382 Miles – #15 – 2013
Mardi 30 juillet, dernier réveil sur San Francisco.
De bon matin toujours, car plus de 600 km sont au programme aujourd’hui.
Je réserve vite flash un hostel pour ce soir, Pauline ayant zappée de booker le sien pour deux personnes.
J’en trouve à tous les prix, impossible de vérifier un par un où ils sont situés, je n’ai que cinq minutes devant moi. Je ne résisterais donc pas à en prendre un qui affiche un prix assez imbattable, avec une nuit pour $22 ! Dortoir de 20 personnes, ça sent la boucherie, mais le prix l’emporte.
Nous prenons ensuite une bonne vielle rame Bart pour se rendre dans la banlieue est de San Francisco, là où notre chauffeur nous attend. Sur l’annonce, il avait prévenu avoir une BMW confortable, et d’être un conducteur sérieux et compétent.
Il n’a pas menti !
Petite BMW bien sportive, avec sièges en cuir. Ce qui contraste avec le petit bonhomme que notre driver est.
Originaire d’Argentine, il est maintenant architecte aux Etats-Unis.
La conduite c’est une passion, comme l’illustre ses petits gants de conduite en cuir noir. Mais il faut avouer qu’il gère bien. Sa conduite est nerveuse, sportive, mais tout en souplesse et en sécurité.
Un américain va venir s’ajouter aux deux français déjà présents.
On passe le prendre un peu plus loin. Il vit et travail habituellement à Hawaï. La panoplie parfaite du surfeur avec de longs cheveux blonds. Au final, cela fait déjà un sacré melting pot dans cette voiture ! C’est ce qui rend le rideshare toujours sympa en ordre général.
Après une petite galère pour réussir à rentrer toutes les affaires, le grand départ peut commencer.
Nous filons encore vers l’est pour attraper l’autoroute nord/sud I-5 (Interstate 5), car elle ne passe pas à San Francisco. C’est la seule grosse agglomération oubliée entre Seattle et San Diego. Une fois sur cette voie rapide, nous descendons en flèche sur Los Angeles.
Aah Los Angeles, quelle histoire.
En préparant ce voyage aux US, j’ai vraiment hésité à me rendre dans cette ville. Les échos sont souvent négatifs, et évoquent une ville bien trop grande, très étouffante, où rien n’est faisable sans bagnole.
A côté de cela, j’étais aussi assez refroidi par toutes les émissions types Enquête Exclusive, avec leurs reportages chocs montrant que la ville est à feu et à sang, aux mains des gangs. Coupons court aux fantasmes tout de suite, c’est évidemment très exagéré. Aussi exagéré qu’un même reportage sur Paris qui pourrait donner l’impression que l’on s’y fait agresser tous les jours. Dans les deux cas c’est loin d’être le paradis, mais attention aux effets de loupe.
Notre architecte est très cultivé, et c’est un réel plaisir d’écouter son avis, sa vision des choses.
Moi cependant je suis plus dans ma bulle, en mode auto-cocooning, les yeux rivés sur la vitre passager. En fond sonore, je découvre le groupe anglais The xx, et je suis en plénitude totale. Leur musique est très intimiste, minimaliste, avec ce qu’il faut en mélancolie. Définitivement ma came, et définitivement le genre de son qui me transporte. Rajouté au fait que l’on dévale une autoroute en pleine Californie, il n’en fallait pas plus pour que je sois perdu dans mes pensées en regardant le paysage, comme si j’étais sur un nuage molletonneux. Le trajet aurait été de 1000 km que je n’aurais pas bronché.
Car autour de moi, la Californie, la vraie.
Des plaines et des collines jaunes à perte de vue. Enfin jaune, jaune sombre. Avec quelques arbustes verts. Exactement le même type de colline où est implanté le panneau Hollywood pour être plus clair. Vient s’ajouter un soleil qui cogne, et une route rectiligne qui se perd dans l’horizon. Je kiffe. Ces paysages désertiques m’ont tellement fait rêver que je ne me lasse pas de les voir défiler devant moi. J’ai même du mal à croire que c’est vrai.
Face à moi, un véritable décor de cinéma, coupé de façon très net, telle une toile.
Une couche de bleu vif en haut, une couche jaune foncée au milieu, et tout en bas, une 4×4 voies qui trace son chemin, imperturbable.
J’aime ce paysage de manière insensée et quasi irrationnelle.
Il doit faire écho à tellement d’images que j’ai accumulées et qui maintenant s’entrechoquent dans ma tête. Cette immersion est renforcée par le fait que l’on ne croise pour ainsi dire quasiment aucune ville jusqu’à Los Angeles. Lorsque l’on s’arrête dans une station-service, c’est vraiment dans un no man’s land absolu : les collines, la route, et à côté de cela une petite station. Je sors de la voiture, et je kiffe encore.
Je kiffe ces terres arides.
Je kiffe cet isolement.
Je kiffe ce qu’il résulte de tout cela, à savoir une ambiance si particulière. Une sensation d’infini, de liberté, de non contrainte.
Les heures passent sans pour autant que je les sente passer.
Je ne regarde pas l’heure, car comme mon ami d’enfance John le sait si bien, il est toujours trop tôt et ça me déprime. Et avec plus de 6h de route, il y a de quoi vraiment déprimer si l’on regarde trop souvent sa montre.
L’heure du midi arrive, puis disparait aussi vite qu’un panneau de vitesse.
Nous nous arrêterons un peu plus tard, lorsque les 2/3 du trajet seront effectués. Nos deux collègues américains nous vantent les mérites d’une chaîne de burger, In-N-Out. Avec un nom pareil j’ai mis du temps à comprendre que l’on parlait bien d’un restaurant…
On prendra la prochaine bretelle où cette chaîne est présente.
Et il n’y a pas à tortiller, leurs burgers sont excellents. Le menu est ultra basique, avec seulement deux types de sandwiches. Les frittes sont faites maison. Du comptoir, on peut en effet jeter un œil à la cuisine, et voir un employé prendre une à une chaque pomme de terre pour la mettre dans un outil qui la tranche.
Il n’y donc rien de sophistiqué dans le menu, mais cela permet d’avoir un goût fait maison imparable.
Cela ne se paye pas au niveau du prix, mais plutôt au niveau temps. Pour chaque commande, l’attente est au grand minimum de dix minutes. Mais ça vaut le coup ! Cette chaîne, qui est une des plus vieilles dans ce pays, n’est présente qu’à l’ouest des US, donc ne la ratez pas si jamais vous faites un saut de ce côté-là !
Nous reprenons notre folle descente vers le sud.
La circulation, déjà pas anodine, s’intensifie encore un peu plus. Le ruban d’asphalte gris s’étale toujours plus au loin. A l’horizon, une chaine impressionnante de hautes collines. Ce qui cause un fort contraste avec le terrain plat actuel et qui durera quelques kilomètres encore. Et cette route qui file droit devant, au milieu de ces collines. Donnant l’impression que l’on allait, doucement mais surement, s’encastrer à pleine vitesse sur un mur.
Un peu plus tard, pourtant encore assez loin du centre de Los Angeles, les premiers bouchons apparaissent, sans être encore trop méchants. Nous commençons à pénétrer les premières toiles collantes de son agglomération ! Cela se remarque aussi au niveau de la route, où l’on commence à croiser des échangeurs autoroutiers dans tous les sens, aussi bien en dessous qu’au-dessus de nos têtes.
C’est à ce moment que notre ami hawaïen indique de prendre une sortie.
On le déposera au pied d’un hôtel assez chic, avec barrière à l’entrée et personnel aux petits soins.
Nous nous réengageons ensuite dans le vaste réseau tentaculaire autoroutier de Los Angeles.
Notre chauffeur eu bien du mal à trouver la bonne bretelle qui partait en direction du downtown. Bienvenu dans l’univers de la série CHiPs les enfants ! Pas de doute on y est. Plus tard, nous croisons les premiers suburbs, ces quartiers aux maisons identiques creepy.
Ralala Los Angeles merde, on se rapproche !
Avec tous les échos négatifs entendus, je tenais tout de même à m’y rendre pour voir de moi-même cette folie urbaine. Sentir cette fournaise, ce non-sens. La détester, peut-être, même surement pensais-je, mais au moins j’y aurais mis les pieds.
La deuxième raison est que j’avais tellement d’images en tête de cette ville que j’avais envie de les voir, en vrai.
Mon enfance a été remplie de films se passant ici. Des films où la teinte orange chaude était reine, et qui m’a tellement fait rêver. J’en suis toujours marqué.
Filmez n’importe quoi sur Los Angeles, rajoutez-y un filtre orange pour que je bave devant. Ou plutôt pour que je reste scotché. Me renvoyant à tous ces films (Predator 2, Kickboxer 2, Terminator 2, Speed, etc..), et par ricochet, à cette période idéalisée de l’enfance.
Je réalise en écrivant ces lignes que ce filtre orange agit en fait comme une madeleine de Proust sur moi.
Du coup, il était assez prévisible de présager de ce qu’il allait se passer.
Mais je m’égare.
Hormis ce côté rappel à l’enfance, Los Angeles était à ce moment-là surtout la ville où se déroulait ma série U.S favorite, Chuck. Je l’ai découverte sur le tard, je me suis enfilé les 5 saisons en quelques semaines. Je l’ai regardé par la suite un nombre incalculable de fois, en VO, histoire d’être bien imprégné d’anglais avant mon départ au Canada (la VF étant de toute façon tellement ratée !).
J’avais donc aussi assez hâte de pouvoir tomber sur quelques lieux de tournage de la série.
C’est ainsi qu’à la vue du premier panneau indiquant Burbank (ville de banlieue nord de LA où se passe l’action de Chuck), j’étais tout sourire. Tant de mois à entendre parler de Burbank, tant de mois à se dire que c’est le bout du monde, tant de mois à se dire que je n’aurais jamais l’occasion d’y mettre les pieds. Et bordel, aujourd’hui j’en suis à quelques kilomètres.
Nous sommes à ce moment précis en plein dans la périphérie de Los Angeles.
Les autoroutes se chevauchent les unes sur les autres dans les airs. Les panneaux se succèdent : Glendale, Pasadena, Colorado St, Los Feliz Blvd, etc… Les sorties disponibles semblent ne jamais pouvoir s’arrêter.
Un des premiers moments où l’excitation se transforme doucement en anxiété.
Toutes ces routes commencent à me faire sentir tout petit. Sentiment qui sera renforcé au fur et à mesure que nous nous rapprocherons du downtown. Les échangeurs et bretelles se succèdent. Les agglomérations deviennent de plus en plus denses. Et elles défilent, défilent. Plus la voiture avance, plus j’ai l’impression que l’on m’amène toujours plus loin au cœur d’un labyrinthe. Comme un remake moderne du Petit Poucet.
Je me dis que je ne vais jamais réussir à m’en sortir !
Je n’ai pas de plan précis. Je ne possède que le nom et l’adresse de l’hostel, en ne me souvenant pas vraiment dans quel coin d’LA il se trouve, à part qu’il est loin du centre. La localisation de mon auberge est donc un gros flou. Et chaque kilomètre de plus, chaque block de plus ne fait qu’aggraver mon anxiété.
Notre chauffeur n’ayant pas le temps de nous déposer à nos hostels, nous déposera à la gare centrale, Union Station.
Plus on s’y rapproche, plus je redoute le moment où l’on sera jeté dans le monde réel. Je me sens vraiment écrasé par cette ville.
Une fois le pied dehors, notre chauffeur parti, je comprends que l’anxiété est partagée.
Un vrai instant de cinéma. Chacun reprend ses sacs, les ajustent. Autour de nous, sur le parking extérieur, la folie des départs et des arrivés propres à chaque gare. L’instant d’après tout s’arrête. Le temps d’une seconde, où je croise le regard de Pauline. Et sans un mot, je comprends que l’on partage la même pensée : « mais qu’est-ce qu’on est venu foutre ici dans cette galère ? ».
L’instant d’après, la foule autour de nous recommence à bouger.
Fin du cinéma. Fini les doutes, les appréhensions, mode débrouillardise enclenché, et je franchi donc l’entrée d’Union Station avec le couteau entre les dents.
Cette gare est aussi belle qu’intimidante.
A l’intérieur, l’espace est démesuré. Le plafond est haut, et tout en verre. Nous prenons un premier escalator pour descendre là où ça grouille. Le sol, je ne pourrais dire si c’est du marbre ou non, mais fait en tout cas très haut standing. Une déco très boisée et très épurée à la fois. Un côté années 20 avec une grosse influence espagnole, tout en restant moderne.
Les voyageurs sont très nombreux et cela bouge dans tous les sens.
J’aperçois des guichets. Bon ça parait être le meilleur moyen pour obtenir des infos ! Après cinq minutes d’attente je peux dialoguer avec une employée. Je lui demande quel transport je dois prendre pour me rendre au 4200 West Century Blvd Inglewood, mais elle m’informe très vite qu’ils ne s’occupent pas de ça ici. Il faut utiliser un téléphone un peu plus loin sur la gauche. Bien bien, merci…
Pauline a eu la même réponse à un autre guichet, donc on se rend à l’endroit indiqué.
Et effectivement, nous trouvons un petit combiné accroché à un mur. Un petit écriteau indique qu’il faut l’utiliser pour obtenir de l’aide pour son trajet. Dans une ville si moderne comme Los Angeles c’est tellement en décalage ! Surtout qu’il n’y a qu’un téléphone en plus ! Si encore il y avait une rangée.
Durant que Pauline se bat pour s’expliquer avec l’opératrice, je trouve sur le côté une borne avec un écran tactile devant remplir la même mission d’information. Seulement elle ne fonctionne pas, évidemment.
Viens mon tour.
L’anglais par téléphone, c’est toujours assez freestyle, mais quand faut y aller faut y aller. Malgré le brouhaha ambiant et le faible niveau sonore du retour, je n’ai pas eu de soucis de compréhension. Je mets sur papier aussi vite que possible ce qu’elle me raconte. Le procédé est un peu archaïque, mais il fonctionne.
Une chance pour moi, je n’ai qu’une ligne de bus à prendre, le 442 Downtown LA – Hawthorne/Lennox.
A côté du téléphone, un immense tableau rempli des plans de lignes de la ville. Je trouverais le 442 après bien une minute à regarder partout…
Entre temps je perds Pauline de vue.
Aucun moyen de savoir si elle est partie prendre un bus. J’attends un peu, mais je presse ensuite rapidement le pas. Nous sommes déjà en fin d’après-midi, le soleil commence à montrer ses premiers signes de fatigue. J’espère bien rentrer à mon hostel avant la tombée de la nuit.
Aucune idée du chemin à prendre.
Suivre les gens dans le hall ? Je remonte plutôt à la surface, check quelques arrêts de bus qui bordent la gare, et un dessert bien le 442. Ouf, déjà un poids qui s’enlève un peu. L’architecture et l’urbanisme de l’extérieur de la gare sont vraiment dépaysants. Je me crois partout sauf aux US.
Finalement je croiserais Pauline un peu plus tard sur la rue.
On se quitte à cet endroit, son hostel n’étant pas dans la même direction que le mien. Elle projette de ne rester que quelques jours, car la suite de son programme est assez chargé, avec Las Vegas, New York et Montréal. Moi je projette de rester au moins une bonne semaine. Vu la grandeur de la ville il y avait peu de chance pour que l’on se recroise.
Elle repart dans la gare, et me revoilà en solo.
Notre relation est restée cordiale, bien que la mayonnaise n’ait jamais véritablement prie. Accompagné ou non, les avantages et les inconvénients sont de toute façon différents. Pour l’heure, je dois bien avouer être content de reprendre la route seul. Le souffle chaud de l’aventure n’en est que plus fort.
Avec mes deux sacs et ma couette repliée sur le dos, je ne passe toujours pas inaperçu.
Les ombres sur le bitume sont toujours plus sombres et obliques, le jour ne m’attend pas. Après une dizaine de minutes d’attente, mon bus passe enfin. Une fois dedans, j’ai l’impression d’avoir fait un saut dans le futur.
Deux écrans de télévisions sont présents à l’intérieur.
Ils diffusent la chaîne de télévision de la compagnie de transport. Carrément. Ok. Une compagnie de bus avec sa propre chaine de télé. Beaucoup de jeux, des JT, et quelques spots de préventions. Chaque programme passe une fois en anglais, puis un peu plus tard en espagnol.
Les mini-jeux, qui peuvent concerner des questions de culture générale, des quizz ou encore des images à mettre dans le bon sens, sont réellement à destination des voyageurs. Le nom des vainqueurs de la veille ainsi que la ligne de bus qu’ils empruntaient s’affichent à la fin de chaque jeu. Non vraiment je prends une vraie claque. Je croyais ce genre de trucs réservés aux films de science-fiction.
Sans le savoir, je m’engage pour une heure de trajet.
Inglewood se trouve en effet dans la banlieue sud de LA. Par contre je prends quand même la mesure des dimensions folles de ma ligne de bus. Sur le petit dépliant récupéré à la gare, la carte est divisée en deux parties : une pour le trajet dans le downtown, l’autre une fois sur Inglewood, après avoir pris l’autoroute…
Le bus déambule donc de rues en rues, de pâtés de maison en pâtés de maison.
Et je me sens encore une fois si insignifiant. Comme une fourmi dans une boîte d’allumettes. Non pas à cause de la présence de grands buildings (il y en a très peu sur LA), mais simplement à cause de cet espace urbain qui s’étale devant moi sans vouloir s’arrêter. Sans pouvoir s’arrêter. Et cet espace est vivant. Ça grouille de monde, de circulation. Des millions de vies hantent la Cité des Anges.
Avec ce soleil et cette chaleur, cela ressemble véritablement à une jungle urbaine.
L’expression n’est pas galvaudée. J’étais venu pour voir cela, mais j’étais encore très loin du compte.
Bien qu’écrasé, je profite du voyage et n’en perd par une miette.
Le plan dont je dispose est assez succinct, mais je m’y retrouve, et à chaque changement de direction je vérifie bien que ça match avec mon plan. C’était toujours le cas, donc je pouvais définitivement souffler, j’étais bien sur la bonne ligne, et dans la bonne direction. Je pouvais donc presque tranquillement analyser ce nouvel environnement qui m’entourait.
J’étais serein, j’étais content.
J’avais vaincu le piège de LA.
C’est con à dire, mais j’avais le sentiment du devoir accompli.
Le sentiment d’avoir réussi à maitriser la bête, à maitriser cette ville. Mon anxiété arrivée à la gare a complètement basculée en un sentiment d’accomplissement.
Car oui, si on se laisse bouffer par cette ville, c’est foutu.
On n’y verra qu’une ville sans âme, inhumaine, qui vous coupe l’oxygène.
Je n’étais à Los Angeles que depuis une heure mais je savais déjà que j’allais y passer du bon temps.
J’avais un appétit fou de découvrir cette ville excentrique.
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