3 décembre 2016.

Cela fait pile 1 mois que j’ai commencé mon voyage en Asie. Le temps de découvrir Bali, Singapour et une partie de la Malaisie. Autant vous dire que je n’ai rien vu passer ! Et que je savoure de pouvoir voyager comme je l’entend, selon le sens du vent, sans aucun programme.

Et en ce samedi de décembre suffocant, je m’en vais suivre le vent, toujours plus au nord.

Direction Langkawi.

J’ai même déjà repéré que depuis cette île, je pourrais en rejoindre une autre, Thaïlandaise cette fois, Koh Lipe. Pour ensuite prendre un dernier ferry pour rejoindre le continent. Mon itinéraire était encore assez flou quelques jours auparavant mais cela commence à prendre doucement forme.

C’est donc parti pour Langkawi !
70 ringgits (15€) pour atteindre ce bout de terre par la mer.

En milieu de matinée, je quitte mon airbnb dans le but de prendre un bus pour rejoindre le Terminal de Ferry, qui se trouve quelques kilomètres plus à l’est, en direction de la vieille ville. Le départ étant à 14h, je n’avais pas besoin de partir aux aurores.

Wrong !

Les jours précédents, j’avais vu une ribambelle de bus passer au pied de l’appartement, sur une avenue au traffic dense. Mais ce matin je n’en vois pas beaucoup ! En regardant le plan sur l’arrêt je ne sais d’ailleurs même pas quelle ligne je dois prendre, tout me parait très confus.

Moi qui pensais que cette étape bus allait être smooth et ne méritait pas de préparation…
Les minutes passent et les mauvais numéros défilent. L’heure avançant, je décide de me rendre à un autre arrêt, supposé être quelques rues plus loin. Mais après simplement 100 mètres j’arrête tout. Je réalise que je vais encore me crever à marcher chargé, que je vais me perdre as usual 2 ou 3 fois avant de trouver cet arrêt, et que donc la probabilité de rater mon ferry est assez importante…

Je ne regarde pas l’heure pour ne pas paniquer encore plus, mais je sens que la situation devient critique. Sachant que bien évidemment il faut se présenter 45 minutes avant le départ…

Ainsi, je fais demi-tour, je reviens sur l’avenue principale et j’interpelle le premier taxi que je croise, ce qui prend 10 secondes. En chemin, le conducteur me demandera à quelle heure est mon bateau, et après lui avoir répondu il me dit, choqué : « mais c’est dans même pas 20 minutes monsieur ! Pourquoi avoir attendu si longtemps ? ». Parce que j’ai merdé ! Et payer un taxi n’était pas non plus au programme.

En pleine heure du midi, le traffic est très dense et ralenti.
Je bouillonne sur la plage arrière.

Après un trajet qui m’a paru interminable, nous arrivons à proximité du Terminal. Je paye le taxi en vitesse, et file à l’intérieur du bâtiment. J’y trouve beaucoup de passagers en attente, ce qui me rassure. C’est bien simple c’est noir de monde, et cela rendra un peu difficile de trouver mon hall d’embarquement.

Une fois dans la bonne salle, je constate qu’une foule est aussi présente, avec des valises recouvrants le sol. Ouf. Je m’essuie le front. Je n’ai pas raté mon ferry.

Je n’aurais pas à attendre plus de 5 minutes pour que les portes s’ouvrent et que l’embarquement commence…
En file indienne, je suis la petite troupe qui se dirige vers les quais. Nous sommes une bonne petite dizaine d’occidentaux.

Le fier ferry, d’une vingtaine de mètres, baigne sur l’eau.
Il ne paraît pas délabré, bien qu’un peu vieillot.

A l’intérieur du navire, il faut descendre des marches dans un espace exigu pour accéder à l’espace passager et à ses banquettes. En se rapprochant ainsi du niveau de la mer, enfermé dans une sorte de coquille d’acier avec une seule petite sortie, j’ai comme l’impression de mettre les pieds dans un cercueil flottant. Je ne peux m’empêcher de penser qu’à la moindre avarie personne n’arrivera à remonter sur le pont pour s’échapper !

Mais ce n’est que mon cerveau qui exagère quelque peu.
Les embarcations à Bali sont elles réellement des radeaux mortifères.

Dans le compartiment voyageur, 2 petits écrans 4/3 sont placés de part et d’autre de la pièce. Ils diffusent le film Mechanic : Resurrection. Film sortie en août 2016, soit depuis à peine 3 mois, je souris donc car cela sent donc bon le piratage !

Je soupçonne l’équipage de ne pas avoir choisi ce film au hasard, car certaines scènes ont été tournées en Malaisie !
Ce film d’action hollywoodien, somme toute assez basique, porté à l’écran par Jason Statham et Jessica Alba, se déroule aux 4 coins du globe, avec une présence particulière en Asie. C’est comme si ce film m’était prédestiné, résumant mon parcours depuis 14 mois.

Je vois ainsi à l’image des endroits que j’ai très récemment parcouru et découvert, comme Sydney et Penang. D’autres que je vais découvrir dans les jours qui viennent, comme l’île de Koh Lipe en Thaïlande. Et d’autres enfin qui sont sur mon carnet de route pour la suite, comme Bangkok ou encore Phonm Penh au Cambodge.

Je ressens alors un certain plaisir, coupable et surement narcissique, devant ce défilé de lieux exotiques que je connais dorénavant. A chaque destination, un titrage qui claque s’affiche en grand : PENANG, KOH LIPE, etc…

Des endroits du bout du monde que je n’aurais jamais su placer sur une carte, et aujourd’hui je suis physiquement présent dans ce bout du monde. Je l’apprivoise. Je vis cette aventure à fond les manettes. L’enivrement à l’état pur.

Après 3h de trajet direction nord, nous croisons de plus en plus d’îles, où la végétation y est très dense. Nous arrivons enfin sur l’île principale, Langkawi. Et plus particulièrement dans sa partie sud-est, où nous débarquons à quelques kilomètres du centre de la ville de Kuah

De retour sur la terre ferme, le souffle chaud de l’aventure me parcours le corps. Quelle joie de débarquer sur une terre dont on ne connait rien. A peine le temps de mettre le pied en dehors du hall d’embarquement qu’une foule de chauffeurs de taxis s’abat sur moi et les passagers non malaisiens. Je refuse avec véhémence toute solicitation, bien que je n’ai aucune idée de l’endroit où je me trouve. Un grand parking suivi d’un no man’s land.

Il est temps de sortir mon iPhone et de jeter un oeil aux quelques plans que j’avais pris en photos. Malgré ces dernières et l’utilisation de la boussole, les premiers 100 mètres furent assez incertaines ! Me fiant plus à mon instinct et au doigt mouillé.

Il faut dire qu’une fois sorti du parking, je dois emprunter la longue route Persiaran Putera, qui est longée sur sa gauche par le parc Legenda. Ce dernier avec sa végétation touffue obstrue votre champ de vision de manière assez ostensible. Ce qui fait que vous naviguez assez à vue.

Je remonte cette route en utilisant un trottoir des plus vétuste, au milieu d’un endroit déclassé, délaissé. Ambiance terrain vague, où les quelques bâtiments croisés sont tristes, et la chaussé bien sale.

Malgré ce tableau peu enchanteur, j’ai la banane. La vrai.
Cela ne fait que rajouter du piment.

Affublé de mes 2 sacs qui m’enlacent, en mode warrior, bravant l’inconnu pour arriver à ma destination.
Seul contre tous. Seul contre moi-même.

Je croiserais en chemin 2 touristes asiatiques, qui avaient l’air d’avancer autant à tâtons que moi.
J’avais envie de les féliciter, eux qui n’ont pas cédé non plus aux sirènes des taxis !

Une fois passé la mosquée Masjid Al Hana, je traverse un pont et me rapproche enfin d’un centre ville et de la modernité. Un espace urbain très malaisien au final, avec un fort contraste. Je longe en effet une voie rapide surmontées de rutilants grands panneaux de direction d’un bleu éclatant qui me plongent dans le 21ème siècle. Pour autant, les signes de pauvretés ne manquent pas dès que l’on sort de la rue principale.

Le centre-ville de Kuah est tout proche de la côte. Je m’en éloigne légèrement pour atteindre le 54 Persiaran Bunga Raya. Cette longue rue est parallèle à la rue principale, Jalan Padand Matsirat, mais est beaucoup plus calme ! Moins de trafic pour une ambiance plus feutrée.

Vous l’aurez deviné, c’est l’adresse de mon logement !
Le simple fait d’arriver à bon port est une victoire en soi.

Près du numéro 54, une grosse moto est garée. Il s’agit de celle du propriétaire de « l’hostel », motard dans l’âme. Mohazar se présentera vite à moi.

Petit par la taille, grand d’expérience. En effet, ce malaisien est un quadra dynamique et un as de la débrouille. Toujours 1 000 idées qui lui passent par la tête en permanence, c’est un sacré personnage et un moulin à paroles.

Sur le trottoir, il se trouve également 3 jeunes asiatiques. 2 d’entre-eux sont en fait ceux que j’ai croisé un peu plus tôt sur la route ! It’s a small world, heureusement que je n’ai pas fait de gaffe !

Tous les 3 sont hongkongais.
Un couple et une fille.

Maintenant que nous sommes au complet, Mohazar ouvre une grande grille aux bars rouge.
Nous pénétrons alors dans un endroit sombre, et nous grimpons un long escalier assez raide.

Une fois au niveau supérieur, nous découvrons un petit oasis. Mohazar a retapé entièrement ce niveau pour en faire une grande pièce commune, dont la modernité et les finitions n’ont vraiment rien à envier aux grandes chaînes d’hostels.

Dans une ambiance rappelant un loft industriel, où les vélos accrochés aux murs font partie du décors, nous plongeons dans un monde où le gris domine. Un espace douche propre et moderne, 4 grands lits, un petit coin salon avec tables et chaises. Le long de la fenêtre, un petit frigo, un antique mais fonctionnel ordinateur, des bacs de fleurs et j’en passe.

Je ne pourrais parler à la place de mes acolytes, mais de mon côté, avec ma grande expérience du monde des hostels, je me montre vraiment impressionné. Car on ressent que tout a été fait avec des petites mains, bricolé, de façon artisanale, et c’est réussi. Très réussi.

Mohazar nous explique bien plusieurs fois comment le cadenas de la grille fonctionne car il n’y a pas d’autre entrée. Nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin, pour une leçon de scooter. Car ce dernier met à disposition 2 scooters pour ses hôtes. Sans frais supplémentaire. Je n’ai jamais vu cela !

Après avoir un peu pris nos marques dans nos nouveaux quartiers, je me sens un peu comme la 5ème roue du carrosse. En effet je pensais que c’était une bande de pote qui se connaissait depuis toujours. Il faudra attendre le repas du soir pour que j’apprenne que ce n’était pas du tout le cas.

Ce repas justement, bien vite nous quittons notre auberge pour le prendre.
La luminosité commençant déjà à décliner.

Nous nous rapprochons alors de la rue principale Jalan Padang Matsirat, puis nous la traversons pour se rapprocher de la mer. Le long de la côte, de nombreux restaurants de fruits de mer sont présents. J’étais loin de penser trouver cela ici. Je souris ainsi de cette constante universelle. Au bord de l’eau, que cela soit en Normandie, à Seattle ou en Malaisie, l’univers de la pêche reste le même.

Mes acolytes étaient très motivés pour manger des fruits de mers et étaient me semble-t-il assez bien renseignés. Je les suis donc à l’intérieur d’un grand restaurant, où l’on s’installe sur une imposante table ronde. Ils n’ont pas choisi n’importe lequel, car il est tenu par des chinois !

Eux seulement pouvaient donc déchiffrer les menus que les serveurs avaient apporté, et il était assez comique de les voir débattre tous les 3 des plats à prendre ou non. Moi, aimant les surprises, j’avais totalement délégué cette tâche ! Ils me faisaient par moment un peu la traduction mais il était plus simple qu’ils choisissent par eux-même.

Finalement les prix leurs paraissaient un peu chers, nous quitterons donc le restaurant pour en trouver un autre un peu plus loin, moins chic mais plus abordable.

Nous trouverons une table avec une vue sur la mer.
La nuit avait déjà tout engloutie. Seules quelques lumières perdues se laissaient distinguer sur le rivage.

Je profitais du moment.

Avoir quitté la balisée ville George Town pour m’aventurer sur une île inconnue. Me retrouver dans un restaurant à manger des fruits de mers locaux. Découvrir des personnes originaires de Hong Kong.

En short et t-shirt.
En pleine nuit.
Les ventilateurs à fond.
En décembre.

A l’autre bout du monde.