La Malaisie est donc un grand point d’interrogation pour moi.
En dégustant mon repas du soir à Pahlawan Walk Market, je me rend compte que leur cuisine est savoureuse. Et comme dans tout restaurant ambulant, affreusement cheap. J’aurais donc l’occasion de la découvrir et d’apprendre qu’elle est très réputée dans toute l’Asie du Sud-Est.

En attendant, après cette parenthèse singapourienne, je reprend mes bonnes habitudes, et je m’acquitte de ma tâche journalière, me procurer de l’eau potable. La plus proche bouteille que je trouverais à la vente se situant…dans une pharmacie.

Je rentre dans ma chambre, histoire de bien recharger mes batteries avant une journée de visite intensive !
Ainsi, le lendemain matin, je file en direction de Jonker street.

Ce nom ne désigne pas une rue mais un petit quartier à part entière.
Je repasse à côté de l’hôtel Casa Del Rio, mais cette fois je continue tout droit.

Je prend alors à gauche pour accéder à la rue Jalan Hang Jebat.
Je suis tout de suite frappé et emporté par l’architecture si unique des bâtiments et leurs couleurs vives, comme j’avais pu en avoir eu un avant-goût dans le quartier malaisien de Singapour. Je me penserais plus à Cuba qu’en Asie !

L’empreinte chinoise est forte dans ce périmètre.
En plus des commerces, je croise aussi de nombreux temples chinois, comme Sam Toh Tong, Xiang Lin Si Temple et Cheng Hoon Teng Temple. Ce dernier est rien de moins que le plus ancien temple de cette confession encore en fonctionnement de Malaisie.

Je les visite avec une grande curiosité. Ces temples bouddhistes/taoïstes étant si nouveaux pour mes yeux. L’architecture, pour le coup très asiatique, ainsi que les détails très travaillés et riches, forcent à l’émerveillement. Je me sens déboussolé, mais dans le bon sens du terme.

Quelques pas plus loin, sur Jalan Tukang Emas, je tombe sur la mosquée Kampung Kling.
Très ancienne, elle aussi vous plonge dans le passé.

Je croise également l’entrée de Jonker street Night Market.
Mais comme son nom l’indique, ce marché est fermé en journée !

Je me ferais accoster ensuite par 3 jeunes malaisiens.
Ces derniers, caméra au poing, veulent promouvoir leur langue et leur pays. Après avoir donné mon accord, ces 3 ados m’apprendront à dire « nama saya Anthony. Saya suka Malaysia » (je m’appel Anthony. J’aime la Malaisie en Malaisien). Je n’aurais qu’à répéter cette phrase face caméra, et eux s’en serviront dans un montage pour montrer que l’apprentissage de cette langue n’est pas si compliqué.

Se déplacer dans ce dédale de petites rues est donc un grand plaisir de découvertes.
En repartant de ce quartier, j’emprunte la rue Jalan Tukang Besi, où une galerie d’art se trouve, The Orangutan House. Ses murs sont décrépis à souhait, mais ils sont aussi le théâtre d’un immense espace de street art qui vient égayer ces murs fatigués.

Un des bâtiments « street arté » donne sur la Melaka River.
Je la traverse donc pour me rapprocher de Dutch Square. Au bord de la rivière, je croise quelques bars, dont un qui a fabriqué un sapin de noël sur sa terrasse à l’aide de guirlandes…et de bouteilles de bières ! Empilées les unes sur les autres.

Pays ainsi bien surprenant.
A majorité musulmane, la société est pour autant assez ouverte.

Il faut dire que la Malaisie a connu un brassage de cultures très conséquent au fil des siècles.
Colonisée tour à tour par les portugais (XIVe siècle), puis les hollandais et enfin les anglais, ce pays garde par endroits une empreinte très européenne, et donc assez unique en Asie du Sud-Est.

Melaka, qui occupait une place stratégique pour les échanges commerciaux les siècles derniers, a donc connu une présence occidentale longue, qui saute aux yeux lorsque vous vous baladez dans le quartier historique.

Ce passé atypique a été remarqué au niveau international, et c’est ainsi que la ville est devenue patrimoine mondiale de l’UNESCO en 2008.

Dutch Square s’établit dans cette droite lignée.
Cette place pavée où prend place des bâtiments rouge ocre, comme l’horloge Tang Beng Swee Clock Tower, avec au centre une fontaine, ne manque pas de charme.

Je retrouve aussi l’église Christ Church Melaka aperçue la veille.

Construite au XVIIIe siècle, elle était originairement blanche, avant l’arrivée des britanniques.
Elle reste encore aujourd’hui la plus ancienne église protestante en activité en Malaisie. Selon l’heure de la journée, les messes y sont célébrées en anglais, mandarin ou malais !

La diaspora chinoise occupe une part non négligeable de la population en Malaisie (25 %).
Cela explique peut-être pourquoi, sur cette place, si photogénique il faut bien l’avouer, des cars remplis de touristes chinois y déposent leur passagers. Ce quartier historique est donc très touristique et connu en Asie, chose assez surprenante, car il y a quelques jours, moi, comme la majorité de mes compatriotes je l’imagine, n’avais aucune idée de son existence !

Le mix de population au sein des touristes est aussi frappant.
Entre la minorité chinoise qui s’habille à l’occidental, et les groupes scolaires malaisiens, nombreux, où toutes les filles portent le voile.

A proximité de Dutch Square, une autre église se cache, St Paul’s Church.
Elle se situe sur une colline, il faut donc grimper un peu !

Cette église n’était qu’une simple chapelle lors de sa construction en 1521.
Elle fut édifiée par un portugais en acte de gratitude pour avoir survécu à une sévère tempête en mer.

Au fil des siècles cette chapelle deviendra église, mais qui n’est aujourd’hui plus que ruines.
Ruines qui font partie du Malacca Muséum Complex.

Les restes de l’enceinte religieuse, très dégradés, ne m’ont pas plus transportés que cela.
C’est en tombant sur des pierres tombales où mon imaginaire a commencé à marcher à plein.

Ces dernières se trouvent aligner les unes aux autres, avec chacune un texte explicatif gravé en portugais ou en latin.
Ornées d’anciens symboles de royautés, de têtes de mort faisant référence à la piraterie et de noms portugais.

Sur une des pierres tombales, je lis qu’elle fut édifiée en l’année…1659
Je suis témoin d’un monde…lointain.

Un monde où les européens partaient explorer le monde à bords de leurs vaisseaux à voiles.
Un monde où la menace des corsaires et des pirates était réelle, et non un spectacle pour enfant à Disneyland.
Un monde de découvertes, d’aventures, de tragédies, de rhum et de danger.

Ces quelques pierres suffisent à me faire rendre plus réel ce passé historique.
Moi, perdu au milieu de l’Asie du Sud-Est, imaginant le parcours fou de ces marins pour venir finir leur vie au bout du monde.

Il était aussi intéressant d’observer les groupes scolaires de jeunes malaisiens face à ces vestiges.
Un étonnement doublé d’une incompréhension envers ces décombres si anciens présents sur leur sol mais pour autant si étrangers de leur culture et civilisation.

Dans ce quartier, la liste des vestiges en ruines est longue.
J’irais ainsi visiter également les restes d’A Famosa, une ancienne forteresse portugaise dont seule la porte Porta de Santiago tient toujours. Ainsi que le bastion Middleburg, avec ses canons d’époque encore en place, que j’avais déjà aperçu de nuit la veille.

Pour finir la journée, je décide de me rapprocher de Melaka River pour longer ses quais.
En chemin, au milieu d’une rue, je croise un grillage où est accroché une dizaine de drapeaux malaisien. Ce drapeau que je ne connaissais pas 24h plus tôt, le voici placardé, avec fierté, par sa population.

Cette ferveur résonne dans ma tête.
Elle me fait plaisir à voir. Je ne suis là que depuis une journée, mais je commence déjà à être enchanté par ce pays. Loin de mes premières heures de la veille, en sortant du bus, où alors je voyais tout en gris, je découvre au contraire un pays riche de culture, riche d’histoire et une population somme toute bienveillante.

Ainsi, la légère rechute de mon choc culturel s’est éloignée aussi vite qu’elle est réapparue.
Toutes ces découvertes m’émerveillent, et ce pays, qui a beau être en voie de développement, est bien plus développé que Bali. On ne me saute pas dessus toutes les 10 secondes pour m’offrir un service comme sur l’île indonésienne par exemple. Je peux ainsi tranquillement prendre mes marques et apprécier les petites rues de Melaka, qui n’ont rien de coupe-gorges.

Melaka River est longé de petits bâtiments anciens, dégradés mais colorés, donnant au lieu un côté pittoresque.
De nombreux bars et restaurants occupent désormais les bords de la rivière.

Des péniches parcourent ses eaux, proposant un tour aux touristes.
Donnant un petit air de Seine à cet endroit.

Je me trouve désormais en plein Morten Village (Kampung Morten en malaisien).
Ce « village » traditionnel malais s’étend sur le bord ouest de Melaka River.

Me trouvant sur le bord opposé, j’emprunte un pont pour m’y rendre, mais je me rend vite compte que mes jambes ne me suivent plus.

Je me limiterais ainsi à un rapide tour du coin.
Le temps néanmoins d’admirer la Villa Sentosa, une maison en bois traditionnelle construite en 1920, dont le style architecturale, magnifique, fait étrangement penser à un style colonial.

Une autre retiendra mon attention, patriotique jusqu’au bout des ongles, à l’américaine !
Avec sa toiture peinte aux couleurs du drapeau malaisien.

Je me rentre ensuite dans ma chambre, exténué, avec les jambes lourdes mais des images plein la tête.
La chaleur est toujours d’une lourdeur inimaginable, mais ça ne m’empêche pas de sortir.

Je m’octrois une bonne douche ainsi qu’un peu de repos, tout en réservant une chambre airbnb sur Kuala Lumpur pour demain soir.

Et oui je quitte déjà Melaka !
Je n’avais réservé que 2 nuits, avec qu’une seule journée de visite au final.

Pour être tranquille, 2 jours pleins suffisent pour découvrir cette petite ville.
On peut même pousser à 3 pour encore un peu plus de farniente.

Je ne savais pas que Melaka avait autant de charme, j’avais donc juste prévu un rapide stop.
Mais je ne regrette pas trop ce cours séjour. J’aurais évidemment bien aimé rester une journée de plus, mais j’ai déjà réussi à bien quadriller cette ville en une journée et ainsi de m’en être bien imprégné.

De plus, mon temps et mon budget pour ce tour en Asie ne sont pas illimités, je me dois donc de butiner comme une abeille tout ce que je trouve sur mon chemin, sans trop m’y attarder. Ce qui peut se montrer frustrant par moments. Mais pour Melaka, j’ai plutôt le sentiment du devoir accompli.

En début de soirée, après cette journée d’acclimatation, je me sens d’affronter les regards intrigués des locaux pour aller manger au street food au coin de ma rue, Jonker Street Hawker Centre. Plusieurs cuisiniers ont leur petites installations, à vous de faire un tour et de voir ce qui pourrais vous tenter. Une fois choisi, vous pouvez vous installer sur une table, où une autre équipe s’affaire à s’occuper de vous, la team boisson. Vu le prix dérisoire, je me laisserais tenter par un Ice Tea, qui par chance, se trouve aussi sucré que ceux que je prenais à Bali. Bonheur, bliss, choisissez selon votre langue maternelle !

Avant de rentrer dans ma chambre, je procède à une courte marche pour profiter de cette ville de nuit une dernière fois. Passer sur Red Square, profiter de l’ambiance différente et s’amuser des pièges à touristes. Comme ces quelques vélos / calèches présents sur la place, illuminés comme des sapins de noël, attendants le client. Longer encore Melaka River et constater que la promenade est encore plus belle de nuit. Les terrasses pleines, les lumières envoutantes, sans oublier le va-et-vient des péniches.

La nuit est moite, mais la nuit est douce, la nuit est simple.

Ainsi s’achève mon séjour à Melaka.
Ville surprenante à plus d’un titre, que j’ai eu grand plaisir à découvrir.

Demain, direction la capitale, la grande ville, Kuala Lumpur !