de fontaines. La plus importante fait jaillir de l’eau en hauteur à intervalle régulier, jouant à cache-cache avec le Los Angeles City Hall, qui se trouve pile dans l’axe 400 mètres plus loin.
Ce dernier, avec ses 138 mètres d’un blanc impeccable, est immanquable.
Il date de 1928, et son architecture Art déco est très réussie. Il est étrange de se trouver en plein (supposé) centre-ville, à proximité de l’hôtel de ville, et d’avoir pour autant toujours cette impression de flottement, cette sensation de vide. Je ne suis pas entouré par d’immenses buildings qui me bouchent la vue. Je ne suis pas écrasé par une foule. Avec ce calme, ces bâtiments de style latin, et ce soleil qui cogne, on se croirait plus dans un petit village du sud de la France à 14h en été que dans le downtown d’une mégapole comme Los Angeles.
Je me rapproche d’Union Station, et je découvre son entrée principale.
Et que dire à part que c’est magnifique, au risque de devenir lassant et de sembler avoir perdu tout sens critique. Encore une fois, ce style du sud qui transpire le soleil, l’authenticité et le bon goût, s’inscrit en totale opposition avec ce à quoi on pourrait s’attendre d’une énorme ville américaine. On verrait plus ce genre de bâtiments entourés de mer bleue, de cocotiers et de sable fin. Cet esprit « cool », « plage » omniprésent est vraiment relaxant.
Une fois à l’intérieur, je m’aperçois que je n’avais en fait encore rien vu de cette gare !
Je tombe ainsi sur son immense salle d’attente, avec un mobilier très boisé, ambiance groom service d’un hôtel continental de la belle époque. La salle dispose de très larges et confortables fauteuils en cuir. C’est surréaliste.
De plus, cette salle a beaucoup été utilisée pour des tournages.
Et moi cela me fait penser direct à Chuck, où quelques épisodes y ont été tournés. Je reconnais tous : les sièges, le point d’information, le restaurant Traxx, les longs couloirs pour accéder au train, etc… Je suis en extase. J’ouvre grand les yeux et n’en perd pas une miette. C’est une sensation tellement agréable que je vais essayer le plus possible de traquer des lieux de tournage !
Le lendemain matin, en me dirigeant vers l’arrêt du bus pour atteindre le downtown, une voiture de police est garée près du Burger King où j’ai l’habitude de me rendre. Arrivé à l’arrêt, tous les badauds qui me passent devant me demandent ce qu’il s’est passé. Avec un air blasé mélangé à de la curiosité. Deux policiers finissent par sortir, accompagnés d’un marginal menotté, qu’ils installent dans la voiture. Bien bien, bonne ambiance, tout ça…
De retour à Union Station, je vais pouvoir me confronter pour la première fois au métro d’LA.
Les transports en commun ont connu ici une histoire assez chaotique. Suite à de nombreux rebondissements, le dernier système de tramway/train fut arrêté en 1963. Il aura fallu attendre 1990 pour qu’un nouveau réseau électrique réapparaisse !
Quatre lignes ont été créées, et couvrent une bonne partie du territoire.
La ligne que je m’apprête à prendre, la Red Line, est la seule qui dispose de « heavy rail », c’est-à-dire de rames de métro. Les autres disposent de « light rail », des tramways, mais très améliorés.
Première surprise, chaque usager doit obligatoirement acheter un pass, le TAP card.
Elle coute $1, et ensuite vous n’avez plus qu’à la recharger du montant souhaité. C’est ce précieux sésame qui ouvre les tourniquets, donc on n’y déroge pas.
L’avantage, c’est que les bus fonctionnent aussi avec ce système.
Du coup ça m’a fait faire des grosses économies. En effet le forfait journée coûte $5. Ensuite c’est liberté totale sur tout le réseau. Et dans une ville comme Los Angeles c’est très vite amorti…
J’arrive sur le quai, et le premier métro en direction de North Hollywood arrive.
Et là oui ! Encore ! Désolé de vous saouler ! C’est ce métro que l’on a vu dans un nombre incalculable de films. Et pour moi c’est celui de Speed qui me revient en premier. Avec cette scène finale de dingue où la rame passe à travers un mur. Cette ville est un décor de cinéma à ciel ouvert.
Dans la rame, un public très hétérogène.
D’un côté les touristes à casquettes, le plus souvent avec enfants. De l’autre, les locaux, avec des jeunes habillés tellement west coast : marcel, t-shirt super large, maillot des Lakers. Tous ces petits détails qui vous rappellent que vous vous trouvez bien à Los Angeles, au cas où vous auriez oublié.
Ce petit monde se sépare au niveau de Hollywood / Vine Station et Hollywood / Highland Station, les deux stations qui desservent Hollywood Blvd. La voix virile du métro se fait entendre nous indiquant que pour voir le Hollywood Walk of Fame, c’est là qu’il faut s’arrêter !
Je m’arrête à Vine Station, et le show peut commencer.
Ca commence dès la bouche de métro !
En effet, les couloirs ont été lookés pour leur donner une ambiance hollywood.
Le plafond est composé de milliers de petites imitations de bobines de films. Des vieilles caméras sont aussi présentes. Les couleurs sont flashy : jaune, bleu, vert. Des anciennes affiches de films et de spectacles ornent également les murs. On se croirait ainsi plus dans un parc disney que dans une bouche de métro.
A l’air libre, le trottoir dispose d’une piste d’étoiles bordeaux.
Pas de doute possible, j’ai affaire au Walk of Fame. Je me trouve bien sur Hollywood Blvd, même si c’est assez dur à réaliser.
Tout le monde marche la tête en bas, scrutant chaque nom célèbre sur le sol.
Et il faut être patient, car pour la grande majorité ce sont d’illustres inconnus. Arrivé au carrefour avec Vine st, j’aperçois au loin le célèbre Capitol Records, qui héberge une maison d’édition de disques appartenant aujourd’hui à Universal.
De blocks en blocks, la rue ne change pas tellement.
Elle est toujours jonchée par les mêmes types de commerces un peu poisseux : fast food, tatoueurs, smoke shops et aussi beaucoup d’enseignes fermées. C’est la vieille partie d’Hollywood Blvd, plus glauque que glamour. Un peu de la même façon que le downtown de LA, ce quartier a été longtemps laissé dans sa déliquescence, jusqu’à il y a encore quelques années. Aujourd’hui les autorités tentent de redorer son image.
Une des pierres angulaires de cette volonté fut la construction du Hollywood and Highland Center en 2001.
Un centre commercial très moderne et ouvert, qui a permis de redynamiser le coin. Son flanc nord-ouest est constitué du mythique Dolby Theatre (anciennement Kodak Theatre), qui accueil rien de moins que la cérémonie des oscars.
Plus je me rapproche de ce mall, plus les rues quittent leur gris pour quelque chose de plus festif.
Les magasins de souvenirs pullules, ainsi que les musées, les magasins de costumes, les vieux cinémas, les hôtels, les restaurants, etc… Sans compter les guides touristiques du dimanche qui vous accostent tous les dix mètres, vous promettant de faire un tour complet d’Hollywood contre quelques dollars.
Tout est bon pour faire vendre.
Je n’ai jamais mis les pieds à Roswell mais je pense que c’est un peu le même délire. Tous les commerces y utilisent l’image alien, du café au donut. Ici c’est pareil, mais le thème est le cinéma, en utilisant le prestige du vieux Hollywood. Comme l’immanquable magasin vintage tout en noir et blanc « Souvenirs of Hollywood », qui se situe pile sur Hollywood et Highland.
Pour le reste, cela ressemble assez à Niagara Falls, avec des attractions un peu partout, des figurines géantes, etc…
Mais en un peu moins cheap. Au pied du grand centre commercial, la rue déborde d’artistes de rues. Danseurs hip hop d’un côté, de l’autre, la grande majorité, des comédiens en costumes plus vrais que nature, qui se griment dans la peau des héros à succès d’Hollywood : Jack Sparrow, Batman, le Joker, Superman, Transformers (si si c’est possible), etc… C’est très gai, vivant et bon enfant, et cela redonne le sourire.
Sur le parvis du Hollywood and Highland Center, l’espace est accaparé par Nintendo pour présenter ses nouveaux produits, et où chacun peut toucher du joystick quelques minutes. Je profite d’une dégustation gratuite d’une boulangerie pour gober quelques pâtisseries en vitesse, et grimpe ensuite les quelques étages du lieu, pour arriver sur sa face nord, où un panorama a été installé pour pouvoir admirer le fameux panneau Hollywood.
Je le vois !
Enfin !
Au loin, accroché à sa colline, faisant sa star devant les nombreux appareils photos que tout le monde sort pour immortaliser l’instant. Le panneau est pour autant très loin, on le devine plus qu’on ne l’admire. Pour dire, même avec mon zoom 75-300mm ça ne donnait pas grand-chose. Pas grave, je reviendrais un autre jour, en me renseignant sur le chemin à prendre pour en avoir une bonne vue. Je dois de toute façon repasser dans le coin pour jeter un œil au Grauman’s Chinese Theatre, là où se trouve les fameuses empreintes laissées par les stars sur du ciment.
L’heure tourne en effet, et le fanboy de Chuck que je suis aimerait bien retrouver un lieu de tournage qui se trouve dans les environs. Et ce n’est rien de moins que son appartement, qui se trouve dans une magnifique cour d’inspiration latine, avec une fontaine en son centre. Plus cosy tu meurs !
Direction quelques blocks plus loin au nord-est, où je sors complétement de l’univers paillettes pour accéder à un quartier résidentiel des plus chics. Plus aucun touriste dans le coin, et les quelques habitants que je croise se demandent bien ce que je viens faire trainer ici.
Après quelques détours, j’arrive enfin au 1832-1850 Grace Ave.
Un haut portail noir se dresse devant moi. Impossible de distinguer quelque chose. Je remarque que ce portail est légèrement ouvert, une pierre bloquant sa fermeture complète. Je réfléchi, mais pas trop quand même. J’ouvre alors le portail, doucement, sur mes gardes, un peu comme un enfant qui ouvrirait une cave obscure. Je découvre un bâtiment, éventré d’une belle arche, où se cache derrière cette cour que j’étais venu chercher, sans grand espoir.
Mon visage s’illumine et je dois vraisemblablement sourire comme un idiot.
Mais mince ! Quel pied ! Imaginez-vous vous trouver dans l’appartement de Monica si vous êtes fan de Friends. Imaginez-vous n’importe quel exemple qui vous sied le mieux. C’est un plaisir vraiment très spéciale, et véritablement très fort. Mes personnages fétiches, leurs histoires, tout s’est déroulé dans ces murs. C’est très grisant, limite enivrant.
Ne serait-il pas mieux si je pouvais me rapprocher encore un peu ?
Il n’y a l’air de n’avoir personne dans la cour et dans les appartements, mais ça reste un lotissement privé. Je décide d’avancer à pas de loup, et de mettre bien en évidence mon appareil photo, histoire de bien montrer que je ne suis pas un terroriste.
Je traverse l’arche, et je mets maintenant véritablement les pieds dans la cour, à un mètre de la fontaine.
Je croise un habitant qui sort, et qui ne me remarque pas plus que cela. Dans l’appartement de droite, un ouvrier y fait des travaux. Lui aussi me remarque, sans broncher. Comme s’ils avaient l’habitude de croiser des gens en pèlerinage dans leur cour, mais ce n’est peut-être qu’une impression.
J’en profite pour prendre photos et vidéos, de me balader autour de la fontaine, d’admirer tout le travail de finition de cette cour, qui est vraiment très charmante. Ses arches, Ses pierres blanche, ses tuiles au toit, sa végétation fournie. Tous ces éléments qui respirent le sud sont un parfait résumé du style architectural de la région de Los Angeles. Les fontaines de ce style-là j’en ai vu partout par la suite.
En sortant du bâtiment, je referme le portail en douceur, avec le sentiment d’avoir découvert un secret interdit, comme une grotte de pirate. Je me dis que je suis vraiment très atteint, et que mon niveau de fanboy arrive à des sommets pour cette série. Mais après tout merde, pourquoi le nier ! Je reprends un métro direction le downtown, le cœur léger et des images plein la tête.
Les jours suivants, je ne sortais pas vraiment, me limitant à me rendre à mon QG et d’échanger des emails avec Leo.
On arrivera finalement à se donner rendez-vous un après-midi dans le quartier japonais, Little Tokyo, situé au nord du downtown. Le contact s’est bien passé, mais ça on le verra dans la suite !
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