Loger chez l’habitant est toujours la meilleur solution si votre but est de vous imprégner de la culture locale.
Cela vous offre de plus des opportunités auxquels vous n’aurez pas accès si vous restez dans un hôtel.

J’en aurais encore la preuve le lendemain matin de mon tour en scooter, lorsque mon hôte m’invitera à assister à un mariage balinais qui se déroule quelques pâtés de maisons plus loin.

Pour y assister, je repasse en cabine d’essayage, et on m’aide à nouveau à revêtir un sarang.

« Mariage pluvieux mariage heureux ».
J’espère que cette maxime s’applique également à Bali car le ciel est en pleurs aujourd’hui.

A l’entrée de l’habitation, une décoration rouge et la présence de fleurs annoncent la présence d’un mariage.
Avec mon visage pâle et mon imposant appareil photo, je pénètre à l’intérieur en essayant de me montrer le plus discret possible. Peine perdue lorsque quelques mètres plus loin, je tombe sur rien de moins qu’une bonne cinquantaine de convives, tous sur leur 31.

La cérémonie a déjà commencé, et elle prend place dans la cour d’une habitation semblable à celle de mes hôtes, avec plusieurs bâtiments dispersés. Avec la fameuse construction centrale, qui aujourd’hui n’est pas vierge, mais occupée par les mariés entrain de recevoir les sacrements d’un prêtre.

Ces derniers sont aisément identifiables, de par leurs imposants couvre-chefs dorés, qui doivent peser plusieurs kilos chacun. La femme est maquillée, l’homme également. Ce dernier porte une veste blanche immaculée du plus belle effet. Sa futur concubine arbore un tissu violet, accompagné d’une collection de bagues et de colliers en or sur chaque bout de peau disponible.

Le couple enchaîne les prières avec l’homme de foi dans l’enceinte principale, ainsi qu’à l’extérieur, dans l’arrière cour. Cheveux longs et gris, avec une tenue laissant visible ses bras massifs ainsi que sa poitrine, le maître de cérémonie ne laisse pas indifférent. Les yeux fermés la plupart du temps, marmonnant des prières et jetant de l’eau sacrée de manière récurrente sur le couple.

Beaucoup d’offrandes un peu partout évidemment, et spécialement sur une des terrasses, littéralement recouverte de nourriture, empilées les uns sur les autres pour former un mur d’offrandes.

Durant que les mariés sont occupés à communier, les convives se tiennent à l’écart.
Assis sur des rangés de sièges, ils n’ont aucune interaction avec le couple. Ils patientent, durant que les plus jeunes s’amusent comme ils peuvent en courant un peu partout.

Un quart d’heure plus tard, la cérémonie est terminée.
Le temps des photos avec toute la famille, groupe par groupe, ce qui n’est pas très différent de chez nous !

On sent la pression qui redescend pour les mariés et les rires fusent avec leurs convives.

L’heure pour moi de m’éclipser.
Devant l’entrée, un bal de petites mains s’activent.

J’y vois un croisement de femmes portant les offrandes sur leurs têtes, certaines disposées sur des plats en argent. Sur leurs têtes oui. Il faut bien un peu de différences culturelles !

Je rentre ainsi dans mon logement une fois de plus satisfait et ravi, en remerciant encore mon hôte pour cette opportunité.
Hôte que je m’apprête à quitter.

Dur car je me sens si bien à Ubud !
Mais il ne me reste déjà plus qu’une semaine à passer à Bali avant de prendre mon vol pour Singapour. Pour m’aider dans mon voyage, j’essaye de suivre en rythme accéléré un itinéraire proposé par Lonely Planet, qui doit m’emmener dans les terres à Munduk, puis sur la côte ouest à Balian Beach, avant de repasser à l’est pour atteindre les îles de Nusa Pensida et de Gili, et enfin finir à Lombok.

Beaucoup trop d’endroits en si peu de temps, je m’en rend bien compte, mais je vais essayer de faire le maximum, et selon mes envies. Je dois déjà à regret rayer l’ascension du mont Agung.

En effet, Bali compte plusieurs volcans sur ses terres, que l’on peut gravir durant une expédition nocturne pour assister au lever du soleil à leurs sommets.

Le plus populaire est le mont Batur, du fait de la facilité de la randonnée.
1717 mètres pour seulement 2h d’ascension.

J’avais pour ma part envie d’un challenge un peu plus grand, je me montrais ainsi intéressé par l’ascension du mont Agung.
6 heures d’ascension, 2200 mètres de dénivelé, départ aux premières heures du matin, petit-déjeuner réchauffé sur la roche bouillante dû à la proximité de la lave à l’arrivée. Voilà le type d’expérience qui me parlait plus !

Mais malheureusement aucun groupe n’avait réservé pour gravir ce volcan durant mon séjour à Ubud.
J’avais bien partagé mon envie à mon hôte, qui a une connaissance qui s’occupe de ce genre de réservation. Mais il me revenait, chaque jour, pour m’annoncer qu’il n’y avait pas assez de candidat pour partir.

Ainsi, je ressens un petit regret, mais je dois bien continuer ma route.
Je quitte ma petite famille, qui m’a offert un accueil chaleureux que je n’oublierais jamais.

Prochaine destination donc, Munduk.
Petite localité perdue dans les terres de Bali, l’endroit est réputé pour ses paysages mystiques à travers les plantations de riz et d’épices, ainsi que sa jungle et ses chutes d’eaux.

Pour s’y rendre sans moyen de locomotion, c’est tout une histoire !
Perama Tour, la compagnie que j’ai utilisé pour faire le trajet Kuta/Ubud, n’offre pas de correspondance pour Munduk.

La veille de mon départ, j’en repère une autre sur internet.
Un trop plein de confiance qui me fait réserver dans la foulée une chambre airbnb dans les alentours de Munduk.

C’est ainsi que dans la matinée du jeudi 10 novembre 2016, je me rend en vitesse à l’adresse où siège la compagnie, cette dernière se trouvant encore plus à l’extérieur d’Ubud que ne l’était déjà celle de Perama Tour.

Une fois devant l’agence, je ne trouve qu’une porte close.
Le grand bâtiment qui l’abrite a l’air vide. Des affiches de tours plaqués sur les vitres sont toutes jaunies par le temps, et datent de plusieurs années en arrière. Cela n’est guère bon signe.

J’attend une petite demi-heure, mais rien ne bouge, et ainsi cette agence me parait plus que jamais avoir fermée depuis un certain temps…

Bon et bien j’ai bien fait de ne pas m’y rendre avec mes sacs sur le dos !
Galère quand tu nous tiens…

En rebroussant chemin, je jette un oeil sur la moindre affiche, le moindre vendeur de tours sur la rue, à la recherche d’une navette partant en direction de Munduk.

Je tombe sur un petit kiosque qui pourrait répondre à mon besoin.
La dame qui s’en occupe m’assure bien qu’elle peut m’offrir un service de transport pour Munduk pour 140 000 roupies (10$). Mais manque de chance, j’arrive trop tard, et la prochaine navette ne partira que le lendemain matin.

A côté du kiosque, un taxi scooter patiente, et vu que c’est une connaissance de la vendeuse, elle me met en relation avec lui. Je me sens comme une proie facile qu’on jette en pâture, mais je suis pris par le temps, ayant déjà réservé une nuit à Munduk. Je dois m’y rendre aujourd’hui, aucune alternative.

Donc c’est parti pour une petite pièce de théâtre !
Le taxi me demande combien je compte le payer pour qu’il me conduise à ma destination.

Je n’en ai fichtrement aucune idée !
Je me base alors sur le prix affiché au kiosque, en gonflant un peu le montant.

Ce dernier peste, m’indiquant que Munduk est loin d’Ubud, et que ça ne vaut pas le coup pour lui de partir pour une telle somme. Je met alors fin au marchandage, et reviens vers la vendeuse en espérant trouver une autre solution. Mais aucune ne viendra.

Je me frotte le front, bien embêté.
Je n’ai pas le choix, je dois partir aujourd’hui.

C’est ainsi que je rend les armes, retourne voir le taxi et accepte son prix, 200 000 roupies (15$).
Cette fois j’ai perdu, mais avec le temps, je deviendrais meilleur pour marchander en Asie.

Pour autant, cette fois-ci, le prix reste assez juste.
En effet, je ne pensais pas que le trajet durerait plus de 2h !
Seulement 65 km, mais nous sommes à Bali

Mon gros sac calé sur les jambes du conducteur, l’autre sur mon dos, nous pouvons partir dans le chaos des routes balinaises.

Bien qu’un peu contrarié par la tournure des événements, je reste assez content de ce tour en scooter, qui s’est conclu totalement à l’improviste.

Je déchanterais vite !
Après 30 minutes de route, mes jambes fatiguent, et je me dis que finalement, le bus, ce n’est pas si mal…

Je tiendrais une demi-heure de plus, en luttant chaque instant contre cette désagréable sensation, avant de demander une pause, orgasmique de délivrance.

Plus nous avançons, plus le ciel se couvre.
Des gouttes se feront même ressentir.

Vu la noirceur des nuages et l’air relativement frais, je crains de me prendre une saucée avant d’arriver à destination. Avec mon sweat tout sauf imperméable, cela s’annonce fun.

Heureusement, les 2h de route s’achèvent enfin.
Perdu dans la campagne profonde de Bali, même mon chauffeur aura besoin de l’aide d’un local pour trouver l’adresse de mon logement.

Il faut dire qu’il est perdu au milieu de rien.
Munduk se trouve en fait quelques kilomètres encore plus à l’ouest !

Une petite famille tient la guesthouse où je me rend.
Un premier bâtiment fait office de café.

Ma chambre, elle, se trouve 500 mètres plus loin.
Il faut pour cela emprunter un long chemin en terre, pour accéder à une autre bâtisse.

Un petit café se trouve également à l’étage.
Au rez-de-chaussée, à l’opposé, 3 chambres se trouvent collées les unes aux autres.

Porte branlante, décoration d’un autre siècle, cela ne donne guère envie.
De plus, l’humidité est palpable, l’atmosphère n’y est pas des plus saines.

Il y fait frais dans ces collines !
Preuve en est, la présence d’une couette sur mon lit. Une grande première depuis mon arrivée à Bali, qui annonce des nuits où pour une fois je n’aurais pas à faire tourner le ventilateur.

Ces collines, justement, se donnent à voir juste en face de ma chambre.
En effet un couloir, qui fait aussi office de terrasse, offre une vue d’ensemble sur la vallée.

A travers une végétation intense qui occupe tout l’horizon, il est possible de distinguer quelques champs ainsi que quelques fermes. Pour autant, il faut bien avouer que la couverture nuageuse ce jour-là gâche un peu le spectacle.

Midi passé, il va bien falloir que je m’active pour aller manger un morceau !

Connaissant enfin mieux les prix à Bali, je peux me rendre compte que ceux pratiqués au café sont un peu gonflés.
Donc, fuck that !

J’ai de toute façon un autre problème à résoudre avant, à savoir retirer de l’argent.
Cette course en taxi moto m’a pris toutes mes liquidités.

Je demande aux gérants où je pourrais trouver un ATM, et la réponse fut pour le moins évasive et surtout assez flou.
Je crois comprendre qu’un se trouve à quelques kilomètres.

Le temps est frais, humide.
Les nuages blancs au dessus de ma tête, qui tendent vers le gris, n’annoncent rien de bon.
Ainsi avant de partir, la sagesse me fera prendre une veste imperméable que je mettrais dans mon sac à dos.

En commençant ma marche à la recherche d’un ATM, je remarque encore plus que jamais dans quel trou je me trouve. Je croise quelques habitations, mais aucun commerce, aucun shop, aucun restaurant local. Personne le long de la route pour me proposer un tour en scooter, rendez-vous compte !

Les alentours sont pour le moins jolie.
Particulièrement sur ma droite, là où la route longe un grand lac.

Un haut massif vient encadrer ce lac. Pour une fois, les nuages se montrent esthétiques.
En effet, une fine mais dense couche nuageuse vient lécher le sommet de ce massif.

Mais il faut croire que les nuages n’ont pas apprécié tant d’attentions sur eux.
Ainsi, quelques minutes plus tard, un torrent de pluie s’abat sur moi.

Génial.
A travers le bas côté en terre qui est devenu boue, la route va être longue pour atteindre ce fichu distributeur…